J'accompagne mon abbé qui a pour mission de remettre à l'abbesse (ce monastère est aujourd'hui habité par des moniales) une icône de saint Jean de Changaï contenant une parcelle de reliques du saint.
De 1926 à 1936 (année où la communauté déménagea au monastère de Tuman où fut tonsuré le futur archevêque Antony de Genève), le monastère serbe de Miljkovo a accueilli une communauté de moines russes expulsés du monastère de Valaam (devenu finlandais) pour avoir refusé le nouveau calendrier. L'higoumène en était le très respecté archimandrite Ambroise (Kourganov) dont l'archevêque Antony de San Francisco écrivit une belle biographie.
On sait que l'Église serbe a été très accueillante à l'égard de l'Église russe en exil après la révolution : le Synode des évêques de l'ÉORHF se trouvait en Serbie jusqu'à la IIe Guerre mondiale. Et l'évêque (plus tard métropolite) Benjamin (Fedtchenkov) devint l'higoumène du monastère de Petkovica dans le diocèse de Šabac (voir carte) qui fut le fondement spirituel de Miljkovo.
Le couvent russe de la Vierge de Lesna (qui se trouve aujourd'hui en Normandie) fut accueilli quant à lui par celui de Hopovo dans le diocèse de Srem (voir carte) et contribua au renouveau du monachisme féminin en Serbie.
Le monastère de Miljkovo date du début du XVe siècle. C'était d'abord un skite dépendant du monastère de Manasia, et il s'appelait alors Bukovica. Le nom de Miljkovo provient du nom d'un des frères fondateurs Miljko. Il est situé sur les bords de la rivière Morava.
Dans les années 1930, le monastère était pauvre. La petite église consacrée à l'Entrée au Temple, reconstruite au XIXe s., avait une iconostase rongée par les vers. Il y avait donc les moines russes de Valaam, des moines de Russie ou du Mont-Athos, et aussi des Serbes, mais ces derniers étaient peu nombreux. Avec le temps, la communauté s'agrandit, et les conditions de vie matérielle devinrent plus «normales».
L'habitude était de tonsurer les novices au bout d'une année : les moines rasophores changeaient alors de nom. Et un an plus tard, le moine rasophore prononçait les vœux. La tonsure s'effectuait lors de l'office de Vigiles, après la grande doxologie.
À la fin des vêpres et des matines, la communauté se rassemblait dans le narthex pour chanter ce kondakion à la Mère de Dieu, selon la mélodie du monastère de Valaam :
Не ввери мя человеческому предстательству, Пресвятая Владычице, но приими моление раба Твоего: скорбь бо обдержитъ мя, терпети не могу демонскаго стреляния, покрова не имамъ, ниже где прибегну окаянный, всегда побеждаемь, и утешения не имамъ, разве Тебе, Владычице мира, упование и предстательство верныхъ, не презри моление мое, полезно сотвори.
(Kondakion (ton 6) de l'icône de la Mère de Dieu «Utoli moju pecal'»)
(Мужской Хор Института Певческой Культуры “Валаам”
mélodie de Valaam)