Critique, très critique Dominique de Villepin. Sans agressivité mais avec constance, l’ancien premier ministre n’a eu de cesse porter un regard peu amène à l’égard du successeur de Jacques Chirac. La ligne d’attaque choisie par Dominique de Villepin est somme toute simple. Nicolas Sarkozy s’agite mais, n’a pas de résultats.
Sur la question de la détention de l’étudiante française Clotilde Reiss en Iran, l’ancien ministre des affaires étrangères s’est fait professeur. “La diplomatie ce n’est pas seulement de l’incantation”. “Il y a la possibilité de faire passer des messages, très directement et, de façon beaucoup plus personnalisée qu’on peut le faire à travers des médias. La diplomatie, c’est un métier.“
“A vouloir se disperser, à vouloir s’engager sur tous les terrains on se perd et on créé le doute et le scepticisme de la part des Français”. Un jugement illustré par l’exemple du dernier chantier législatif sur le travail le dimanche. Une “usine à gaz comme beaucoup de réformes engagées” pour l’ancien locataire de Matignon. “Une bonne réforme, c’est une réforme simple. J’ai vu de bonnes intentions conduire à de telles usines à gaz que personne ne s’y retrouve et, qu’au bout du compte, ces réformes n’ont pas l’effet escompté“.
Le plan de relance ? Guère mieux. Dominique de Villepin regrette que 5 milliards soient consacrés auxponts et aux routes et seulement 50 millions à la recherche et au développement. Trop d’argent sur les secteurs en déclin et quasi rien sur un nouveau modèle industriel, gage de la réussite économique de demain.
L’emprunt ? Une autre erreur stratégique. “Convainquons-nous qu’un emprunt n’est jamais vertueux”. “Il faut savoir où nous en sommes avant de lancer un emprunt“.La situation très dégradée des finances publiques inquiète l’ancien premier ministre qui estime que ce sera un handicap pour la sortie de crise. “Il est évident que quand vous avez une ardoise comme nous l’avons aujourd’hui sur le plan national, il faut bien avoir quelqu’un qui paye.” “Ne faisons pas payer aux générations futures des dépenses courantes ou des dépenses qui ne seraient pas un véritable investissement pour le pays“.
La gravité de la situation appelle, selon Dominique de Villepin, à la responsabilité. “C’est dans ces instants que l’on mesure que la parole politique ne coûte pas cher et qu’elle est prodigue mais pas souvent très responsable“. “C’est là où il faut arrêter de monter sur les tables et de promettre tout aux Français”. “Il faut du sérieux de la gravité“, sous-entendu, Nicolas Sarkozy n’en a pas.
Nicolas Sarkozy acteur de sa propre impuissance. Celui qui se présente en héritier du gaullisme voit dans l’hyper-présidence l’une des raisons de l’échec qu’il prête à Nicolas sarkozy. “Le déséquilibre qui existe aujourd’hui dans notre pays au sein de l’exécutif explique l’absence d’efficacité de la politique qui est menée.” ” Le président ne peut pas réformer la France tout seul. Le Chef de l’Etat ne peut diriger l’Etat. Ceux qui dirigent l’Etat sont le premier ministre et les ministres. C’est eux qui ont la main sur leur administration“.
Dominique de Villepin estime que l’absence de résultats de Nicolas Sarkozy résulte d’un Etat qui n’est pas mobilisé. Au contraire, le fait que les conseillers présidentiels aient pris le pas sur les administrations serait une source de grande démobilisation de l’Etat.
Sur la route de 2012, Dominique de Villepin devra passer cet automne par les fourches caudines du procès Clearstream. L’ancien ministre de l’intérieur proclame qu’il n’a rien fait dans cette affaire et dénonce, toujours avec Nicolas Sarkozy en ligne de mire, une construction, une tentation d’interprétation politique du dossier.
En attendant que la justice ne passe, Dominique de Villepin plante des jalons et estime, qu’aujourd’hui les repères sont suffisamment brouillés pour permettre l’émergence d’une nouvelle donne.Autrement dit, d’un homme providentiel forcément au-dessus des clivages partisans.