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Quatorze siècles d'exégèse coranique pour nous aider à comprendre le jihad
« Le jihad, le saint combat, pour la cause d'Allah avec des effectifs complets et de l'armement jouit d'un statut de la plus haute importance dans l'islam ; il en constitue l'un des piliers. C'est par le jihad que l'islam est établi, que la parole d'Allah est amenée à dominer (…) et que sa religion est propagée. »
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Dans l'article L'islam et le recours à la coercition, j'ai discuté des versets du Coran qu'invoquent les islamistes contemporains pour justifier le jihad qu'ils mènent aux quatre coins du monde. Un participant au forum de l'article a réagi en faisant valoir que mes conclusions sur la nature conquérante de l'islam étaient injustifiées. Il soutient que les versets du jihad n'auraient été proclamés que pour encourager les musulmans à repousser les attaques dont ils auraient été victimes durant les premières années de l'islam. Le correspondant établit donc une adéquation implicite entre le jihad et l'autodéfense. Avant de discuter des conclusions des exégètes de l'islam sur plusieurs batailles historiques livrées par Muhammad et ses successeurs qui sont aux antipodes de celles de ce correspondant, j'ai choisi de vous présenter des extraits de l'exégèse coranique de toutes les époques qui invalident cette idée que jihad soit synonyme d'autodéfense.
Le jihad selon six des maîtres à penser du Minaret Freedom Institute
Un autre participant au forum de Contrepoints suggéra aux lecteurs de consulter le site du Minaret Freedom Institute (MFI), une organisation américaine qu'il décrivit comme musulmane et libérale. J'ignorais l'existence de cette organisation. C'était bien la moindre des choses que de prendre connaissance de leurs positions. Comme tant d'autres, le président du MFI Imad A. Ahmad reprend la thèse que « le jihad ne vise pas à convertir par la force mais à défendre ceux qui sont persécutés à cause de leur religion ». À son tour, il cite le verset 2:256 pour appuyer son propos. Vous pouvez consulter sa lettre soumise au magazine Newsweek à cet effet.
Le verset 2:256 est celui qui proclame qu'il n'y a pas de contrainte en religion. Évidemment, ceux qui citent 2:256 pour démontrer la tolérance de l'islam ne mentionnent jamais que le verset suivant (2:257) promet le Feu de l'enfer aux non-musulmans. Ils ne mentionnent également jamais la peine de mort prévue par l'islam pour ceux qui abandonnent la religion. J'ai eu l'occasion d'énumérer dans mon article précédent toute une série de supplices que d'autres versets réservent aux mécréants.
Comme en témoignent plusieurs articles disponibles sur le site du MFI, quand son président Imad A. Ahmad discute d'économie, de science ou d'autres sujets, il n'hésite pas à invoquer les positions des autorités de l'islam du passé pour supporter les siennes. Cependant, dans les documents du site où il discute de sa version d'un jihad exclusivement défensif, pas la moindre citation d'exégète musulman reconnu. Quatorze siècles se sont pourtant écoulés depuis la proclamation du Coran (610-632), quatorze siècles durant lesquels les exégètes musulmans nombreux et prolifiques ont discuté de toutes les facettes de la religion. Si le jihad équivaut à l'autodéfense, pourquoi ne pas nous présenter les textes qui accréditent cette facette de la jurisprudence islamique ?
Devant le peu d'empressement manifesté par le MFI, je résolus d'identifier les autorités de l'islam que le MFI avait cautionnées en abordant d'autres sujets que le jihad dans ses activités passées. Dans un second temps, j'entrepris de rechercher des documents sur le jihad écrits par chacune d'entre elles. Après tout, si le point de vue de ces autorités est digne de mention quand il s'agit d'économie ou de science, pourquoi en serait-il autrement quand il s'agit du jihad ? J'ai ainsi pu retrouver des commentaires sur le jihad produits par six des autorités de l'islam cautionnées par le MFI. Loin d'accréditer la thèse d'un jihad de nature défensive, chacun de ces commentaires endosse l'idée que l'agression des non-musulmans est légitime pour assurer la prévalence de la religion. Dans ce qui suit, vous retrouverez une brève description du contexte dans lequel le MFI cautionna chacune des six autorités citées suivie d'un commentaire de chacune d'entre elles sur le jihad :
Habib Al-Mawardi (972 – 1058)
Lors d'une conférence qu'il prononça en Malaisie et qu'il intitula Une perspective islamique sur la richesse des nations, le président du MFI chercha à démontrer que la méthode retenue pour distribuer les terres conquises aux dépens des non-musulmans durant le califat d'Omar (634 – 644) avait été conforme aux règles de la charia. Pour prouver son point, Imad. A. Ahmad invoqua l'expertise du juriste musulman Al-Mawardi. Les conquêtes d'Omar qualifiées d'"éblouissantes" par Imad A. Ahmad comprenaient la Mésopotamie, une partie de la Perse, l'Égypte, la Palestine, l'Afrique du Nord et l'Arménie. Wikipédia présente une carte géographique illustrant les conquêtes militaires "défensives" et "éblouissantes" survenues durant les onze, les quarante et les cent vingt-neuf premières années de l'islam.
