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Ibn Warraq : comment l'islam s'empare de l'ONU

Publié le 10 juillet 2009 par Drzz

Ibn Warraq : comment l'islam s'empare de l'ONU


Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, l’ami des islamistes et des tyrans partout dans le monde
Ibn Warraq, Michael Weiss,
City Journal
Traduction de www.bivouac-id.com


En décembre 2006, l’Organisation de la conférence islamique (OCI), un groupe international fondé en 1971 et représentant 57 pays, a réuni un sommet d’urgence à La Mecque. L’événement est resté de triste mémoire depuis que deux imams en colère venus du Danemark ont présenté un dossier de dessins publiés dans le journal danois Jyllands-Posten et se moquant du prophète Mahomet. Dans le tumulte qui s’en est suivi, les musulmans ont assassiné plusieurs personnes en Europe et incendié l’ambassade danoise de Beyrouth.


Pourtant, à ce sommet, l’épisode des caricatures n’a pas été le pire exemple des attaques musulmanes contre la liberté d’expression. La décision essentielle de l’OCI à La Mecque a été d’adopter une politique de tolérance zéro à l’égard de tout ce qui pouvait être perçu comme des insultes contre l’islam. Dans son « Programme d’action décennal » l’OCI annonçait qu’elle allait créer un « observatoire » de surveillance des actes « d’islamophobie ». Elle allait également « agir pour que les Nations unies adoptent une résolution internationale contre l’islamophobie, et demandent à tous les états de promulguer des lois en ce sens, avec sanctions dissuasives », ce qui était pour l’essentiel l’objectif de la résolution non contraignante adoptée en mars 2008 par l’assemblée générale de l’ONU pour la lutte contre la diffamation des religions. Et elle allait « participer à tous les forums régionaux et internationaux et les coordonner efficacement pour protéger et promouvoir les intérêts collectifs de l’Umma islamique, y compris par réforme des Nations unies [et] élargissement du nombre de membres du Conseil de sécurité ».


L’objectif était simple : infiltrer et affaiblir de l’intérieur les conventions et institutions démocratiques, d’une manière qui rappelle « l’entrisme » des groupes marxistes dans le parti travailliste britannique au cours des années 70 et 80. Le plan de l’OCI n’a pas atteint tous ses objectifs, bien sûr. Mais il a réussi de manière spectaculaire pour l’un d’entre eux : le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (ou CDH).


Organe subsidiaire de l’Assemblée générale, et basé à Genève, le Conseil des droits de l’homme est né des cendres de l’ancienne Commission des droits de l’homme. Âgée de 60 ans, la commission était critiquée depuis longtemps pour avoir ignoré des atrocités et accueilli comme membres des pays notoirement auteurs de violations des droits de l’homme - le cas le plus marquant étant celui du Soudan au point culminant du génocide du Darfour. En 2006, l’Assemblée générale, soutenue par le secrétaire général d’alors, Kofi Annan, a voté la suppression de la commission.


Le CDH a été créé en mars de la même année par une résolution de l’ONU, malgré l’opposition des États-Unis, d’Israël, des îles Marshall et de Palau. Les États-Unis n’y occupent actuellement pas de siège parce que l’administration Bush, sceptique, estimait que le CDH serait tout aussi inefficace et partial que la défunte commission. Bush a autorisé le versement d’une aide américaine au CDH, mais en septembre 2007 un vote du Sénat américain a mis fin à cette subvention.


Fin mars dernier, néanmoins, l’administration Obama a annoncé que les États-Unis postuleraient à un siège aux élections du CDH, prévues en mai. Selon Susan Rice, ambassadeur des États-Unis aux Nations unies, « les États-Unis demandent un siège au conseil parce que nous pensons qu’en travaillant de l’intérieur nous ferons de cet organisme un forum plus efficace pour promouvoir et protéger les droits de l’homme ».

Mais la tâche s’annonce décourageante, peut-être même sans espoir. En trois années d’existence, le CDH n’a montré aucune amélioration par rapport à son prédécesseur - et cela n’a rien d’étonnant puisque les critères pour devenir membre sont restés tout aussi laxistes. Sur les 47 états membres du CDH, seuls 23 répondent à la définition de « pays libres » selon Freedom House. Quatorze peuvent être considérés comme « partiellement libres », et dix ne sont « pas libres », dont trois - la Chine, Cuba et l’Arabie saoudite - ont leur place dans le rapport spécial de Freedom House, The Worst of the Worst : The World’s Most Repressive Societies (Le pire du pire : les sociétés les plus répressives du monde). La Chine, Cuba et le Pakistan n’ont même pas ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le plus important des instruments juridiques internationaux ayant force contraignante en matière de droits de la personne.


