Magazine Culture

Poezibao a reçu (samedi 2 septembre 2007)

Par Florence Trocmé

Rappel : ces présentations sont faites le plus souvent à partir des éléments fournis par les éditeurs.

Auxemry • Auxeméry
Les animaux industrieux
Flammarion, 2007
192 p, 18,5 euros, isbn : 978-2-0812-0090-6

A l’inverse des deux volumes qui réunissaient son œuvre antérieure – et qui offraient un savant mélange, une chambre d’échos aux registres variés –, Les animaux industrieux se présentent presque comme un poème d’un seul tenant, série de fragments qui s’enchaînent et se répondent d’un long texte perdu dont il ne resterait aujourd’hui que des éclats. La forme retenue – blocs de strophes et vers isolés – en conservent l’incandescence : méditation sur une vie et un monde qui se délitent en une vision empreinte d’un pessimisme lucide.
Né en 1947, Auxeméry a quitté la France au début des années 70 et il a vécu 10 ans en Afrique. Depuis son retour en Europe, il vit au bord de l’Atlantique. Il a traduit de très nombreux poètes américains, W.C. Williams, Charles Reznikoff (sa traduction d’Holocauste va paraître sous peu) ; H.D., Ezra Pound, Nathaniel Tarn et surtout Charles Olson, auquel il a dédié une partie de sa vie. Son œuvre personnelle témoigne de ses périples à travers le monde et dans les lointains méandres de sa bibliothèque. L’essentiel en a été regroupé dans Parafe, 1994 et Codex, 2001, chez Flammarion

qui ne voit
             c’est la huppe qui parle

                      qui ne voit que la couleur des choses

                      n’en connaît pas le poids,

                      ni ne saurait prétendre
                      apprécier le poids de son propre cœur –

tous les joyaux de sont pas des pierres colorées, mais la pierre

             qui dort & vit & te rêve en ton cœur,

                                                       elle seule, si légère,

a du poids, & son prix ne dépend nullement de ses moirures

Baudelaire • Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal
Sous coffret avec CD 12 titres de Jean-Louis Murat, sur des mélodies inédites de Léo Ferré
Hors-série Poésie / Gallimard en association avec V2 Music
En librairie le 11 octobre 2007.
Livres, 362 p + cahier spécial de 8 p. + CD sous coffret
isbn : 978207034894 7, 21 euros

A l’occasion du 150e anniversaire de la première édition des Fleurs du Mal et du procès retentissant qu’elle a suscité.
Le livre comporte l’édition complète établie par Claude Pichois, augmentée d’un cahier de 8 pages présenté par André Velter et comportant des reproductions des manuscrits de Baudelaire et un tapuscrit de Léo Ferré

Inventaire_des_choses • L’inventaire des choses
Une anthologie de poésie contemporaine
Collection biennale internationale des poètes en Val-de-Marne
Édition Action poétique
Isbn : 978-2-85463-176-0, 15 euros

Cette anthologie de la neuvième biennale internationale des poètes en Val-de-Marne s’oriente autour de quelques axes forts : le Moyen-Orient arabe, les poètes lusophones, la francophonie, les voix européennes et les nouvelles formes poétiques. Se trouvent ainsi dans ce livre des poètes du Mozambique, du Brésil, de Guinée-Bissau, du Cap Vert, d’Irak, du Liban, de Syrie, de Jordanie, d’Estonie, d’Angleterre, de Catalogne, du Portugal, des USA, de Sao Tomé, d’Angola, d’Autriche.
Note de Poezibao : A signaler aussi tout particulièrement l’espace consacré au collectif « Territoires observables » créé en 2003 sou l’impulsion des poètes numériques avec les poètes Philippe Bootz, Patrick-Henri Burgaud, Philippe Castellin, Alexandre Gherban. On peut dire que la plus grande ouverture préside au travail de la biennale et de cette publication, ouverture sur les poésies du monde entier, et singulièrement des pays très rarement représentés dans les rencontres de poésie et ouverture sur les nouveaux territoires de la poésie.

Poezibao avait salué en son temps la naissance d’une nouvelle collection de poésie en poche, sorte de sœur, différente et complémentaire de la célèbre Poésie / Gallimard. C’est une vraie salve de Points Poésie qui vient d’être tirée avec pas moins de quatre livres qui tout de suite paraissent indispensables à qui veut connaître la poésie et tout particulièrement, dans ces parutions d’automne, la poésie étrangère.

