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Le MEDEF est " A la recherche des temps nouveaux " mais juge inopportun de vouloir légiférer sur la rémunération des dirigeants

Publié le 08 juillet 2009 par Slovar
MEDEF recherche temps nouveaux mais juge inopportun vouloir légiférer rémunération dirigeantsToucher au mode de rémunération des patrons, et puis quoi encore ?
Mises en cause par le rapport du député UMP Philippe Houillon, les rémunérations des patrons sont une fois de plus sur la sellette.
Et poutant, comme le déclare Laurence Parisot: Le MEDEF connait une "très bonne ambiance"
Ce qui, compte tenu de la situation, est une étonnante bonne nouvelle !
Et, une bonne nouvelle ne se loupe jamais en ces temps de morosité. C'est vrai que les chiffres du chômage et l'endettement inouï dans lequel se trouve le pays a de quoi rendre cafardeux les plus optimistes de nature.
Et bien, sachez, français, qu'il existe un endroit où il règne "une bonne ambiance". "Une très bonne ambiance" même, à en croire les mots de sa présidente. Cet endroit c'est au MEDEF
On peut lire et écouter ces propos sur la le point presse de Laurence Parisot (publié sur site du MEDEF)
"Le Conseil exécutif du MEDEF s’est réuni hier dans une bonne ambiance, une très bonne ambiance même. Mais une ambiance de responsabilité et d’unité toute particulière car, si je devais résumer en deux phrases l’état d’esprit de chaque membre du Conseil exécutif, je dirais que personne ne pense que la crise est derrière nous et que chacun pense que le futur se prépare tout de suite ... / ... C’est d’ailleurs pour cette raison que se prépare intensément au MEDEF en ce moment la prochaine Université d’été qui, je vous le rappelle, se tiendra les 2, 3 et 4 septembre avec comme thème « A la recherche des temps nouveaux ».
Nous nous retrouverons donc sur le campus d’HEC et ce thème « A la recherche des temps nouveaux », c’est un message. C’est même un mot d’ordre. Et c’est un mot d’ordre que nous pouvons nous appliquer à nous, à nous tous, dès maintenant. Qu’est-ce que cela veut dire « A la recherche des temps nouveaux » ? Cela veut dire que nous pouvons d’ores et déjà choisir notre futur proche, nous pouvons d’ores et déjà choisir dans quel sens nous voulons continuer à avancer ... / .. "
Et voilà, après nous avoir promis de "réenchanter le monde" (ce qui lui valut au MEDEF le surnom de "fée clochette") lors de son premier mandat, Laurence Parisot nous propose de partir à la recherche des "temps nouveaux".
C'est vrai que Laurence Parisot n'a jamais été une grande oratrice, mais là, ces mots sont prononcés avec difficulté et dans une "ambiance" que nous qualifieront de .... glaciale. Après un début laborieux pendant lequel elle cherche tout d'abord ses notes (elle le dit d'ailleurs) elle procède à la lecture de son texte sans la moindre passion

