L’échec commercial de La Chambre Verte (78) met en danger Les Films du Carrosse, la société de production de Truffaut. Par réflexe, le cinéaste resort de son placard Antoine Doinel, son personnage emblématique mais qui lui garanti aussi une certaine popularité. L’amour en fuite n’est pas un film auquel Truffaut tient particulièrement à coeur mais le tourner quand même représente une solution de facilité pour renflouer les caisses de sa société. Le film connaîtra d’ailleurs un joli succès publique.
On avait quitté Antoine et Christine de nouveau réunis après une première séparation, conséquence de l’adultère commis par Antoine (Cf. Domicile Conjugal). Dès les premières images de L’Amour en fuite, on comprend que la rupture est désormais entérinée. Antoine et Christine resteront bons amis mais leur amour à vécu.
L’Amour en fuite ne nous raconte pas grand chose de neuf concernant Antoine, sinon qu’il est toujours aussi romantique et cavalier. Nous découvrons deux nouvelles femmes dans sa vie : sa nouvelle compagne jouée par Dorothée (oui oui, l’ex célèbre animatrice) et une ancienne maîtresse, incarnée elle par Dani. L’Amour en fuite est le prétexte à un récapitulatif de la vie d’Antoine et est construit autour d’incessants flash-back nous ramenant vers les précédents films du cycle Doinel. Des scènes entières de chacun de ces films sont réintégrées pour une sorte de bilan de la vie sentimentale d’Antoine.
Le personnage revisite quelques unes des femmes de sa vie. Le divorce par consentement mutuel est acté et sert de prétexte à des retrouvailles avec Colette (Cf. Antoine et Colette), devenue avocate. Les deux se raconteront leurs vies dans une séquence lourdement symbolique puisqu’ils se trouvent dans un train qui les éloigne de Paris. Antoine retrouve aussi l’ancien amant de sa mère, celui-là même qu’il avait surpris enfant alors qu’il faisait l’école buissonnière dans Les Quatre Cents Coups. Conséquence de cette rencontre, Antoine ira se recueillir sur la tombe de sa mère dont nous apprenons subitement qu’elle est cette fois bien morte (cf, la séquence des Quatre Cents Coups ou Antoine annonce la mort de sa maman pour échapper à la colère de son maître d’école).
L’Amour en fuite est un film clairement nostalgique et qui clôt de façon définitive le cycle Doinel. Truffaut n’imaginait pas réaliser ce film un jour, qui n’existe donc que par nécessité économique. Ce n’est donc pas un hasard si le film paraît bâclé et même un peu maladroit. Probablement Truffaut avait déjà l’esprit tourné vers de nouveaux projets, autrement ambitieux. Immédiatement après L’Amour en fuite, Truffaut réalisera Le Dernier Métro, film qui restera comme la plus grosse production portée par Les Films du Carrosse, et qui sera plébiscité à la fois par le public et par la profession (dix Césars dont tous les principaux, en 81).
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