Attention à la langue qui, d’un mot, fait chose porteuse à nouveau du temps, déborde le mot, alors même que sur lui elle se sera arrêtée. La relation à établir est rapport à un autre mot, et à quelqu’un d’autre, et à monde — qui n’est ni autre ni mot. Et pas de relations sans l’espacement qui plus d’une fois aura semé son lecteur. Mais se souvient-on du philosophe — réactionnaire, qui, à propos de route à élargir, voici près de deux siècles, a pu avancer que pour réunir les hommes il ne faut pas les rapprocher ?
Place dans la phrase — c’est l’air du vide — au destinataire anticipé. Mais je n’attendrai pas, pour me prononcer, que celui-ci soit en vue. Pour l’un et l’autre la place — et par défaut souvent, c’est l’air. De l’air sur laquelle la phrase sans répondant, plutôt que sur une saturation meurtrière, à l’occasion peut donner. Et si, de façon plus générale encore, on parle d’air, lieu des concentrations d’usage qui par endroits ont fini par en faire un déchet — plus ou moins irrespirable, et totalement parfois, je crois que l’on ne se sera pas écarté du sujet. Ou bien l’on s’en écarte une fois pour toutes. Homère est loin. Mais pourquoi, oui, pourquoi alors respirer ?
André du Bouchet, Matière de l’interlocuteur, Fata Morgana, 1992, p. 12.
Contribution de Tristan Hordé