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Abou Hamid Al-Ghazali (1058 – 1111)
Dans la préface de la seconde édition de son livre Signs in the Heaven publié en 2006 et subventionné par la Fondation Templeton, Imad A. Ahmad discute de la relation entre la religion et la science dans une perspective islamique. Il crédite Abou Hamid Al-Ghazali pour avoir « réconcilié l'islam orthodoxe et le soufisme et avoir, le premier, réussit à élaborer une théorie vraiment moderne de la connaissance dans laquelle prévaut un juste équilibre entre la raison, l'expérience et l'autorité ».
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Ibn Khaldoun (1332 – 1406)
En 1995, le président du MFI prononça une conférence qui portait sur L'islam et les précurseurs médiévaux de l'École autrichienne d'économie. À cette occasion, il présenta l'historien, le philosophe et l'homme politique musulman et arabe Ibn Khaldoun comme « le premier intellectuel qui adopta une attitude véritablement scientifique dans l'étude de l'histoire et de l'économie ». Imad A. Ahmad salua tout particulièrement Les prolégomènes (Al-Muqaddima) d'Ibn Khaldoun, une œuvre de nature encyclopédique sur l'histoire universelle.
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Ibn Taymiyya (1263 – 1328)
Durant sa conférence de 1995 consacrée aux précurseurs musulmans de l'École autrichienne, Imad A. Ahmad présenta Ibn Taymiyya comme « le plus illustre prédécesseur d'Ibn Khaldoun ». Ahmad distingua l'approche économique d'Ibn Khaldoun de celle d'Ibn Taymiyya qu'il décrivit comme juridique et moraliste.
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Rouhollah Khomeini (1902 – 1989)
En janvier 2008, dans ses réponses à un représentant de l'agence de presse iranienne Farspress, le président du MFI endossa complètement le rôle de l'ayatollah Khomeini durant la révolution islamique iranienne de 1979. Il affirma que « la révolution iranienne a servi d'inspiration aux musulmans du monde entier ». Il ajouta que « le charisme personnel (de l'ayatollah), sa puissante élocution, ses références à l'islam, son intelligence, son lien avec les masses et son flair politique » avaient tous été des facteurs clés dans le déclenchement de la révolution iranienne.
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Les Frères musulmans (fondés en 1928)
Lorsqu'il répondit à des questions portant sur la situation de la femme, le président du MFI indiqua que Zaynab al-Ghazali (1917 – 2005) représentait le mieux les positions de l'islam contemporain sur le sujet. Imad A. Ahmad l'identifia comme une dirigeante de la section féminine de l'organisation des Frères musulmans fondée par Hassan El-Banna (1906 – 1949). Lors de son souper annuel de mai 2008, le MFI cautionna à nouveau l'organisation islamiste en invitant Esam Omeish à présenter leurs positions aux participants. Dans une lettre soumise au Washington Post en 2004, ce dernier avait confirmé son appui à « l'école de pensée modérée » des Frères musulmans.
Dans son texte Le jihad notre voie, le fondateur des Frères Hassan El-Banna passe en revue les versets du Coran, les hadiths et les commentaires de nombreux exégètes musulmans sur le jihad. Le titre du texte provient de la devise de l'organisation : « Allah est notre but, le Coran notre constitution, le Prophète notre chef, le Jihad notre voie et le martyre au nom d'Allah le plus cher de nos vœux ».
