Chronique du lundi 22 juin 2009.
L’équipe de France version 2009 ne réussira pas l’exploit de celle de 1994. La victoire a semblé toute proche dans ce second test mais les joueurs Français n’ont finalement pas pu inverser la tendance sur la fin de match. Explications.
De fortes similitudes avec 1994 :
Après la victoire lors du premier test, que ce soit en 1994 ou en 2009, les joueurs Français étaient dans les mêmes conditions au moment de retrouver leurs adversaires. Ils ont dû faire face à une équipe Néo-zélandaise humiliée, décidée à prendre sa revanche. Que ce soit à Auckland en 1994 ou ce week-end à Wellington, la détermination des Néo-Zélandais a été la même. Décidés de faire payer aux Français leur affront, les All Blacks ont mis de la détermination dans chaque phase de combat. Les avants à la fougère ont pesé sur les débats grâce notamment à l’engagement de Mealamu ou de la troisième ligne avec Kaino et Read. Il y avait de la bravoure côté Blacks. Les joueurs français n’avaient alors qu’une solution, faire le dos rond en étant bien installé en défense et en cédant le moins possible. C’est ce qui s’est très bien passé en première mi-temps avec seulement 8 points de marqués pour les Blacks. Malgré la domination adverse, les Français pouvaient se montrer satisfaits. Ils n’avaient pas cédé plus que de raison et restaient totalement dans le match. C’est vrai qu’en 1994, grâce à une interception de N’Tamack, les Bleus étaient devant au score 13 à 9 mais, là aussi, rien n’était fait et les Néo-zélandais avaient les moyens de l’emporter.
Dès la reprise, l’essai de Cédric Heymans vient remettre la France à 1 point de son adversaire et relance complètement le match. Les Blacks vont beau reprendre un peu d’avance 14 à 7, la rencontre reste disputée et Dimitri Yachvili ramène son équipe à 4 points. Un essai suffit pour passer devant et coiffer sur le poteau les Néo-Zélandais qui ne sont pas serein en cette fin de match. Comme en 1994, l’exploit est possible et on se dit que les trois-quarts Français ont le talent avec eux. Mais, malheureusement, cette fois, cela ne passera pas ! Qu’est ce qui a bien pu manquer aux joueurs Français ?
Un monde d’écart entre les 2 périodes :
Si l’on analyse les 2 matchs à 15 ans d’écart, il ressort 2 choses : la première est évidemment liée aux conditions météorologiques. En jouant à Auckland en 1994, les Français avaient évité la pluie là, où, à Wellington, elle était omniprésente. Ce n’est pas sûr du tout que le fameux essai du bout du monde ait été marqué si la météo avait été aussi mauvaise, ce jour-là ! D’autre part, le niveau physique des 2 équipes est bien différent d’une époque à l’autre. En 1994, les Français finissaient une tournée de 6 semaines pendant laquelle ils avaient pu travailler physiquement au sortir d’une saison longue mais pas aussi épuisante que celles actuelles. Les Bleus version 2009 arrivent dans l’hémisphère Sud directement pour jouer des tests matchs et les organismes restent sur les fatigues de fin de saison. Si la plupart des joueurs avaient retrouvé un peu de fraîcheur pour le premier test, cela ne semblait plus trop être le cas à la fin du 2ième. Là où les Français de 1994 avaient été capables de mettre un coup d’accélérateur voire même plusieurs dans les dernières minutes, ceux de 2009 n’avaient plus les moyens de le faire. Et ce, d’autant plus que leurs adversaires étaient bien physiquement. Autant en 1994, les Blacks étaient en début de saison et manquaient encore de rythme, autant ceux de 2009 arrivaient bien préparé physiquement par le Super 14, ce qui leur a permis de ne pas lâcher dans les dernières minutes du 2nd test.
D’autre part, les Français étaient venus sans un certain nombre de joueurs cadres comme Nallet, Harinordoquy, Tillous-Bordes, Parra, Skréla ( qui aurait été un plus dans ces conditions de jeu ), Rougerie, Malzieu ce qui commence à faire beaucoup même si les présents ont sacrement répondu aux attentes ! C’est la loi du rugby actuel où les Tournées de juin passent bien après l’ensemble des objectifs de la saison et là aussi, existe des différences avec les années 1990 où les tournées permettaient de bâtir un groupe et de construire en perspective de la Coupe du Monde. C’était même le seul moment où l’entraîneur national pouvait travailler dans la durée avec ses joueurs.
Maintenant, les tournées ne représentent plus qu’un passage obligatoire de fin de saison. Elles ne sont plus assez longues pour permettre de travailler de manière importante et les joueurs sont physiquement déjà en attente des vacances. C’est d’ailleurs un énorme problème pour l’équipe de France qui n’a presque plus de fenêtre de travail en dehors des matchs alors que l’ensemble de ses concurrents a mis en place des planning d’entraînement saison après saison.
C’est le dernier point pour expliquer la différence entre 1994 et 2009. En étant aujourd’hui au niveau de la 8ième nation mondiale à cause, principalement, du manque de structure et de stratégie au service de cette équipe, l’équipe de France peut toujours prétendre à l’exploit mais ne peut plus prétendre remporter une série complète de match contre des adversaires classés dans les 4 premières nations. En 1994, malgré des résultats pas toujours cohérents, l’équipe de France était proche des meilleures équipes, capable de remporter les test-series en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande. Comme il n’y a toujours pas de stratégie au service de l’équipe nationale, le rugby français ne peut prétendre battre 2 fois de suite la Nouvelle-Zélande et ce, même si la sélection All black présente était d’un niveau bien faible par rapport à bien de ces devancières…