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Quelques extraits d'un article qui est paru dans la revue "Courrier International" de début juillet.
Je n'ai pas l'intention de militer pour ou de combattre les corridas, chacun ses choix et ses goûts. Mais cet article, pour moi, est représentatif des dérives que l'on peut connaître aujourd'hui dans de nombreux domaines
Antonio Lorca est, depuis 1993, le critique taurin du quotidien El Pais à Séville
"Le scandale de la décadence poursuit depuis quelque temps le toro bravo. Cette année encore, la féria de Séville, en avril, et celle de la San Isidro, à Madrid, en mai, ont été témoins du triste spectacle d'un animal jadis puissant et féroce qui n'est plus qu'une créature impotente, infirme, épuisée et parfois douce comme le miel, dont on a pressé jusqu'à la dernière goutte d'ardeur, de race et de bravoure...
Les toros du XIXe siècle et du début du XXe siècle étaient des animaux imposants, violents, rudes et brutaux, et les les toreros les combattaient...
La sélection a dégénéré, donnant un animal sans force, dénaturé et parfois noble et doux à mourir d'ennui, qui, au lieu de respect, inspire de la pitié...une espèce bizarre, en mutation génétique...
Les pouvoirs publics non plus ne semblent guère se soucier des toros. Les politiques souffrent d'un sérieux complexe par rapport au reste des pays européens et aux groupes anticorrida. Ils ne défendent pas la corrida, mais la tolèrent pour des raisons économiques ...
Le toréo d'aujourd'hui, à quelques rarissimes exceptions près qui ne suffisent pas à justifier son existence, est ennuyeux et insupportable en raison d'un toro dont on a tant modifié le comportement qu'il n'est plus compatible avec l'émotion.
Ce toro moderne est un scandale qui, si l'on ne fait rien, mettra fin à la corrida."