Avec Le chant des pistes nous parcourons l'Australie, non pas un pays mais un continent où la trace des premiers hommes interroge l'écrivain sur nos origines. Quant au titre du livre il fait référence à l'enquête menée sur le terrain pour comprendre la théorie des aborigènes qui veut que « lors de sa traversée du pays, chaque ancêtre avait laissé dans son sillage une suite de mots et de notes de musique et comment ces pistes de rêve formaient dans tout le pays des « voies » de communications entre les tribus les plus éloignées. Un chant était à la fois une carte et un topo-guide. Pour peu que vous connaissiez le chant, vous pouviez toujours vous repérer sur le terrain. »
Expert en arts, Bruce Chatwin ne manque pas de s'intéresser aux peintures rupestres et aux tableaux peints par les artistes locaux qui sous un abord naïf recèlent des pans de l'histoire de l'humanité. Un grand livre de voyage mais surtout une ode à l'humanité et une passerelle entre les cultures des quatre coins du monde, dont les similitudes identifiables ne peuvent que prouver nos origines communes.
« Les psychiatres, les politiciens, les tyrans nous assurent depuis toujours que la vie vagabonde est un comportement aberrant, une névrose, une forme d'expression des frustrations sexuelles, une maladie qui, dans l'intérêt de la civilisation, doit être combattue. Les propagandistes nazis affirmaient que les Tsiganes et les Juifs -peuples possédant le voyage dans leurs gènes- n'avaient pas leur place dans un Reich stable. Cependant à l'Est, on conserve toujours ce concept, jadis universel, selon lequel le voyage rétablit l'harmonie originelle qui existait entre l'homme et l'univers. »
Bruce Chatwin Le chant des pistes Le Livre de Poche