Climat : chronique annoncée de la mort de Copenhague ? L'urgence absolue d’une nouvelle gouvernance climatique
A la veille du sommet du G8 à Aquila, les 8 pays membres du Forum des Economies Majeures, responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, ont renoncé à diviser par quatre leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport à 1990. Réaction de FNE.
Pour Sébastien Genest, Président de France Nature Environnement, fédération de 3000 associations de protection de la nature et de l’environnement : « Cet échec terrible est peut être la chronique annoncée de la mort du sommet de Copenhague. Nous sommes en colère car nous réclamons depuis longtemps une vraie réflexion sur la manière de négocier avant même de s’interroger sur le contenu des négociations. Cela fait des mois que nous tirons la sonnette l’alarme sur le problème de la gouvernance démocratie de ces négociations. Rien n’a été fait ! »
Sébastien Genest poursuit : « Qui a pensé à l’implication citoyenne ? Qui a pensé à la concertation avec les élus et les corps intermédiaires comme nos associations ? Qui a tiré les leçons des limites du Protocole de Kyoto ? Qui a pensé à la valeur juridique et à l’acceptabilité sociale de l’accord à signer à Copenhague ? Aujourd’hui, alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi pressante, nos dirigeants sont encore incapables de s’accorder sur le plus petit dénominateur commun».
Coup de tonnerre : les pays les plus pollueurs renoncent aux 50 % de réduction. Les leçons du protocole de Kyoto, dont les effets s’achèveront en 2012, doivent être tirées : il faut un objectif contraignant réellement ambitieux. L’objectif minimum et contraignant de 50% de réduction ne devrait même pas faire l’objet de discussions.
Les données scientifiques sont alarmantes : tout s’accélère tandis que la communauté internationale reste bloquée, incapable du minimum. Dans le projet de déclaration du MEF, l’objectif a été maintenu de limiter le réchauffement à +2°C par rapport au niveau pré-industriel. Or, d’après les données du GIEC, pour espérer atteindre l’objectif entre 2°C et 2,4°C, il faudra réduire les émissions mondiales de 50 à 85%. Pour espérer être en dessous des 2°C, il faudra réduire les émissions mondiales de plus de 85%. L’engagement perd donc tout son sens et toute sa crédibilité : soit les dirigeants des pays du MEF mentent, soit ils ne comprennent pas l’enjeu !
Eteindre la télé-réalité et changer de braquet. FNE déplore la personnification du débat actuel sur le dérèglement climatique qui n’est pas une question de personnes mais une question de démocratie. Pour FNE, le problème n’est pas de savoir qui fait pression sur qui mais bien quelle est l’implication des citoyens de ce monde en péril.
« Le film des négociations actuelles fait parfois penser à une mauvaise série de télé réalité. Le débat est personnifié à outrance sur quelques grands dirigeants qui se tapent sur l’épaule, promettent de faire leurs « homeworks » mais sont incapables de s’entendre ! On nage en plein storytelling ! Eteignons la télé réalité et regardons la réalité ! Seule la mobilisation citoyenne permettra de sortir de l’impasse et de tourner la page de Kyoto » déclare Arnaud Gossement, porte parole de France Nature Environnement.
FNE demande à ce que les citoyens ne soient pas les spectateurs mais les acteurs de la question centrale du dérèglement climatique. Il faut s’assurer du portage et de l’acceptabilité sociale des négociations en cours.
L’urgence absolue d’une nouvelle gouvernance climatique. Les négociations climatiques ne doivent pas être l’objet de petits marchés entre gouvernants et experts en oubliant les Parlements, les ONG, les citoyens dans leur ensemble : la méthode a largement montré ses limites.
Les négociations doivent prendre en compte des modes de gouvernance plus larges qui unissent Parlementaires et élus de la République, citoyens, organisations non gouvernementales et associations dans un effort commun pour stopper cette baisse d’ambition dramatique.