Le CDH n’a pas de pouvoirs coercitifs. Il adopte des résolutions non contraignantes sur ce qu’il décide constituer des violations de droits de l’homme et ne peut adresser à l’Assemblée générale que des recommandations. Mais ses résolutions bénéficient de l’imprimatur des Nations unies et le CDH peut donc légitimer des barbaries simplement en les ignorant. Si un dictateur peut proclamer devant les médias internationaux que le CDH n’a adopté aucune résolution contre lui, son travail pour maintenir le statu quo et plaider contre une intervention dans les affaires de son pays s’en trouve facilité d’autant.

Les délégués à l’Assemblée générale élisent les états membres du CDH au scrutin secret. Mais, comme des « groupes » régionaux, comme les états africains ou asiatiques, obtiennent automatiquement un certain nombre de sièges au CDH, il en résulte que les pays islamiques, alliés aux membres non islamiques du mouvement des non alignés, contrôlent toujours environ les deux tiers des sièges. Comme le dit Roy Brown, de l’Union internationale humaniste et éthique : « Quand il y a vote, les démocraties libérales sont invariablement battues par 2 à 1 ».


Pas étonnant, donc, que le CDH ait ignoré quelques unes des pires atrocités commises dans le monde. En 2007, il a voté pour retirer de Cuba et de Biélorussie ses propres rapporteurs spéciaux sur les droits de l’homme, et se fie désormais aux données officielles de l’état - et, lorsque c’est possible, aux preuves en sens contraire présentées par les ONG - pour décider s’il y a ou non violations dans ces pays tristement célèbres. Le CDH a pris la même décision de négligence mal intentionnée en 2006 lorsque la Biélorussie, sous la dictature de l’ancien soviétique Alexander Lukashenko, a emprisonné les dissidents et truqué ses élections nationales. En décembre 2007, le CDH a réagi au génocide du Darfour en rappelant de la région son équipe d’observateurs, une trahison méprisable qui faisait suite aux pressions exercées au cours des sessions du conseil par les principaux complices du Soudan, l’Egypte et la Chine. Une proposition canadienne demandant l’inculpation pour crimes de guerre des responsables du génocide a été rejetée l’an dernier par le CDH, malgré les rapports objectifs des Nations unies impliquant le régime de Khartoum dans des meurtres de masse, des tortures et des viols. La seule reconnaissance du génocide par le CDH a consisté à rappeler les justifications des criminels de guerre à travers l’histoire et à condamner « toutes les parties ».


Il est intéressant de noter que cinq des dix sessions extraordinaires du conseil ont été consacrées aux actions d’Israël, alors qu’aucune résolution n’a été adoptée condamnant les crimes perpétrés par la Chine, le Zimbabwé, l’Arabie saoudite ou, d’ailleurs, le Hamas et le Hezbollah. En fait, l’une des actions du CDH qui ont le plus fait les gros titres remonte à mars 2007, lorsque Hillel Neuer, de UN Watch, une organisation basée à Genève, a présenté une accusation féroce du conseil lui-même pour sa curieuse focalisation sur l’état juif. Cette allocution a été la première où le CDH a refusé de remercier un orateur pour sa déclaration, comme l’a fièrement fait remarquer son président de l’époque, le Mexicain Luis Alfonso de Alba. (Parmi les orateurs à qui ont été adressés des remerciements figurent les représentants cubains affirmant que les rapports sur la persécution de dissidents étaient des faux ; un représentant nigérian déclarant que « la lapidation selon la charia pour actes sexuels contre nature ne doit pas être assimilée à un assassinat extrajudiciaire » ; et une représentante iranienne défendant la conférence organisée par son pays sur la négation de l’Holocauste.)