Selon la biographie de Zaynab al-Ghazali disponible sur le site islamiste jannah.org, cette dernière accorda une importance particulière à approfondir Ma'alim fi al-Tariq, du théoricien des Frères musulmans Sayyid Qutb (1906 – 1966). Publié en 1964, l'ouvrage est disponible en anglais sous le titre Milestones et son chapitre 4 intitulé Le jihad au nom d'Allah constitue un long plaidoyer en faveur du jihad offensif.
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Le terme « orientaliste » utilisé par Qutb réfère aux intellectuels occidentaux qui, particulièrement à partir du dix-neuvième siècle, se sont spécialisés dans l'étude des civilisations moyen-orientales.
Vingt ans après cette prise de position de Sayyid Qutb, le multiculturalisme et la rectitude politique s'étaient imposés dans les sciences humaines en Occident et bon nombre d'orientalistes et d'islamologues avaient adapté leurs analyses au goût du jour en décrivant l'islam comme une religion de paix et le jihad comme étant défensif par nature.
Dans l'introduction à l'ouvrage qu'il consacra à reproduire et à commenter le manifeste des islamistes qui assassinèrent Anouar Sadate en 1981 (The Neglected Duty, London, Collier Macmillan Publishers, 1986), Johannes J.G. Jansen écrivit des orientalistes et des islamologues occidentaux qu'ils se comportent fréquemment comme des avocats de la défense à l'égard de l'islam en passant sous silence ce qui risque d'être considéré rébarbatif par leur auditoire occidental. En soutenant que l'objectif du jihad n'est plus la subjugation des non-musulmans mais l'autodéfense, plusieurs de ces experts accrédités ont éliminé un « irritant » et rendu leur sujet d'étude plus attrayant pour le grand public. Essentiellement, ils disent à ce public ce qu'il souhaite entendre. À quoi bon se faire accuser de jouer les Cassandre grecques quand les recherches subventionnées et les voyages d'étude à l'étranger récompensent ceux qui ont choisi de regarder dans l'autre direction ? Toute cette complaisance n'est pas sans rappeler celle encore récente manifestée par des journalistes et des soviétologues occidentaux par rapport à leur propre sujet d'étude.
Depuis que Jansen a écrit sa remarque, un autre phénomène s'est développé. Déterminés à émousser la vigilance des occidentaux, des pays musulmans avec l'Arabie saoudite en tête inondent de pétrodollars des chercheurs universitaires spécialisés dans l'étude de l'islam afin qu'ils en présentent une image rassurante. C'est dans ce contexte que plusieurs islamologues accréditent aujourd'hui la fiction du jihad exclusivement défensif.
Voici comment Ibn Warraq, le célèbre dissident de l'islam commente la situation :
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Le jihad défensif et le jihad offensif
Dans ses Prolégomènes, Ibn Khaldoun n'aura eu besoin que de deux petites lignes pour invalider la thèse du jihad exclusivement défensif. Voyez comment il définissait le programme islamique de ceux qui seraient appelés à succéder à Muhammad :
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Défendre l'empire —> Jihad défensif.
Conquérir des royaumes —> Jihad offensif.
Dans son essai Le jihad notre voie, Hassan El-Banna cita les exégètes suivants pour expliquer ce qui distingue le jihad défensif du jihad offensif :
Imam Malik ibn Anas (711 ? – 795)
Imam Ahmad ibn Hanbal (780 – 855)
Ibn Hazm (994 – 1064)
Ibn Qudamah (1147– 1223)
Imam Nawawi (1234 – 1278)
Muhammad al-Shawkani (1759 –1834)
Les conclusions qu'El-Banna tire de la jurisprudence islamique sont les suivantes : quand le jihad est mené à des fins défensives, il s'agit d'une obligation individuelle (fard 'ayn) comme la prière et le jeûne qui incombe à chaque membre de la communauté attaquée ainsi qu'aux habitants des alentours si c'est nécessaire. Le jihad défensif est obligatoire pour les femmes même si elles n'ont pas obtenu la permission de leur mari. Quand le jihad est mené dans des territoires non-musulmans, à des fins offensives et expansionnistes, il s'agit d'un devoir imposé à la communauté dans son ensemble. Ce devoir collectif est rempli lorsqu'un nombre suffisant de membres de la communauté se portent volontaires et passent à l'attaque. Les parents ont le droit d'empêcher leur enfant de participer au jihad seulement s'il est "fard kifayah" (jihad offensif).