Point presse de Laurence Parisot - 07-07-2009
par MEDEFtv

Les sujets abordés et quelques phrases significatives
Le grand emprunt : .. / ... quand nous serons sur le point, collectivement, de choisir les investissements qui seront financés par ce grand emprunt, il faudra bien s’assurer que les perspectives de rendement économique et social seront incontestables. Avec des externalités durables. C’est dire si tout le processus d’évaluation, d’étude, devra être le plus rigoureux possible... / ...
En gros : On est d'accord mais à condition d'être les premiers bénéficiaires et de pouvoir être associés au contrôle de la distribution
La contribution climat énergie : ... / ... il est évident que pour bien travailler sur le dossier, là aussi, l’approche doit s’insérer dans un contexte européen, donc le dossier doit intégrer, d’emblée, la dimension européenne. Il est évident que tout ceci doit être préparé, en ayant comme obsession le maintient de la compétitivité de nos entreprises. Il faut absolument penser la perspective de cette taxe avec une ligne d’horizon qui en est sa disparition. Cette taxe ne pourra remplir son objectif que si elle n’est pas pérenne ... / ... cette taxe doit être très large. Cela veut dire qu’elle doit concerner les ménages, les entreprises mais aussi les administrations et les collectivités locales ... / ...
C'est ennuyeux, puisque le projet d'origine indiquait que la taxe carbone devait être ... pérenne et payer la disparition de la taxe professionnelle
Alors, en ce cas qui va payer ?
De toute façon, dans la mesure où ce sont les consommateurs qui règleront la taxe des entreprises au travers de l'augmentation des prix des produits ... ça ne pourra qu'améliorer le pouvoir d'achat déjà bien défaillant ! Oui, mais la compétitivité ...
PME et Nouvelles générations : Le Medef a décidé d'accélérer sur les TPE et PME en marchant sur les plates bandes de son concurrent CGPME.
A l’égard des PME, vous le savez, nous avons lancé un programme il y a quelques semaines qui s’appelle la "Pme attitude"
A rendre jaloux Jean-Pierre Raffarin et sa "positive attitude" ...
Pour la petite histoire, à la GCPME, on fourbit ses armes : Certains verraient bien Jean-François Roubaud, président de la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises) briguer la succession de Laurence Parisot, l'an prochain. Alors que la présidente du Medef, candidate à sa succession, vante « la PME attitude », les supporters de Roubaud estiment leur poulain bien placé pour incarner cette orientation.
Ambiance .... moins bonne ...
La taxe professionnelle : ... / ... Christine Lagarde, va présenter les orientations préconisées par le gouvernement en matière de réforme de la taxe professionnelle. Nous ne comprendrions pas que la réforme pénalise les petites et les moyennes entreprises ... / ... il me semble invraisemblable qu’il puisse y avoir aujourd’hui une remise en cause des allégements de charges qui ne devraient pas d’ailleurs s’appeler allégements de charges. Je voudrais rappeler que ces allégements de charges permettent de baisser le coût du travail pour tous les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic et qu’en dépit de cette baisse due à ces soi-disant allégements ... / ... Comme l’a dit quelqu’un hier en Conseil exécutif, ces allégements de charges ne constituent pas une aide aux entreprises. Que l’on cesse d’utiliser cette expression ! Les allégements de charges ne sont pas des aides aux entreprises. Les allégements de charges sont des aides à l’emploi. Je vous rappelle que dans un de ces deniers rapports, le COE avait calculé qu’une remise en cause de ces allégements de charges pouvait détruire jusqu’à 800 000 emplois.
Magnifique exercice de langue de bois : A partir de maintenant, il ne faudra plus dire que les aides de l'état sont des "aides aux entreprises" mais "des aides à l’emploi".
Pudeur ou novlangue chère à George Orwell ? On en saura pas plus pour l'instant, mais Christine Lagarde est prévenue !
Rappelons que le COE ou "Conseil d'orientation pour l'emploi" a été présidé par Raymond Soubie, devenu conseiller social de Nicolas Sarkozy. Lui a succédé une élue locale UMP, Marie-Claire Carrère-Gée, ex-secrétaire générale adjointe de l'Elysée sous Jacques Chirac qui est toujours en place à ce jour.
Il est à noter que le rapport évoqué par Laurence Parisot remonte à ... 2006 comme on peut le lire sur le site du Sénat
Mais, un petit coup de chantage à l'emploi ne fait jamais de mal ... En réalité, il n'existe toujours aucune étude sérieuse montrant une corrélation entre allègement de charges et embauches, mais beaucoup montrant la généralisation des salaires : "compris entre 1 et 1,6 Smic"
Les allègements de charge, il ne faut pas non plus l'oublier, sont un poids terrible pour les comptes sociaux ! Mais après tout, si les comptes sociaux continuent à s'enfoncer dans le rouge, les banquiers et assureurs adhérents au MEDEF pourront toujours nous ressortir les solutions privées pour la maladie ou la retraite qu'ils ont concoctés depuis un certain temps ...
