Un nouveau G8 a débuté mercredi. Ou plutôt un G7, puisque le président-dictateur chinois Hu Jintao a dû repartir précipitamment en Chine pour cause d'émeutes ouïgours à réprimer. On aurait bien aimer connaître les réactions occidentales sur la répression en cours en Chine. Ce G7 est une opération de communication, plus qu'autre chose, une cérémonie pour signifier aux peuples du monde que les "7 Grands" pensent à eux. A l'Aquila, cette ville italienne qui perdit plus de 200 habitants il y a quelques mois, Silvio Berlusconi a mis les petits plats dans les grands pour sensibiliser l'émotion de ses hôtes.
"Un G8 pour sauver le monde ?"
C'est le titre d'un article de 20minutes. Les dirigeants des 7 plus grandes puissances du monde veulent parler de crise économique, du climat, de terrorisme, de prolifération nucléaire, et même de la faim dans le monde. Vaste programme ! Avec la Chine, ils pèsent 13% de la population et 40% des émissions mondiales. Ils sont rassurés par le récent rapprochement entre la Russie et les Etats Unis, suite à la visite de Barack Obama chez son homologue russe. Les présidents américain et russe ont jeté les bases d'un nouveau dialogue il y a quelques jours. Rien de bien concret y a été décidé, mais les deux pays jouaient gros. Dans Rossikaïa Gazeta, un journal proche du gouvernement russe, un expert était plutôt satisfait : "la Russie et les Etats-Unis ne se sont pas transformés en partenaires ou alliés stratégiques", mais "une visite ratée et improductive pouvait fermer pour longtemps la possibilité d'un redémarrage et ce ne fut pas le cas à Moscou. Au contraire, la fenêtre des possibiltés s'est ouverte de manière beaucoup plus large. C'est en soi un acquis important si l'on tient compte de l'état des relations russo-américaines. Aujourd'hui, les attentes mutuelles sont plus réalistes." Barack Obama s'est même permis d'encourager les opposants à la dictature poutinienne, un geste relevé par le quotidien d'opposition Gazeta.ru.
Nicolas Sarkozy démarre modeste
Ce G8 a mal commencé pour Nicolas Sarkozy. Son avion a dû tourné en rond au-dessus du petit aéroport local, le temps que Barack Obama se pose. L'organisation de ce G8 à l'Aquila est, paraît-il, un "cauchemar logistique". Sur le fonds, la feuille de route française est connue. On va parler régulation financière et surtout "paradis fiscaux". Sur place, Sarkozy est resté plutôt économe en paroles et déclarations. Son homologue italien a joué la carte de la compassion: il a dévoilé que les membres du G8 lanceraient une initiative contre la faim dans le monde d'un montant de «10 à 15 milliards» de dollars. Il partage avec son voisin français un rare optimisme sur la récession, considérant que la crise "dans son aspect le plus dur était derrière nous".
Sarkozy parade également par épouse interposée. On attendait avec impatience la venue de Carla Bruni-Sarkozy dans son pays natal pour une telle visite officielle. Elle a finalement snobé le programme prévu, n'arrivant que jeudi soir, pour aller ensuite visiter, le lendemain, la zone dévastée par le tremblement de terre. Le Figaro nous a même prévenu qu'elle "fera également une donation, par l'intermédiaire de sa fondation, pour la reconstruction de l'hôpital" de la ville dévastée. Carla Bruni, Lady Die, même combat ? L'épouse du chef de l'Etat sert aussi la soupe à son président de mari. Comme "le sida en Afrique, c'est mal", elle a publié une tribune dans le quotidien (de gauche) britannique "The Guardian" exhortant les dirigeants du G8 à maintenir leur soutien aux programmes de santé en Afrique, notamment en matière de lutte contre le SIDA et la tuberculose: "Les investissements en matière de santé réduisent les inégalités cependant, et dans une période de difficultés économiques, ils sont plus importants que jamais pour préserver la stabilité sociale".
Enervé d'être à l'ombre, Nicolas a demandé à ses services de publier un communiqué en fin d'après midi. Un communiqué sur les discussions intervenues avec les syndicats il y a ... 10 jours. Outre que ce communiqué est hors sujet, sa lecture est hallucinante. Nicolas Sarkozy n'annonce rien, mais sur 4 pages. Lisez vous-même.
Tartufferie écolo
En fanfare, le G8 a publié son premier communiqué dans l'après midi de mercredi, promettant de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050 et de les réduire de 80% ou plus pour les pays industrialisés. Mais surprise, l'année de référence pour calculer cette réduction éventuelle... n'est pas précisée ! Pire, la Russie, par la bouche du conseiller économique du président Medvedev, a dénoncé le caractère "inacceptable et probablement hors d'atteinte" de ces objectifs. Et la veille, le le Forum des Principales économies (MEF), qui réunissait des représentants du G8 et des pays émergents, avait ... refusé toute annonce datée et quantifiée de réduction des émissions mondiales. Fredrik Reinfeldt, le premier ministre suédois dont le pays a pris la présidence de l'UE le 1er juillet, est tristement lucide : "2050 compte aussi, mais regardons les choses en face: la plupart des politiciens (actuels) ne seront plus là à cette date".
Pour protester contre cette tartufferie, Greenpeace a symboliquement occupé quelques stations services italiennes proches de l'Aquila.
Mercredi soir, le G8 lâchait son communiqué sur la crise économique. Ses dirigeants sont donc ... "prudents" ("La situation reste incertaine et des risques importants continuent de peser sur la stabilité économique et financière"), inquiets ("Les effets de la crise économique sur les marchés du travail peuvent remettre en cause la stabilité sociale") mais "confiants" car ils vont encore réfléchir à des "stratégies de sortie de crise". Gordon Brown a précisé que les membres du G8 veulent stabiliser les prix du pétrole, et qu'ils ont demandé à l'OMC de surveiller les tentations protectionistes.
Patience, ...
Il nous reste encore la faim dans le monde, le terrorisme, et la prolifération nucléaire. Plus que 48 heures.&alt;=rss