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L'existence même d'une doctrine millénaire distinguant les obligations qui incombent aux musulmans en cas d'attaque et de défense invalide à elle seule l'adéquation entre jihad et autodéfense.
Le jihad jusqu'à la fin des temps
Il y a une trentaine d'années, un dénommé Syed Badrus Salam d'Arabie saoudite contacta un expert en fiqh (jurisprudence islamique) du Pakistan afin d'obtenir des éclaircissements sur la théorie du jihad. Dans sa missive, Syed résuma ce que ses lectures antérieures l'avaient amené à comprendre du jihad et de l'applicabilité du concept à notre époque. Il exprimait en outre l'espoir que son interlocuteur expert réagisse à la synthèse qu'il lui proposait. L'expert contacté se dénomme Muhammad Taqi Usmani et il accepta de répondre à l'analyse de son correspondant.
L'échange de lettres sur le jihad est reproduit au chapitre 11 d'un livre intitulé L'islam et la modernité qui fut écrit par Usmani lui-même et publié en anglais en 2002. Le chapitre 11 s'intitule Le jihad agressif et le jihad défensif. Le texte est écrit par un musulman, pour un musulman. Il va droit au but. On nous a épargné l'angélisme et les demi-vérités.
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Ce qui donne un poids particulier à la réponse de Muhammad Usmani, c'est que depuis plusieurs années ce dernier œuvre à l'Académie islamique du fiqh qui relève directement de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). L'OCI regroupe les 57 pays musulmans du monde. Elle fit récemment parler d'elle en faisant adopter par les Nations Unies la résolution 62/154 qui interdit la critique de la religion. Depuis plusieurs années, l'OCI cherche à amener les pays membres de l'ONU à proclamer des lois qui imposeraient des peines à ceux de leurs citoyens qui s'objectent à un aspect ou à l'autre de l'islam. Voici qu'au nom des droits de l'homme, on ne cherche plus à protéger les hommes mais des idées.
Le 5 août 1990 l'OCI adoptait au Caire une Déclaration des droits de l'homme en islam fondée sur la charia. Plusieurs clauses de la Déclaration sont incompatibles avec la liberté de conscience. L'article 10, notamment, stipule qu'on ne peut exploiter l'ignorance d'une personne pour la forcer à renoncer à sa religion. Qui aura à décider si l'apostat abandonna l'islam en pleine connaissance de cause, de son plein gré ou non ? Le tribunal islamique évidemment. Existe-t-il une seule décision rendue par un tribunal islamique appliquant la charia qui reconnaisse qu'un musulman puisse abandonner sa religion alors que le Coran et les hadiths prévoient la peine de mort pour l'apostasie ? Poser la question c'est y répondre. L'article 22 stipule quant à lui que « Tout homme a le droit d'exprimer librement son opinion pourvu qu'elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria (sic) ». On n'a qu'à se rappeler la fatwa ordonnant l'assassinat de Salman Rushdie, les attentats subséquents contre ses traducteurs et ses éditeurs ainsi que les émeutes récentes qui entourèrent la publication des caricatures de Muhammad pour réaliser les limitations de cette formule.
Avant d'occuper ses présentes fonctions à l'OCI, Muhammad Usmani fut juge à la Cour fédérale de la charia du Pakistan (1980-1982) et puis juge expert en droit islamique à la Cour Suprême de ce pays (1982-2002). Les antécédents académiques et professionnels d'Usmani, l'importance de ses présentes fonctions et les nombreux honneurs qu'il a reçus de la part de plusieurs chefs d'états témoignent de son statut dans le monde musulman contemporain. Ses positions jouissent d'une autorité et d'un prestige certains. Quand il s'exprime sur le jihad et sur le sort que l'islam réserve aux mécréants, ceux-ci auraient intérêt à porter attention.
