De la citoyenneté

Publié le 08 juillet 2009 par Marc Lenot

L’été est propice à des éclipses, à des absences et ce blog sera un peu irrégulier, avec, parfois, des salves en série, comme dans les jours qui viennent, et parfois des silences.

Au Jeu de Paume (jusqu’au 27 septembre), en bas, deux ensembles de vidéos de la roumaine Irina Botea sur ce qui constitue une identité collective, une nation, une citoyenneté. La première, que j’avais déjà vue à Berlin, s’insère dans le thème de la reconstitution, du ‘re-enactment’ : comment un événement fondateur (ici certaines des péripéties de la chute de Ceaucescu) peut-il être revisité et reconstruit ? Des jeunes Américains rejouent seize ans plus tard sans comprendre les mots qu’ils prononcent, gauches et empruntés, puis enhardis et passionnés. Comment rejoue-t-on, acteur, un événement étranger dans une langue inconnue, comment s’approprie-t-on l’histoire d’un autre ? Que reste-t-il d’essentiel, quelle force conservent gestes et mots quand on les transpose ? (Auditions for a Revolution).

Votre sentiment quant à l’autre vidéo dépendra du moment où vous commencerez à voir cette suite d’une dizaine de courtes séquences. J’ai personnellement eu la chance d’éclater de rire en entrant dans la salle et en voyant ce choeur de jeunes gens dirigés par un chef sous amphétamines émettre des onomatopées diverses entrecoupées de mots incompréhensibles (des noms de villages roumains, apparemment) chantées sur une musique martiale. Irina Botea a réalisé une quinzaine d’hymnes nationaux possibles pour la Roumanie nouvelle, avec l’aide de poètes et de musiciens. Si quelques-uns semblent suivre les lois du genre, invocations patriotiques et musiques entraînantes, et ne dérident que par les mimiques des chanteurs, d’autres sont franchement déjantés, surréalistes, maldororiens ou hilarants. Comment écrit-on un hymne national aujourd’hui ? Au delà de la dérision, qu’est le sentiment national, qu’est l’identité d’un peuple ? (Before a National Anthem)