Mais les actes les plus destructeurs commis jusqu’à présent par le CDH, qui sapent toute sa raison d’être, sont les conséquences du sommet de l’OCI à La Mecque. En mars dernier, par exemple, le CDH a adopté une résolution proposée par le Pakistan et soutenue par l’OCI, intitulée « Lutte contre la diffamation des religions ». Adoptée par 23 voix pour, 11 contre et 13 abstentions, cette résolution définit toute critique morale ou intellectuelle de la religion - en l’occurrence, l’islam - comme une violation des droits de l’homme, en expliquant que depuis le 11 septembre le monde assiste à « une intensification de la campagne globale de diffamation des religions et des incitations à la haine religieuse en général ». La résolution exprime « une profonde inquiétude » sur le fait que des « organisations et groupes extrémistes » cherchent à créer et perpétuer des « stéréotypes sur certaines religions ». Elle poursuit en pressant les états de « refuser l’impunité » à ceux qui sont trouvés coupables de mots ou d’actes que le CDH considère comme trop critiques de la religion, et en exigeant des états de garantir que les symboles religieux « soient pleinement respectés et protégés ».


La résolution du CDH fait, de manière inquiétante, une application faussée du mot « diffamation », le fait de nuire à une réputation par calomnie. Les corpus de croyances, les opinions et les symboles ne peuvent être « diffamés » aux yeux d’aucun tribunal ; seuls peuvent l’être des individus. L’Union européenne, avec l’Inde et le Canada, a vivement réagi contre cette officialisation de la censure, comme 207 organisations non gouvernementales, dont trois issues de pays musulmans.


La résolution avait été anticipée dans une autre action du HRC en 2008, et là encore sous l’impulsion de l’OCI. À la septième session de l’organisme, le Canada avait proposé de renouveler le mandat du rapporteur spécial du CDH sur la liberté d’expression, un responsable chargé de protéger la liberté de parole et de dresser une liste d’exemples des cas où elle est refusée. Le 28 mars 2008, tous les membres de l’OCI siégeant au CDH - rejoints par la Chine, la Russie et Cuba - ont proposé un amendement au mandat initial de ce personnage. Le rapporteur spécial devrait désormais, selon la proposition de ces pays, non seulement signaler les violations de la liberté d’expression mais aussi les cas où l’abus de la liberté d’expression constitue un acte de discrimination raciale ou religieuse (c’est nous qui soulignons). L’islam se trouverait ainsi placé hors de portée de toute enquête ou censure alors que les gens livrés aux mains de ses éléments les plus réactionnaires - si encore ils restent vivants pour pouvoir se plaindre - se trouveraient notés dans le petit livre noir du Rapporteur spécial.


Pendant la discussion qui a suivi, certains états islamiques ont prétexté que s’ils refusaient de limiter la liberté d’expression, les extrémistes locaux déclencheraient des émeutes et l’agitation consécutive aux caricatures danoises deviendrait quotidienne. Naturellement, les opposants à l’amendement ont défendu le principe d’universalité de la loi et de la liberté : les membres de l’Union européenne, le Canada, le Royaume-Uni, l’Inde, le Brésil, le Guatemala et la Suisse. Mais l’amendement a été adopté par 27 voix contre 17 et trois abstentions. La résolution amendée a ensuite été votée par 32 voix contre zéro, et 15 abstentions.


Ce qui est remarquable, c’est que la communauté internationale a réagi vivement et défavorablement. « Il est très préoccupant, dans un Conseil qui devrait être . . . le gardien de la liberté d’expression, de voir s’instaurer des contraintes ou des tabous, ou de constater que la discussion de certains sujets devient tabou », a déclaré la haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme sortante, la canadienne Louise Arbour. Quarante organisations ont signé une pétition protestant contre l’amendement. Parmi les signataires figuraient des groupes travaillant au sein de pays islamiques, dont l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme, l’association du barreau du Darfour, l’association égyptienne pour le soutien au développement démocratique, et la Fondation de la presse du Pakistan.


Comme le notait la pétition, les Nations unies disposent déjà, avec le Comité pour l’élimination de toutes formes de discrimination raciale, d’un organisme chargé de la fonction désormais attribuée de manière redondante au rapporteur spécial. De plus, l’amendement jetait une lumière négative sur un principe sacro-saint des Lumières. La liberté d’expression est souvent la condition essentielle pour permettre l’égalité raciale et religieuse, et pourtant il était interprété comme un obstacle à cette égalité. Enfin, le caractère verbeux de l’amendement venait troubler la signification de conventions antérieures, comme la convention internationale sur les droits civils et politiques, qui n’autorise les restrictions à la liberté d’expression que pour protéger les individus, et non pour protéger des philosophies, des traditions religieuses ou des dogmes abstraits. « Les croyants ont le droit de n’être pas discriminés en raison de leur croyance, notait la pétition, mais la religion elle-même ne peut pas être interdite de critique ». Il n’est stipulé nulle part, dans aucun document légitime sur les droits de l’homme, qu’offenser ou contester la sagesse classique soit interdit dans l’art oratoire, le journalisme, la littérature ou l’art.