Dans sa réponse, Usmani commence par résumer la thèse de son correspondant de la façon suivante :
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Pour évaluer la conformité de cette proposition avec les préceptes de l'islam, Usmani cite le verset 9:29. Ce sera son critère de référence :
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Après avoir comparé les deux énoncés, Usmani rend son verdict :
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Pour en finir avec la thèse de son correspondant, Usmani cita son propre père, Mufti Muhammad Shafi qui était également un expert reconnu en jurisprudence islamique :
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Après avoir conversé avec Muhammad Usmani qu'il décrivit comme poli et versé dans les questions de politique internationale, le journaliste Andrew Norfolk du Times de Londres tira les conclusions suivantes de son entretien :
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Pour que la thèse sur la nature exclusivement défensive du jihad soit plausible, il faudrait que le Coran, les hadiths et l'exégèse présentent le jihad comme une activité ponctuelle devant cesser lorsqu'une condition particulière liée à la sécurité des musulmans est remplie. Or, le jihad est sans échéance. Aucun niveau de sécurité ne pourra jamais convaincre les islamistes de l'abandonner. Seul un manque de ressources humaines et matérielles pour mener le jihad peut justifier de l'interrompre temporairement, soutient l'expert de l'OCI :
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Cette position est conforme en tous points au verset 47:35 qui interdit aux musulmans de conclure des accords de paix quand ils sont en position de force. Dans une telle situation, il faut achever les mécréants :
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Le 13 octobre 2007, cent trente-huit leaders musulmans du monde dont Muhammad Usmani et plusieurs autres supporteurs avérés du jihad offensif adressaient une lettre ouverte au pape Benoît XVI et à d'autres leaders chrétiens pour exprimer leur désir de vivre dans un climat « de paix sincère, d'harmonie et de bonne volonté mutuelle ». Toute cette mascarade n'était évidemment rien d'autre qu'une application de la formule du prophète de l'islam consignée par Boukhari (4.52.269) selon laquelle on mène la guerre par la déception et la tromperie.
Les différentes étapes menant à la subjugation des non-musulmans
Pour réfuter mes propos sur le jihad offensif fondés sur les versets coercitifs 9:5 et le 9:29, un participant au forum de Contrepoints tenta de prouver que le jihad était de nature exclusivement défensive en citant le 22:39, un verset défensif chronologiquement antérieur aux deux autres. Ce faisant, il ignora le principe de l'abrogation en vertu duquel les versets les plus récents du Coran ont préséance sur les plus anciens et il confondit les différentes étapes suivies par Muhammad dans le traitement qu'il accorda aux non-musulmans.
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L'exégèse coranique identifie quatre étapes distinctes suivies par Muhammad dans son traitement des non-musulmans. Le juriste et théologien Ibn Qayyim (1292 – 1350) les énuméra dans un texte intitulé « Le traitement des mécréants et des hypocrites par le Prophète depuis le début de ses activités de Messager jusqu'à sa mort ».
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On peut donc résumer ainsi les quatre niveaux de traitement des non-musulmans pratiqués par Muhammad :
1. Patience
2. Permission de se défendre
3. Obligation de se défendre – Interdiction d'attaquer
4. Obligation d'attaquer
Les versets considérés tolérants des premières étapes annoncent souvent le jihad offensif à venir. Dans son célèbre Tafsir (commentaire coranique), Ibn Kathir (1301 – 1373) mentionne entre autres que les versets 43:86-89 considérés tolérants n'en contenaient pas moins des menaces à l'égard des non-musulmans qui furent mises à exécution une fois que Muhammad eût assemblé les ressources nécessaires pour ce faire.
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Les remarques d'Ibn Kathir font ressortir trois points importants :
1. L'islam des premières années fut tolérant uniquement parce qu'il n'avait pas les ressources humaines et matérielles pour passer immédiatement à l'attaque ;
2. Puisque la lettre même des versets considérés tolérants annonce les mesures coercitives à venir, il s'agit bien là d'une preuve que les versets dits tolérants étaient temporaires ;
3. Les versets appartenant à la dernière catégorie, notamment le 9:5 (verset de l'épée) et le 9:29 ont abrogé tout appel à la tolérance qu'auraient pu contenir les versets appartenant aux trois premières catégories.
Voilà autant d'éléments qui invalident encore un peu plus l'adéquation entre jihad et autodéfense.
