Pièce de théâtre - 80 pagesEditions de Minuit - Mai 1988
Tir s'est blessé à la jambe pendant sa garnison. Lir a attrapé un sale microbe dont elle ne se remet pas. La réaction des parents est étrange : pressés de les revoir, mais angoissés aussi à l'idée de bouleverser leur quotidien par ces présences dont ils n'auraient plus la force de profiter. Leurs enfants ont besoin d'eux et ils ne les aident que par les lettres-réponses que Mub rédige. car Mab, la mère, est illétrée.Mab et Mub vieillissent seuls, loin de leurs enfants, Tir et Lir. Leur vie est rythmée par les lettres qu'ils reçoivent d'eux chaque lundi, et celle que Mub, le père, leur écrit en réponse. D'abord attendus avec impatience, les lundis deviennent de plus en plus redoutés à mesure que les nouvelles se font mauvaises : Tir comme Lir sont souffrants.
Extrait : "MAB. - Tir a raison, pour une malchance, c'est une malchance. Qu'est-ce qu'il va faire ? A part s'engager, il n'est capable de rien. On ne peut pas le recevoir ici, on est trop malade. Tu as déjà bien assez à faire rien qu'à me soigner. Avec tes jambes, un rien te fatigue maintenant. Tu n'auras jamais la force de t'occuper de Tir. Un convalescent, ça demande des soins. On a perdu l'habitude de le voir depuis le temps qu'il est parti. Pourquoi dit-il qu'il va revenir ? Je ne m'y attendais pas. Tir allait si bien, il nous écrivait de si belles lettres. Lis-moi vite la lettre de Lir, que je pense à autre chose.MUB. - Moi aussi, je suis tout remué. Il ne nous faut plus d'émotion."Cette pièce de théâtre est un huis clos aux personnages à la fois grotesques et tragiques. Agréable à lire, le scénario est finalement moins léger qu'il n'y paraît, et l'on en vient à douter de la bonne foi de ces parents qui épanchent leurs sentiments, et de Mub qui pourrait très bien avoir écrit lui-même toutes ces lettres... Un tout petit ouvrage sans prétention qui ne déçoit pas. J'ai bien envie de lire Diego de la même auteure. [merci Anne de Rennes !]