La promotion par le CDH de ce qui se résume à des tabous sur le blasphème constitue un prolongement logique de sa politique interne. Le CDH est géré comme une oligarchie gouvernée par des codes oratoires orwelliens, toute critique du comportement de cet organisme étant immédiatement étouffée en session. Dans son témoignage de mars 2008 au CDH, par exemple, Roy Brown avait noté que la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme dans l’islam - votée et ratifiée par l’OCI en 1990 - prenait la charia comme base légale et s’opposait à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Brown contestait une déclaration du Pakistanais Masood Khan, ambassadeur de son pays aux Nations unies, qui avait affirmé au conseil, au nom de l’OCI, que la déclaration du Caire était un « complément » et non une alternative à la Déclaration universelle. Immédiatement, Imran Ahmen Siddiqui, délégué du Pakistan au CDH, avait soulevé un point de règlement réduisant Brown au silence et annoncé : « il est insultant pour notre foi de discuter de la charia ici, dans ce forum ». Le président du Conseil à l’époque, le Roumain Doru Costea, avait donné raison à Siddiqui.

Une autre personne a été harcelée : David Littman, de l’Organisation pour une éducation mondiale (Association for World Education). En juin de l’année dernière, pendant la huitième session du CDH, Littman devait parler des droits des femmes dans certains pays, dont des pays musulmans. Le témoignage de Littman critiquait entre autres choses les violations des droits résultant de l’application de la charia, et en particulier le mariage forcé de jeunes filles musulmanes parfois à peine âgées de neuf ans et la lapidation de femmes pour adultère, toutes pratiques qu’il n’est pas possible de décrire correctement sans faire référence au Coran. En violation flagrante des règles aux termes desquelles aucun délégué ne peut recevoir de transcription des témoignages qui vont être présentés, l’Egyptien Amr Roshdy Hassan s’était arrangé pour obtenir à l’avance une copie de l’allocution de Littman. Lui et d’autres ont interrompu Littman au total 16 fois. Le témoignage, qui aurait dû ne demander que quelques minutes, a été prolongé jusqu’à deux heures pour diverses questions de rappel au règlement et une pause prolongée de 40 minutes.


Hassan était soutenu par Siddiqui, qui a prétendu que la déclaration de Littman « équivalait à instiller de la haine entre certains membres de ce conseil ». À la reprise après les 40 minutes de pause, Costea a tranché en affirmant que « le conseil n’est pas prêt à discuter . . . les sujets religieux en profondeur » et il a repris, dans une grammaire étrange et avec une logique encore plus bizarre, une décision d’une session antérieure : « Tant que la déclaration ne comporte pas de jugement ou d’évaluation d’un domaine particulier de législation ne relevant pas du thème de notre discussion, l’orateur est autorisé à poursuivre ».Ibn Warraq : comment l'islam s'empare de l'ONU


Et Littman a poursuivi, en notant qu’en Iran et au Soudan, on enterre des femmes jusqu’à la taille et on les lapide à mort avec des pierres rondes pour le crime d’infidélité, et que 96 pour cent des femmes égyptiennes sont encore soumises à des mutilations sexuelles bien que la loi les interdise formellement (notons que le CDH autorise un « jugement » ou une « évaluation » des lois séculières relevant de la violation des droits de l’homme). Mais aussitôt que Littman a suggéré que seule une fatwa émise par Muhammad Sayyid Tantawi, un religieux égyptien influent, serait susceptible d’inverser cette horrible réalité, Hassan est encore une fois intervenu, exigeant un vote sur le témoignage de Littman. « Je ne laisserai pas crucifier l’islam dans ce conseil », a-t-il clamé. Pourtant, il est difficile de considérer comme une crucifixion de l’islam le fait de demander qu’un religieux musulman intervienne pour mettre fin à une violation des droits humains.


Les membres de l’OCI ont raison d’étouffer au CDH toute allusion à leurs propres documents sur les « droits de l’homme ». Si des orateurs comme Brown étaient autorisés à fouiller un peu dans les détails de la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam pendant une session du conseil, il n’aurait pas de mal à montrer à quel point elle interdit bien davantage qu’elle ne permet. L’article 22 de cette déclaration, qui définit la liberté d’expression, stipule :

  • (a) Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria.
  • (b) Tout homme a le droit d’ordonner le bien et de proscrire le mal, conformément aux préceptes de la Charria.
  • (c) L’information est un impératif vital pour la société. Il est prohibé de l’utiliser ou de l’exploiter pour porter atteinte au sacré et à la dignité des prophètes ou à des fins pouvant nuire aux valeurs morales et susceptibles d’exposer la société à la désunion, à la désintégration ou à l’affaiblissement de la foi.
  • (d) Il est interdit d’inciter à la haine ethnique ou sectaire ou de se livrer à un quelconque acte de nature à inciter à la discrimination raciale, sous toutes ses formes.

