Début juillet se tient traditionnellement le festival de la correspondance à Grignan, j'en avais déjà un peu parlé l'année dernière à la même époque ici.
Cette année le thème du festival était "Voyages en Italie". Comme chaque année, nombre de personnalités ont présenté des lectures et des spectacles durant 4 jours dans la cour de la collégiale, la cour du tricastin ou encore au jardin des lettres. Par ici le programme...
J'ai assisté samedi à une lecture de lettres d'Arthur Rimbaud "Arthur Rimbaud, le coeur supplicié". lettres écrites par l'homme aux semelles de vent qui jalonnent la vie de l'écrivain retraçant sa jeunesse et son brillant parcours scolaire, sa rencontre avec Verlaine, ses errances, ses voyages, l'ennui, la déchéance et la mort...
Je n'ai rien appris de plus sur cet auteur que je ne savais déjà (mis à part le fait qu'il est mort un 10 novembre jour de ma naissance!) mais les lettres étaient drôles, riches et émouvantes et lues par un comédien dont j'aime beaucoup la voix entre autres ...
Un petit bémol quand même: ce spectacle avait lieu à 12h15 dans la cour de la collégiale par une chaleur accablante à la limite du supportable. De nombreuses personnes incommodées ont dû quitter les gradins avant la fin et d'autres se placer carrément sous les escaliers à l'ombre ne voyant bien entendu rien de la représentation!
Pour information la T° ce jour-là à l'ombre à midi était de 33°alors au soleil, sans nuage et sans mistral... Inutile de préciser que cela m'a permis de parfaire mon bronzage! Merci Arthur Bruno...
Peut- être que pour les années suivantes l'organisation du festival décidera de remédier à ce problème en couvrant les gradins (cela devrait pouvoir se faire assez facilement, on le faisait déjà à l'époque romaine dans des arènes beaucoup plus vastes...) A méditer...
Voici pour finir, un poème de Rimbaud écrit en octobre 1870, il a 16 ans...
Au Cabaret-Vert
cinq heures du soir
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
− Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. − Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
− Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! −
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, − et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.