Le pitch : Boris Yellnikoff, génie de physique « presque Nobélisé », divorcé, râleur (le mot est faible), hypocondriaque (Woody en pire…), mauvais candidat au suicide et furieusement suffisant rencontre un soir Melody, une blondinette échappée de l’ultra-conformisme asphyxiant de ses parents et de son Mississipi natal. Rencontre improbable, la jeune fille et l’ours mal léché cohabitent et finissent par s’apprivoiser. Un conte de fées ? Pourquoi pas…
Mais cette jolie fable est ponctuée par les édifiantes théories de Boris sur tout et rien. Ne serait-ce que le lavage des mains qui prend une dimension incantatoire, c’est dire… Ou quand les protons et l’échelle cosmique se mêlent des rapports humains.
Je ne déflorerai pas le film (Orange Mécanique ne l’a pas vu et je ne veux pas risquer un lynchage en règle…) mais j’avoue avoir adoré la théorie de l’entropie. Kezako ?
Renseignement pris (mais version simplissime ne m’en demandez pas trop), il s’agit d’une notion de physique qui se rapporte à l'ordre et au désordre (j'ai dit simplissime). Reprenant à son compte les enseignements de son génie de mari (200 de QI quand même !), Melody l’illustre par l’affaire, qui fait rage dans toutes les salles de bains depuis son invention, du tube de dentifrice. L’entropie c’est ce qui fait que quand le dentifrice est sorti du tube, il n’y a aucune chance de l’y remettre. En gros, quand un élément bouge quelque part, on ne choisit pas le moment ni les circonstances mais il va bien falloir faire avec le nouvel ordre des choses, le processus est irréversible.
Il en va ainsi des rapports humains selon l’ami Boris. C’est pourquoi deux esprits si éloignés au départ (différence d’âge, origine géographique, doctorat de physique contre « master es majorette ») se croisent, contre toute attente.
Conte de fées disais-je. Qu’il s’agisse de l’entropie selon Melody, de l’effet papillon, du hasard ou du destin (qu’importe son nom), quand il se passe quelque chose, quand LA rencontre se produit, rien ne sera plus jamais comme avant et même le grinchissime Boris doit se plier à la règle.
Woody Allen passe du côté optimiste de la force ? Et alors ? « Du moment que ça marche ».
Magazine Cinéma
Effet de crise ou coup de génie ? L’excellent Woody Allen exhume un scénario vieux de près de 30 ans, le dépoussière et en fait son dernier petit bijou. Ou comment, quand c’est le (bon ?) moment, tout peut arriver ?