Hopkins • Gérard Manley Hopkins
Poèmes et proses, traduit de l’anglais et présenté par Pierre Leyris, édition bilingue
Points Poésie
Isbn : 9 782757 803394, 7 euros

Ce volume rassemble des poèmes et des proses du grand poète victorien G.M.Hopkins, dans la très reconnue traduction de Pierre Leyris qui met en lumière toute la tension et l’invention de cette œuvre visionnaire. Le choix de poèmes, dont le célèbre Naufrage du Deutschland, chef d’œuvre de la maturité, est accompagné par des fragments de journal, sermons et lettres qui racontent l’âme du poète, écartelée en son amour de la poésie et les exigences de son sacerdoce.

Né en 1844 dans l’Essex, en Angleterre, G.M. Hopkins abjure le protestantisme et devient prêtre en 1874. Il enseigne le grec à l’Université de Dublin où il meurt en 1889. Sa poésie aura une influence décisive sur toute une génération de poètes anglo-saxons, notamment T.S. Eliot, Wystan H. Auden et Dylan Thomas.

Posie_espagnole • Poésie Espagnole
Anthologie 1945-1990, choix, traduction de l’espagnol et présentation de Claude de Frayssinet.
Points Poésie
isbn : 9 782757 804001, 9 euros

Les poètes espagnols d’après-guerre oscillent entre le désir de s’engager et celui de tourner le dos aux idéologies pour s’adonner en toute liberté à leur art. De la « génération 50 » aux novisimos, ils s’expriment selon des orientations très diverses. Parmi les 34 poètes choisis, on peut citer Carlos Edmundo de Ory, José Agustin Goytisolo, José Angel Valente, Antonio Gamoneda, Pere Gimferrer ou encore Jaimes Siles. Cette anthologie a fait le choix de donner à chaque auteur une place suffisante afin que le lecteur puisse véritablement entendre la voix de ces grands représentants de la poésie espagnole contemporaine.

Note de Poezibao : un seul regret, cette anthologie n’est pas bilingue. 

Williams • William Carlos Williams
Asphodèle, suivi de Tableaux d’après Bruegel
isbn : 9 782757 803349, 7,50 euros
traduit de l’anglais (États-Unis) et présenté par Alain Pailler, édition bilingue.
Sont ici proposés les deux derniers recueils parus du vivant de William Carlos Williams. Asphodèle, composé pour sa femme Flossie est le poème d’un amour infini et Tableaux d’après Bruegel interroge la figuration picturale et propose un dialogue entre l’homme et l’univers dans lequel le poète cherche à rendre compte non pas d’une « essence […] mais d’une réalité sensuelle » du monde.
William Carlos Williams (1883-1963)

Dickinson • Emily Dickinson
Lieu-dit l’éternité, poème choisis
Traduit de l’anglais (États-Unis) et présenté par Patrick Remaux, édition bilingue.
isbn : 9 782757 806654, 7,80 euros

Ce volume réunit plus de cent cinquante poèmes d’Emily Dickinson.
Note de Poezibao : Il s’ouvre par une classique préface où Patrick Reumaux présente Emily et son œuvre mais se termine, moins classiquement,  par une postface du même, intitulée « Notules sur Emily » et dont j’extrais ce texte :

« Meudon. Un après-midi d’hiver. Du feu dans le vaste bureau de Pierre Leyris, tapissé de trésors de cuir, ses livres. Je lui ai apporté une poignée de poèmes. Pas simplement pour avoir son avis. Pour lui dire qu’ils me font peur. Lui non plus n’est pas rassuré. Me dit qu’il est dangereux de la fréquenter trop longtemps. Difficile de la traduire. A cause du ton. Passe pour le sens, obscur (parle-t-elle d’une tarte, de son chien, de l’éternité) mais le ton. Comment rendre le ton ?
Il farfouille dans un dossier et me tend trois poèmes en disant que depuis des années… des années…. cette voix….ce ton… Regarde, celui-ci, peut-être…
Je lis les rouges-gorges, le Cravaté de Rouge (The one in red Cravat). Aujourd’hui je sais ce qu’est cette cravate. Tout simplement le sens. Non pas la balle (la signification) que le poème envoie dans le langage mais l’extra-balle (l’instance paradoxale). La cravate du juge, celle du condamné. La cravate est la même. Les deux ont la corde au cou. Non pas le Cravaté de Rouge, mais l’Étranglé de Rouge.


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