Jihad offensif : suivre l'exemple du prophète
Contrairement au correspondant du forum de Contrepoints, les exégètes de l'islam n'ont jamais prétendu que toutes les batailles livrées au nom de l'islam avaient été défensives. Bien au contraire. Au cours des siècles, ils ont fréquemment référé à des batailles passées pour les présenter comme des modèles de jihad offensif dont les musulmans devraient s'inspirer. De nos jours, les islamistes continuent de citer les offensives menées par Muhammad lui-même quand ils désirent démontrer la conformité du jihad offensif avec les principes de l'islam.
Le 21 mai 2008, le Pakistan Daily publia un long article intitulé « Clarifier le sens du jihad ». Après avoir été retiré du site internet du journal, l'article demeure disponible sur le site de Jihadwatch.org. Une section de l'article s'attarde précisément aux offensives menées par Muhammad :
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« (…) Quand il se rendit à Badr pour saisir la caravane appartenant aux Quraych, il y alla pour se battre. C'est offensif puisque Muhammad (Salalahu Alaihi Wasallam) initia l'action contre les Quraych. »
« Quand Muhammad (Salalahu Alaihi Wasallam) envahit Hawazin durant la bataille de Hunayn, quand il (Salalahu Alaihi Wasallam) assiégea Ta'if, quand il mena la bataille de Mutah pour y affronter les Romains et la bataille de Tabuk – voilà autant de preuves que le jihad consiste à lancer l'offensive contre les kafirs. Ceci devrait clarifier cette idée erronée qu'à l'origine le jihad était défensif. »
La bataille de Badr (624)
Sayyid Qutb des Frères musulmans invoqua également Badr pour justifier le jihad offensif :
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Ibn Ishaq (704 – 767), le premier biographe de Muhammad, relate les événements : ayant appris qu'une caravane transportant une importante quantité de marchandises et d'argent arrivait en provenance de Syrie, Muhammad convoqua ses supporteurs pour les inciter à l'attaquer : « C'est la caravane des Quraych contenant leurs propriétés. Allez et attaquez-la et peut-être Allah nous la donnera-t-il en proie. » L'affrontement eut lieu et les musulmans en ressortirent vainqueurs.
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L'attaque de Khaybar (629)
Après que les musulmans eurent pris le contrôle de Médine, plusieurs juifs se réfugièrent autour de l'oasis de Khaybar situé à 150 kilomètres de leur ancienne ville. Il était tellement clair aux yeux des musulmans eux-mêmes qu'ils n'étaient pas sous attaque que les hadiths racontent qu'avant de mener la charge contre Khaybar, Ali, le gendre de Muhammad cru nécessaire de s'enquérir auprès de ce dernier des motifs pour lesquels il s'apprêtait à attaquer ses habitants.
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Ibn Ishaq (p. 511) fait le récit suivant des événements :
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Dans son discours de Malaisie auquel j'ai déjà référé et qui était en partie consacré aux méthodes de taxation acceptables dans l'islam, Imad A. Ahmad du Minaret Freedom Institute révéla qu'après avoir été dépouillés de leurs terres, les juifs de Khaybar qui survécurent durent également remettre la moitié de leurs récoltes pour être autorisés à rester sur place.
Au bout de quelques années, le prophète de l'islam statua que les non-musulmans de Khaybar et du reste de la péninsule arabique devaient être expulsés :
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Et ce qui fut dit fut fait.
L'expédition à Tabuk (630)
Le juriste Ibn Taymiyya (1263 – 1328) donna en exemple le raid de Tabuk quand il voulut préciser ce qu'était un jihad offensif :
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À l'arrivée des troupes musulmanes à Tabuk, aucune force militaire hostile n'était présente. Ibn Ishaq (p. 607) mentionne que Muhammad prit rapidement le contrôle de la région, imposa la jizya à ses habitants et notamment au gouverneur et repartit vers Médine dix jours plus tard.
Dans son commentaire coranique, Ibn Kathir rappelle que c'est lors de la bataille de Tabuk que les versets 9:38 et 9:49 furent proclamés à l'intention des "hypocrites" qui préfèrent vivre leur vie plutôt que de mener le jihad.
