La « motadine » expérience, est-ce assez fatigant comme exigence à entendre pour les jeunes travailleurs ou diplômés ? Partout, on nous rabat les oreilles avec le manque de travailleurs présents et futurs… on nous dit d’aller nous qualifier, d’aller nous former, d’aller nous instruire pour que nous soyons prêts à prendre la place de nos aînés sur le marché du travail. On nous dit d’être prêts, que les emplois vont apparaître par milliers sur le marché et que même les employés auront l’embarras du choix pour se choisir un employeur… Maintenant, le constat avec la réalité ?
Très différent, décevant et surtout décourageant pour notre société comme pour les jeunes travailleurs. Regardez les offres d’emploi un peu partout et essayez d’en trouver n’exigeant aucune expérience. Vous allez sûrement y arriver, mais ce n’est pas ce type qui fait légion dans les rubriques. La majorité des organisations sont en chasse pour des travailleurs avec 2-3-5-7 ans d’expériences professionnelles. C’est à croire que le discours alarmiste que plusieurs acteurs de notre société nous répètent sans cesse au sujet de la relève professionnelle ne s’est pas rendu à un détenteur d’enjeux crucial dans cette saga, soit les employeurs.
Certains diront que le contexte économique n’est pas favorable, d’autres diront que les jeunes n’ont pas à s’attendre à des cadeaux pour leur entrée sur le marché du travail ou même encore qu’ils n’ont qu’à s’armer de patience comme tous ceux qui ont passé par cette étape avant eux… Le Chien de garde du Québec n’est pas en accord avec ces affirmations démagogiques.
Il est important que les organisations commencent à comprendre que leur main-d’œuvre est vieillissante et surtout qu’il faudra un jour penser à la renouveler. Par ailleurs, en tout logiques, ces organisations devront aussi comprendre qu’il est dans leur intérêt de commencer à s’y intéresser le plus tôt possible. Après tout, il est prouvé qu’une relève ne se forme pas en quelques semaines, mais bien plutôt en quelques années…
Dans le cas où rien ne serait réglé, on serait alors en droit de se poser des questions tout à fait légitimes en tant que société ?
Comment pourra-t-on espérer rester une société égalitaire, juste et socialement responsable si nous ne sommes même pas capables d’appliquer le concept de l’équité intergénérationnelle dans notre milieu professionnel ? Comment espérer que le Québec sorte gagnant de la présente crise économique et des suivantes ? Comment espérer que notre société continuera à être compétitive avec les autres nations de ce monde au jeu de la mondialisation ? Comment espérer un jour arriver à laisser un monde meilleur à nos enfants si nous-mêmes, les enfants de nos parents, on n’arrive même pas à se placer les pieds ?
Finalement, la seule question véritablement pertinente à répondre est celle-ci : comment faire pour acquérir de l’expérience professionnelle si personne n’est partant pour laisser la chance au coureur ? Si quelqu’un connaît la réponse, dites-le haut et fort… Clamez-le sur toutes les tribunes afin que tous les concernés puissent enfin capter le truc leur permettant de faire leur entrée sur le marché du travail dit professionnel. Cela nous donnera peut-être une chance comme société de faire en sorte que les belles paroles de nos décideurs, soit nos parents, puissent enfin trouver un écho dans la réalité.