Puissance Jeunes Attitude : " Par exemple, est-il normal que, aujourd’hui, on continue à demander parfois inlassablement à ces nouvelles générations qui veulent rentrer sur le marché du travail, encore un stage, encore un stage, faites encore un stage, toujours un stage. Stop. Embauchez-les ! C’est moi qui le dis aux grandes entreprises, aux responsables d’entreprises. Un stage, deux stages dans le cadre du cursus scolaire, et exclusivement dans le cadre du cursus scolaire. Ca suffit ! Embauchez-les ! "
Bravo pour ce grand moment "comique" ! C'est vrai que ça fait du bien de rire un peu ....
Bon, ça c'était le monologue. Maintenant, il est intéressant de passer aux questions des journalistes
Un des journalistes pose une question sur le rapport Houillon et notamment l'avenir des retraites chapeau
Pour ceux qui l'ignoreraient, Philippe Houillon, est député UMP du Val d'Oise et a présenté mardi un rapport sur l'encadrement de la rémunération des patrons comme l'explique l'Express
Philippe Houillon, député UMP du Val d'Oise, est bien décidé de partir en guerre contre les salaires des patrons. Il présente mardi le rapport, sévère envers le Medef, de sa mission d'information sur les rémunérations des dirigeants. Les parlementaires réclament une loi pour mieux encadrer les "packages" offerts aux patrons (Le bouclier fiscal n'a, en revanche, pas été évoqué) Parmi les autres recommandations, le rapport Houillon insiste sur le remplacement des "retraites chapeaux" par un système par capitalisation. Autrement dit, la retraite du dirigeant n'est plus calculée sur la santé de son entreprise, mais sur la base de ses cotisations personnelles.
Et là, on sent Laurence Parisot en grande détresse. Elle affirme : Ne pas avoir lu le rapport Houillon et rapelle que le code de bonne conduite mis en place par le MEDEF a 6 mois d'existence et ne peut pas évaluer les résultats et ne voit pas, en l'état, d'entorse. Elle affirme que : bien avant la crise, elle a exprimé son "dégoût" (prenant, même,des risques ?) pour exiger de nouvelles façons de faire au travers d'un code de bonne conduite qui est "le meilleur au monde" ... / ...
Quant à la fin des retraites chapeaux, il faut vraiment tendre l'oreille pour l'entendre dire que : "si le gouvernement le demande ...."
Mais ça, c'était le 7 juillet. Car dès le lendemain elle semblait bien avoir lu le fameux rapport :
La présidente du Medef a créé une petite surprise, hier, en commentant le rapport du député UMP Philippe Houillon sur la rémunération des dirigeants (« Les Echos » d'hier). Ce dernier, après six mois d'audition à la commission des Lois de l'Assemblée nationale, propose de mettre fin aux retraites chapeaux dont bénéficient les mandataires sociaux des grands groupes, lors de leur cessation d'activité. A titre « personnel », Laurence Parisot juge ce régime « certainement excessif ». Et même si la plupart des « régimes de retraite complémentaires à prestations définies », nom officiel des retraites chapeaux, ont été « fermés », la patronne des patrons n'aurait « aucune remarque à faire si le gouvernement regardait cette question ». mais persite à juger inopportun de vouloir légiférer sur la rémunération des dirigeants
« Si nous continuons à regarder exclusivement cet aspect de la crise, nous nous trompons, ce n'est pas comme ça que nous réglerons le problème gigantesque auquel nous sommes confrontés : pendant ce temps-là, nous n'avons toujours rien fait pour la compétitivité des entreprises », souligne-t-elle. Regrettant, finalement, que les parlementaires « ne donnent pas le temps » au Code de bonne conduite publié en octobre 2008 par le Medef et l'Association française des entreprises privées (Afep) de produire ses effets. « Nous ne sommes qu'au tout début du processus »,fait-elle valoir. - Source Les Echos
C'est un peu court comme argument lorsqu'on peut lire dans Le Parisien au sujet du rapport Houillon
"les auteurs dénoncent le fossé entre les revenus des grands patrons et ceux de leurs employés. Tandis que le revenu médian s’établit à 15.780 euros par an, le responsable d’une très grosse entreprise gagne en moyenne 5 millions d’euros entre son fixe et son variable. Des sommes difficilement justifiables au regard de leurs performances objectives", juge le rapport.
Le quotidien rappelle notammentque : les dirigeants de BNP Paribas, aidé à hauteur de 5,1 milliards d’euros par l’Etat, n’excluent pas de s’accorder des bonus allant jusqu’à… 150% de leur salaire fixe. Interrogé par le quotidien, Philippe Houillon précise que "entre 1997 et 2007, la rémunération moyenne des dirigeants de grandes sociétés cotées a progressé de 15% chaque année quand, dans le même temps, celle des salariés évoluait de 3% par an"… "
C'est certainement un hasard si Laurence Parisot est membre du Conseil d'Administration de BNP Paribas, comme on peut le voir sur la page "Nous connaître" du site de la banque, où figurent en bonne place les : Recommandations de l’AFEP et du MEDEF
Néanmoins comme l'annonce le journal : "Christine Lagarde reste réservée sur l’opportunité d’une loi. Elle compte sur l’opinion publique et les actionnaires pour calmer les appétits des chefs d’entreprise trop gourmands ..." - Source Le Parisien
Une bien jolie façon de permettre au MEDEF de garder une "très bonne ambiance" pour sa prochaine université d’été ...

Libellés : crise économique, emploi, france, medef


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