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Les ultimatums de Muhammad
Dans Le devoir négligé, les assassins d'Anouar Sadate consacrèrent une section de leur manifeste à réfuter ceux qui prétendent que le jihad islamique est exclusivement défensif. Pour soutenir leur position, ils rappelèrent que Muhammad fit parvenir des ultimatums à plusieurs dirigeants politiques et religieux sans avoir été attaqué par eux. Les termes de ces invitations étaient clairs : les destinataires devaient joindre l'islam à défaut de quoi ce serait la jizya ou la guerre. Parmi les dirigeants ciblés par ces menaces, on compte l'empereur byzantin Héraclius, l'empereur perse Khosrau, des rois de régions situées dans l'Arabie saoudite actuelle, le roi d'Oman, un dirigeant de Bahrein, l'évêque de Najran sur la péninsule arabique, etc. L'extrait suivant est tiré d'une lettre adressée à l'évêque de Najran :
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Dans son recueil d'hadiths, Boukhari (4.52.191) reproduit l'ultimatum envoyé à Héraclius.
Dans sa biographie de Muhammad, Ibn Ishaq (p. 645) rapporte les menaces auxquelles la tribu Banu al-Harith finit par céder :
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Les preuves abondent. Le prophète de l'islam recourut fréquemment à la coercition pour imposer l'hégémonie de sa religion. Il montra la voie. Les exégètes ne tentent nullement de dissimuler cet aspect de leur religion. Au fil des siècles, nombreux furent ses émules.
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Après que le président du Minaret Freedom Institute eût attiré mon attention sur les Prolégomènes d'Ibn Khaldoun, j'ai consulté l'ouvrage et y ai retrouvé plusieurs exemples de jihad offensif. Je vous les soumets. Chacun d'entre eux constitue un argument supplémentaire pour invalider la théorie du jihad exclusivement défensif à laquelle les apologistes de l'islam n'ont cesse de recourir quand ils s'adressent à des non-musulmans.
Les califats d'Abou Bakr et d'Omar : la guerre aux apostats et la subjugation des peuples
Ibn Khaldoun résuma ainsi le califat des deux premiers successeurs de Muhammad :
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La bataille d'al-Qadisiyya (636)
La bataille d'al-Qadisiyya menée par les troupes du calife Omar fut déterminante dans la conquête de la Perse (Iran). Quand il voulut contredire son correspondant qui soutenait qu'il était illégitime de mener le jihad contre des pays autorisant les musulmans à prêcher leur religion en toute liberté, Muhammad Usmani de l'OCI référa à cette bataille vieille de quatorze siècles pour lui prouver le contraire :
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Le but poursuivi par les musulmans auquel fait allusion Usmani avait été exposé par des émissaires du calife Omar après que le général perse Rostam se fut enquis auprès d'eux du motif de leur agression.
Dans son texte Le jihad au nom d'Allah, Sayyid Qutb référa à la même bataille et la même déclaration des émissaires musulmans comme preuve de la validité du concept de jihad offensif. Il ajouta à la déclaration des émissaires que la volonté des hommes de combler leurs propres désirs constitue également une forme de servitude humaine à laquelle l'islam doit s'attaquer.
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Le califat d'Uthman (644 – 656)
Ibn Khaldoun consacra une section de ses Prolégomènes à dresser une imposante liste de biens saisis durant les guerres de conquêtes d'Uthman, le gendre de Muhammad et le troisième calife de l'islam. Il conclut par le commentaire suivant :
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La Sicile envahie (827)
La Sicile fut envahie à de nombreuses reprises par les musulmans du nord de l'Afrique avant de devenir un état islamique en bonne et due forme de 965 à 1072. Dans l'extrait suivant, Ibn Khaldoun raconte les préparatifs d'une de ces invasions menée durant le règne de l'émir d'Ifrîkiya, Zîadet Allah Ier (817 – 838). L'Ifrîkiya comprenait l'essentiel de la Tunisie actuelle, le nord-est de l'Algérie et une partie de la Libye.
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Le sac de Rome (846)
Quelques années plus tard, remontant la côte italienne jusqu'à l'embouchure du fleuve Tibre, des équipages musulmans se dirigèrent vers la ville de Rome et la saccagèrent. Avant de quitter, ils pillèrent tout l'or et l'argent qui ornait l'intérieur de la Basilique Saint-Pierre. Muhammad Usmani de l'OCI évoqua cet exemple pour prouver que le jihad offensif est totalement conforme à la doctrine islamique.