Un lettré musulman qui soumettrait le Coran à un examen critique ne trouverait pas grand chose dans la déclaration du Caire pour protéger sa liberté d’expression et beaucoup pour la brider. Un agnostique qui douterait de la nature de prophète de Mahomet ou de sa vertu serait lui aussi en situation de risque.


Quant aux apostats sincères, la déclaration du Caire ne leur fait pas de quartier. « L’Islam est la religion de l’innéité », écrit l’article 10. « Aucune forme de contrainte ne doit être exercée sur l’homme pour l’obliger à renoncer à sa religion pour une autre ou pour l’athéisme ; il est également défendu d’exploiter à cette fin sa pauvreté ou son ignorance ». Dans l’islam, on considère que seules la violence ou l’ignorance peuvent conduire un croyant à abandonner sa foi ou à se convertir à une autre religion, deux crimes punissables de mort. La déclaration du Caire revient donc à donner d’avance aux gouvernements musulmans le permis de tuer les missionnaires ou les avocats de l’agnosticisme ou de l’athéisme.


Il n’est pas nécessaire d’être spécialiste en droit international ou exégète du Coran pour mesurer la pauvreté de ces préceptes par comparaison à la langue claire et précise de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui fêtait l’an dernier son 60ème anniversaire. Les articles 18 et 19 de ce document, le plus traduit au monde (selon le bureau du haut commissaire aux droits de l’homme) disent :

- Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.


- Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

Toute personne qui chercherait à exposer devant le conseil que la déclaration du Caire, qui prétend compléter ces nobles idéaux en est en fait l’opposé, ou qu’elle ne peut en aucune manière les compléter puisqu’elle se fonde sur la charia qui affirme l’infériorité des femmes et des non musulmans, se verra désormais imposer le silence.

La candidature de l’administration Obama à un siège au conseil pourrait se révéler utile en exposant davantage le CDH au regard des médias. Mais la participation des États-Unis pourrait impliquer l’Amérique dans chacune des sinistres résolutions du conseil et donner à celui-ci une plus grande légitimité sur la scène mondiale.
Comment remédier au scandale du CDH ? Une solution pourrait être d’imposer des conditions plus strictes aux éventuels membres du conseil, comme d’être signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de participer à la théorie et à la pratique du libre arbitre et de la liberté de parole, ce qui signifie également la liberté à l’égard des injonctions religieuses. On pourrait aussi exiger des états membres qu’ils conduisent des enquêtes internes transparentes et indépendantes sur les violations de droits de l’homme survenant à l’intérieur de leurs frontières.


Pendant sa campagne présidentielle, le sénateur républicain John McCain avait préconisé la constitution d’une Ligue des démocraties qui agirait indépendamment de l’ONU (sans la remplacer) pour demander des comptes aux régimes dictatoriaux ou totalitaires, imposer des sanctions économiques aux états voyous, et porter secours aux victimes des nettoyages ethniques ou génocides. Avec ses règles de composition strictes, une telle assemblée multinationale n’aurait pas à souffrir d’obstruction interne de la part d’états comme la Russie ou la Chine, et elle serait donc en meilleure position pour faire respecter les droits de l’homme.


Cette Ligue, en faveur de laquelle se prononce aussi Anthony Lake, qui a conseillé Obama, pourrait même par son existence faire contrepoids au CDH, et constituer un organisme où pourraient avoir lieu des victoires symboliques en faveur des droits de l’homme, hors de la zone d’ombre de l’interférence avec l’islam.


À la fin de la Deuxième guerre mondiale, Bertrand Russell avait observé qu’historiquement l’espèce humaine était réticente à accepter sa propre survie. Ce pacte suicidaire qui continue encore trouve sûrement un complice dans le relativisme culturel, une invention du libéralisme occidental que des réactionnaires non occidentaux ont utilisée comme permis de tuer et massacrer des gens en toute tranquillité. Aucun exemple de cette tendance mortelle n’est pire que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

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