Troisième nuit de violences à Firminy
Les affrontement se poursuivent dans la banlieue de Saint-Etienne, après la mort par pendaison d'un jeune dans un commissariat.
Des violences ont éclaté jeudi pour la troisième nuit consécutive à Firminy, dans la banlieue de Saint-Etienne, après la mort par pendaison d'un jeune dans un commissariat, malgré les tentatives
de calmer la polémique.
Les affrontements ont débuté vers 23 heures au pied de l'immeuble où habitait la victime, Mohamed Benmouna, là où un peu plus tôt une centaine de personnes s'était réunie autour de la famille,
pour évoquer l'organisation d'une marche en son honneur.
De jeunes habitants ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. La police a ensuite répliqué, en faisant usage de gaz lacrymogène, ont précisé les
pompiers.
Au moins 200 policiers et CRS avaient été mobilisés, de crainte de violences, comme la nuit précédente, selon la préfecture.
Un centre commercial, comprenant notamment une pharmacie, une boulangerie et un salon de coiffure, a été complètement ravagé par les flammes.
Six jeunes ont été interpellés selon la préfecture, qui a évoqué l'incendie de trois voitures.
Le parquet de Saint-Etienne avait pourtant tenté de couper court à la polémique, en assurant que l'autopsie du jeune homme de 21 ans n'avait révélé «aucune trace de violence».
La famille de Mohamed Benmouna a néanmoins déposé jeudi une plainte contre X. Dans son dépôt de plainte, Abdelkader Benmouna, le père du jeune homme, demande «que la lumière soit faite sur
cette affaire».
Accompagné par Messaoud Mehila, consul d'Algérie, Mohamed Benmouna a été reçu jeudi par le procureur de Saint-Etienne, Jacques Pin, au commissariat du Chambon-Feugerolles, théâtre du drame.
Au sortir du commissariat, le procureur a répété que le jeune homme avait succombé à un «arrêt cardiaque par suffocation» après avoir tenté de se pendre, mais il a été vivement pris à
partie par des habitants du quartier qui lui ont fait part de leur doutes quant à cette thèse.
D'après les premières conclusions de l'autopsie, Mohamed Benmouna a été asphyxié par le lien qu'il s'était enroulé autour du cou et dont il avait fixé les extrémités dans des trous percés dans la
cloison de sa cellule.
Dès que des policiers du commissariat du Chambon-Feugerolles s'en sont aperçus, une réanimation a été tentée, sans succès, a précisé le parquet.
Alliance, second syndicat de gardiens de la paix, «réfute toute mise en cause» des policiers, qui «ne sont pas responsables de l'état de vétusté» des locaux de garde à vue,
alors que le parquet a évoqué lui-même le fait que la cellule n'était pas aux normes.
Le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de la Loire, Marcel Authier, a été entendu jeudi comme témoin par l'inspection générale de la police nationale (IGPN).
Les premiers éléments de l'enquête de l'IGPN font apparaître des dysfonctionnements matériels au commissariat du Chambon-Feugerolles, avec des parois de cellule en placoplâtre, jugées
«non-conformes», «car des trous peuvent y être facilement réalisés par les gardés-à-vue».
(Source AFP)