Tour de France 2009 : Impressions-du-contre la montre par équipe de Montpellier

Publié le 08 juillet 2009 par Julien Holtz

Le contre la montre part équipe est un art majeur qui s’est transformé hier à l’initiative des traceurs du parcours en un mélange de patinage artistique et de cascades cross country. Dès la prise d’antenne sur FranceTélévisions, Laurent Fignon, esthète de la spécialité, grommelait contre les incessants virages et leurs dangers afférants qui rendaient la route périlleuse à bien des endroits.

 


Un nombre incalculable de chutes

Toutes les trois minutes Thierry Adam annonçait une chute : Menchov (Rabobank), Ballan (Lampre), Bonnet et Haddou (Bbox Bouygues Telecom), Van Den Brocke (Silence Lotto), etc … Cela provient entre autre du revêtement (parfois aléatoire sur les petites routes), des dépots d’huiles et de graisses en tous genres sur la chaussée, et de l’étroitesse des routes, qui plus est très sinueuses !

Alors hier, nous avons vu quelques coureurs partir avec des vélo de course dits « normaux » (Bruseghin de la Lampre par exemple). Chez Bbox, Voeckler commentait même en disant que l’un des siens avait été plus agile avec le vélo normal dans les parties sinieuses. Normal bien entendu car les vélo de courses offrent une position un peu plus relevée que les vélos de contre-la-montre.

Sur ces routes sinueuses où les freinages étaient brusques, les roues carbone ne rendaient pas la tâche facile. Aux dire de Laurent Jalabert, la précision d’un freinage sur des jantes carbones est moindre comparée aux jantes alu.

Le cas de conscience : Attendre ou non un coureur distancé ?

La question s’est posée pour toutes les équipes pendant l’épreuve, dans 90% des cas elle était réglée dès le matin lors du briefing de l’équipe dans le bus des coureurs. La règle devait surement être : « on n’attend pas le 9ème ni le 8ème mais ensuite on commence à regarder ». Enfin tout dépend des objectifs affichés par l’équipe, vise-t-elle le général pour son leader ou seulement des victoires d’’étapes.

Dans le premier cas, il fallait faire le chrono « à bloc » et donc optimiser au maximum des faits de course en leur faveur : ne pas hésiter à se séparer d’un coureur qui affaiblissait l’effort collectif, laisser aux hommes forts le dosage de l’effort et la prise de responsabilité dans des relais longs et appuyés.

Dans le second cas, il fallait plutôt viser le collectif et donc terminer au complet en roulant moins vite pour éviter que des coureurs « sautent » avant les 2/3 du parcours. Car lorsqu’un coureur est lâché par son équipe, c’est là que cela devient dur pour lui car pour ne pas finir hors délai, il doit finir le chrono tout seul et à bloc ! … Alors qu’il s’était relevé car il n’en pouvait plus : Paradoxal n’est-ce pas ?

Plusieurs équipes hier se sont trouvées dans cette situation. Astana avec Rast, Muraviev ou Popovytch (des coureurs à préserver dans l’optique de la protection des leaders dans les prochaines étapes), O’Grady (Saxo Bank), etc … Cela peut être considéré comme l’impitoyable égoïsme des leaders et directeurs sportifs qui ne se soucieraient guère de leurs ouvriers … Mais en fait c’est la compétition qui veut ça. Dans le cyclisme, il faut sacrifier les faible au bénéfice des forts. C’est la loi de la jungle.

Le carton de l’équipe Astana

C’est là qu’on voit que Lance Armstrong est un grand champion. Peu importe qu’il soit au top de sa forme ou pas, il a la classe et le métier. Son expérience des grands événements et des grands enjeux lui a permis en 2 jours de revenir à quelques millièmes du maillot jaune. Le coup de bordure d’avant-hier, le super contre-la-montre hier.

L’équipe Astana a remporté le contre-la-montre par équipe, sans forcément le survoler ni atomiser la concurrence mais en faisant preuve d’une grande homogénéité et d’un coordination exemplaire durant toute l’épreuve. Lance Armstrong a réellement donné de sa personne en offrant des relais très appuyés, dans sa position caractéristique avec le dos bombé, presque plié en deux.

Lance Armstrong échoue à 1 seconde du maillot. Et c’est peut être une excellente affaire pour lui et surtout pour son équipe, qui n’aura pas à rouler (pour faire le tempo) et le protéger aujourd’hui jusqu’à Perpignan.