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Le jihad estival en Grèce
Les stratèges militaires musulmans étaient conscients du danger de disséminer leurs troupes sur des territoires trop vastes. Pour maintenir un flot constant de butin en provenance des territoires infidèles, il était fréquent que les musulmans fassent des incursions rapides sur des territoires non pour y imposer leur contrôle mais uniquement pour les piller. Ce fut l'objet de l'offensive sur Rome. Ce sera également ce qui motiva les musulmans à organiser des razzias répétées en Grèce avant qu'ils y imposent finalement leur autorité durant quatre siècles (1453 – 1830). Ibn Khaldoun rappela ces agressions estivales :
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Les invasions ottomanes en Grèce commencèrent vers 1325.
Un jihad offensif en Asie centrale
Dans ses descriptions des us et coutumes des peuples du monde, Ibn Khaldoun mentionne un autre exemple de jihad offensif. Bien que les événements soient non datés, le contexte laisse croire qu'ils se déroulèrent lorsque l'auteur travaillait à ses Prolégomènes (1377) :
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Le Djeïhoun est un fleuve qui se jette dans la mer d'Aral bordée par le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Il est généralement identifié en français comme l'Amou-Daria.
Les guerres barbaresques (1801 – 1805) et (1815)
Depuis le XIe siècle, des pirates supportés par les autorités d'Afrique du Nord attaquaient les bateaux qui traversaient le détroit de Gibraltar pour les piller et réduire leur personnel en esclavage. Des milliers de bateaux furent ainsi capturés et des dizaines de milliers d'Européens furent vendus à des marchands d'esclaves. Après l'indépendance des États-Unis, les bateaux américains ne bénéficiant plus de la protection de la Royal Navy y furent également attaqués. Déterminés à faire cesser ces entraves au commerce maritime, Thomas Jefferson et John Adams alors ambassadeurs des États-Unis à Paris et à Londres rencontrèrent en 1786 l'ambassadeur de Tripoli pour s'enquérir des raisons qui motivaient ces actes de piraterie. Jefferson rapporta ainsi la réponse de l'ambassadeur Sidi Haji Abdrahaman au Secrétaire d'État John Jay :
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Durant les quinze années qui suivirent ces échanges diplomatiques, les États-Unis payèrent un tribut annuel aux provinces ottomanes qui encourageaient la piraterie afin d'assurer la sécurité de leur flotte maritime commerciale. Durant toute cette période, Jefferson maintint son opposition aux paiements. Lorsqu'il entra en fonction comme président des États-Unis en 1801, Jefferson refusa de continuer les paiements et le pacha de Tripoli Yusuf Karamanli déclara la guerre aux États-Unis. Après deux guerres menées durant les présidences de Jefferson et James Madison, le jihad maritime fut essentiellement neutralisé dans la région.
L‘imposition de la jizya dans le nord-ouest du Pakistan (2009)
Le 2 mai 2009, le Times of India révéla qu'après avoir pris le contrôle de la région du Swat dans le nord-ouest du Pakistan, les talibans avaient rapidement imposé la jizya aux Sikhs qui y vivaient conformément au verset 9:29. N'ayant pas obtenu les sommes d'argent qu'ils convoitaient, les talibans détruisirent plusieurs maisons et pillèrent de grandes quantités de biens.
Conclusion
Les offensives menées par le fondateur de l'islam et reconnues comme telles par les exégètes musulmans sont là pour prouver que depuis ses débuts l'islam justifie et encourage le recours au jihad offensif pour établir sa primauté.
En plus d'être contredite par la sunna (les actions du prophète), la théorie du jihad exclusivement défensif l'est également par plusieurs arguments tirés de l'exégèse coranique :
1. L'existence d'une doctrine millénaire explicitant les devoirs des musulmans en cas d'attaque et de défense contredit la thèse des apologistes de l'islam selon laquelle la religion est uniquement préoccupée par la défense ;
2. Le fait que le jihad doive être mené "jusqu'à ce que la religion soit entièrement à Allah" (2:193 et 8:39) démontre que le jihad vise autre chose que la sécurité des musulmans ;
3. Les versets décrits comme tolérants et défensifs ont été abrogés par les versets encourageant le jihad offensif comme le 9:5 et le 9:29.
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