Le Printemps de Septembre, à Toulouse, jusqu’au 14 Octobre.
Il y a, en fait, deux manifestations assez différentes, l’une consacrée à la jeune scène française, dont je parlerai demain, et, au Réfectoire des Jacobins, cet ensemble, Hamsterwheel: à l’initiative de Franz West, une vingtaine d’artistes cooptés, plutôt confirmés, se font plaisir et présentent eux-mêmes leurs pièces ensemble. Ils l’ont fait à Venise et vont le refaire à Barcelone cet automne.
Or, d’abord, c’est une salle exiguë, étroite et haute, où les pièces ne respirent pas, où on manque du recul nécessaire. Dans cette confusion, seules surnagent les installations géantes, celles qui occupent réellement l’espace, qui s’élancent vers les voûtes. Et d’abord les arches de bois des Autrichiens de Gelitin, qui enjambent le tout, jaillissent et s’interpénètrent. Un duo existe aussi par lui-même, une grande surface orangée de Bustamante, plate-forme un peu surélevée, béante en son centre (Lava II) au dessus de laquelle flotte un rhizome rouille d’Urs Fischer, Spinoza Rhapsody.
Mais les sièges-anus de Franz West (au premier plan sur la photo) paraissent écrasés, les sculptures kitsch de Sarah Lucas dérisoires, la pièce conceptuelle (une feuille de papier punaisée au mur, avec un contrat de fellation réciproque entre les deux artistes, mais hors de vue de l’acheteur : ceci est une pipe ?) de Marc Vives Munoz et David Bestue Guarch ne se remarque pas et l’installation discrète d’Ugo Rondinone est quasi invisible (mais heureusement pas inodore).
Heureusement, au fond, un peu à l’écart du tumulte, sur un écran vidéo, on voit le combat de deux sumos auréolés de lumière; sur une musique sirupeuse, ils exécutent un ballet d’une perfection absolue, se détachant sur le fond noir (et non pas fleuri comme sur cette médiocre photo provenant du catalogue). Leurs grimaces d’efforts se transforment en sourires, leur lutte en étreinte. Le montage est haché, fait de très courtes empoignades. La sensualité qui se dégage de ce film est émouvante, je n’aurais jamais attendu une telle charge érotique dans une telle scène. C’est Love Story, d’ Una Szeemann; bon sang ne saurait mentir. C’est de loin la plus belle pièce de cet ensemble.
La déception vient, non pas tant de la qualité des pièces (encore qu’on puisse se demander ce que font là les peintures trash de Tamouna Sirbiladze), mais plutôt du fatras, de l’absence de conception d’ensemble, de mise en valeur des pièces : les commissaires d’exposition peuvent aussi servir à quelque chose, au service des artistes, même si la voie est étroite.
Photo d’ensemble : crédit Philippe Migeat, courtoisie Printemps de Septembre.