Philippe Jaenada réussit un tour de force en nous relatant une histoire dramatique et humaine tout en gardant un ton plein d'humour. Ecrit à la première personne du singulier, le père raconte l'histoire ne nous cachant rien de ses petits travers (il est un peu enrobé, il perd ses cheveux, l n'est pas très courageux etc.) ou de ceux des autres (sa femme est maniaque) et l'écrivain combine allègrement le temps présent, les actions passées et les traits d'humour même aux moments les plus incongrus (alors qu'ils sont tous coincés sur un bout de plage et que sa femme retire son slip pour passer son maillot de bain, espérant fuir le feu à la nage, il se satisfait de voir un inconnu reluquer le cul de celle-ci !). Il y aura des morts, une région dévastée, des survivants ruinés, mais aussi de l'espoir, du courage et la vie reprendra son cours.
Un livre magistral émerge de ce récit souvent rigolard et si le titre et la forme inclinent à prendre ce bouquin pour un roman de plage, je vous certifie qu'il va bien au-delà et qu'il vous réservera en tout cas de très bons moments. A lire absolument.
« L'habitude, quand même, a aussi du bon, je me disais. Ca souligne les souvenirs. J'aime les souvenirs, c'est à peu près tout ce qu'on a de sûr, d'intime et dense, une collection précieuse, inaccessible, dedans : ils se polissent d'eux-mêmes sans qu'on y pense, et prennent, les bons comme les mauvais, une charge de douceur rassurante, lointaine, une enveloppe aimable. Ils restent là, on peut en profiter quand on veut. J'aime me revoir dans le passé, me rappeler ce que j'étais, ce que j'ai fait à tel endroit où je me trouve maintenant, plus vieux, je m'émeus tout seul, nouille. »
Philippe Jaenada Plage de Manaccora 16h30 chez Grasset