Nous annoncions ce matin la triste nouvelle de la condamnation face à la société Moulinsart, chargée de défendre les droits de Tintin, de l'éditeur Le léopard Masqué. Sinistre affaire, puisque la parodie Saint-Tin coûtera 40.000 € à son créateur.
Nous publions ici la réaction de l'auteur Gordon Zola, et en dépit du devoir de réserve auquel nous contraint notre travail, nous nous permettons de lui exprimer notre sympathie, autant que la déception que nous inspire cette décision.
Pour dire le moins.
Comme quoi la justice peut se révéler un drôle de jardinier et cultiver le paradoxe en pot. Cela fait des belles plantes carnivores, dévoreuse de créateur.
La chose est admise, Gordon Zola n'est pas un contrefacteur (ouf !) mais un parasiteur (ah zut !)... et c'est grave, car cela signifie que les aventures de Saint-Tin ont coûté la modique somme de 40 000 euros aux ayants droit d'Hergé, somme qu'il convient de leur rembourser au plus vite (ajoutons 10 000 euros pour Mme Rodwell, 4000 euros pour les publications obligatoires, les dépens, 3000 euros au distributeur... Bref, une belle somme).
Une société meurt et un auteur est ruiné, mais à quelque chose malheur est bon, car Saint-Tin lui est autorisé à vivre. C'est un parasite, certes, un personnage un tantinet écornifleur, d'accord, mais il porte beau, ce n'est pas un monstre contrefait.
C'est un garçon malin, gageons qu'il trouvera un autre patron pour publier ses aventures.
Oui, un paradoxe disais-je, car étant admis que cette série romanesque est un parasite commercial autorisé, qu'est-ce qui empêchera la société Moulinsart de demander 40 000 euros à chaque sortie d'une aventure de Saint-Tin ?
Gordon Zola