Chez EDF ça commence visiblement ainsi :
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Souvez-vous : il s'agissait de prêter de l'argent à EDF en achetant des obligations de la société entre le 17 juin et 10 juillet rémunérées 4,5 % brut par an pendant 5 ans pour un nominal
de 1 000 euros. Rappelons, à tout hasard, que si vous avez encore une quelconque confiance dans le système de notation financière, alors ce placement était loin d'être le meilleur de sa gamme :
l'emprunt obligataire EDF était notée A+ tout comme celui de Swiss Ré. Sauf que ce dernier rapporte 6,1 % sur le même horizon... Il y a d'ailleurs des obligations d'Etat, mieux notées
mais sur une durée plus longue qui rapportent plus. Il n'empêche, l'opération fut un tel succès que le placement s'est achevé le lundi 6 juillet (avec 4 jours d'avance donc !), ce qui a
permis à l'électricien de collecter 3,2 milliards d'euros auprès de 251 000 souscripteurs. Et en moyenne, les Français ont acheté pour 12 700 euros de titres ! Certains médias se sont sentis
obligés d'appeler cela du "patriotisme économique" ou même "un retour à l'intérêt général"... Que ne faut-il pas entendre en période de crise ! Et si tout simplement les
investisseurs étaient à la recherche d'un placement national rémunérateur et rassurant à leurs yeux ?
Cela se poursuit de la sorte, ce qui est bien le minimum au vu des chiffres évoqués précédemment :
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Et se conclut ainsi sur la facture d'électricité :
Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a en effet déclaré dans un entretien publié mercredi sur le site Internet de l'hebdomadaire Paris Match (décidément, c'est devenu un
magazine très économico-politique...) : "Pour cesser de nous endetter, il faudrait une hausse de 20 % des tarifs. Mais elle peut s'étaler sur trois ans, par exemple, ou même un peu
plus". Et il prend ensuite un ton comminatoire pour nous annoncer que "si nos tarifs n'augmentent pas, l'an prochain EDF réduit ses investissements". Depuis, c'est une volée de bois
vert qui s'abat sur le président d'EDF : d'un côté l'entreprise emprunte et remercie chaleureusement les investisseurs, de l'autre elle annonce vouloir augmenter le prix de l'électricité à
un moment où le pouvoir d'achat a pris une hauteur élyséenne... C'est certainement l'effet Kiss cool :
Petit rappel tout de même : EDF et l'Etat ont signé en octobre 2005 un contrat de service public. Il garantit jusqu'en 2010 une augmentation des tarifs de
l'électricité qui ne peut dépasser le niveau de l'inflation pour les particuliers. Au sujet de l'investissement, EDF prévoit d'investir 7,5 milliards d'euros en France en 2009, soit 2,5 milliards
de plus qu'en 2008 et 4 milliards de plus qu'en 2007. De plus, l'endettement d'EDF a explosé ces dernières années (24,5 milliards d'euros à fin 2008 contre 16,3 milliards à fin 2007)
avec une série d'acquisitions plus ou moins malheureuses à l'étranger (British Energy, Constellation,...).
En définitive, s'il paraît sensé de penser que le tarif régulé doit tenir compte de nombreux paramètres tels que l'inflation ou l'investissement notamment, je trouve indescent de vouloir
augmenter dans cette proportion les prix en plein marasme économique. Et ce d'autant plus que la société EDF vient de faire appel aux particuliers pour obtenir des capitaux après une politique
d'achat à l'étranger que l'on peut qualifier de hasardeuse...