Vous pensiez avoir déniché le petit coin tranquille, où paix et sérénité règnent, où seuls les chants des oiseaux et parfois du coq, rythmeraient votre journée. Vous aviez même peut-être un peu peur de vous ennuyer loin des aléas de la ville … Erreur! A la campagne, vous pouvez faire intrusion à votre insu (de votre plein gré, Tour de France oblige) au beau milieu de querelles ancestrales dont les protagonistes ont parfois oublié les origines.
Elles peuvent remonter au dernier remembrement et reposer sur l’échange inaccepté d’un arpent de mauvaise terre; elles peuvent se confondre avec le déplacement unilatéral et sans géomètre d’un bornage de propriété, où bien à l’utilisation abusive
Le cimetière a bien souvent digéré les ossements des protagonistes du début, mais les fils et les filles veillent à l’entretien de la flamme. La querelle campagnarde occupe le temps et l’énergie de toute une journée, toujours en toile de fond; elle se transmet à l’image d’un véritable “patrimoine“.
Surtout ne pas s’en mêler, même si vous êtes du pays, même si vous êtes ami des deux protagonistes, surtout si vous êtes des amis … Faites semblant de n’avoir rien vu ni entendu; ne penez pas le risque d’être désigné comme “arbitre“! Vous auriez rapidement les deux protagonistes sur le dos en parfaite entente retrouvée pour vous agonir de sottises.
Il est impossible de comprendre; il faut des gènes appropriés pour saisir les subtilités de cette querelle.
Il faut des générations et encore plus pour pouvoir en envisager toutes les subtilités. Si c’était le cas, le simple intérêt serait encore de détourner votre attention d’un rituel qui fait vivre et que l’on vous reprocherait d’avoir compromis par trop de compréhension et de diplomatie.
La querelle de campagne est chose sacrée, elle appartient en toute propriété à ceux qui là font vivre et en vivent. Il vous est interdit de les spolier.