Ella Maillart est la voyageuse romancière que je préfère. Suissesse passionnée d’Asie, exploratrice, photographe, écrivain et journaliste, elle est reconnue pour ses multiples exploits sportifs, ses voyages et ses livres.
C’est son deuxième voyage dans cette région : trois ans plus tôt, elle parcourt le Turkestan soviétique que les révolutionnaires tentent d’occidentaliser (Des Monts célestes aux sables rouges en est le récit).
En 1935, son souhait se réalise : elle revient sur ces terres qui lui sont chères. Elle veut savoir ce qui se passe dans cette région interdite au reste du monde. La Chine est alors en plein bouleversement entre Nationalistes et Communistes et le Turkestan chinois est en plein soulèvement.
Les centaines de kilomètres sont effectués de manière clandestine, entre train, bus et longues caravanes… L’aventurière voyage avec Peter Fleming, correspondant du Times. Leur vision du voyage diverse. Lui souhaite rentrer au plus vite à Londres, alors qu’elle se sent chez elle, sur ces routes inhospitalières mais magnifiques.
Ce récit qui a fait rêver de nombreux voyageurs est intemporel : les descriptions des paysages et des peuples rencontrés sont poétiques sans pour autant être utopiques. Ella Maillart est consciente de sa situation de voyageuse, elle est critique sur elle même et ne se pose jamais en conquérante ou supérieure.
C’est au contraire un regard plein de curiosité, dans la recherche de la compréhension de soi même et de ce qu’il l’entoure qu’elle nous livre. Une philosophie et un questionnement sur le voyage toujours d’actualité.
« Le bonheur, le voilà : cette ivresse que crée un instant d’équilibre entre un passé qui nous satisfait et un avenir immédiat riche de promesses ».
Les éclairages géopolitiques d’une Asie centrale méconnue sont aussi pertinents. Les régions traversées sont ici décrites et commentées comme elles le sont trop rarement. Oasis interdites est avant tout une invitation au voyage qui influencera encore beaucoup de voyageurs…