Tous précaires au RSA ?
Les premiers bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active touchent leur chèque depuis ce lundi. Un million d'entre eux étaient précédemment au RMI. Les anciens RMIstes percevront un montant identique au RMI d'antan, soit 454 euros pour un célibataire. Pour les actifs, le montant variera selon les ressources, la situation familiale et l'âge des enfants. Le gouvernement est un peu débordé par le volume d'inscriptions. début juillet, seuls les bénéficiairesz inscrits avant le 15 juin seront indemnisés. Les inscrits de la seconde quinzaine de juin devront attendre deux mois supplémentaire, soit la fin août. Les statistiques parlent d'elles mêmes : 3,1 millions de foyers prochainement inscrits, et Hirsch espère en sortir 700.000 de la pauvreté, quand la France compte déjà près de 8 millions de personnes au-dessous du seuil de pauvreté. L'OCDE estime déjà que la mise en place du RSA "n'aura qu'un impact limité sur l'emploi des travailleurs peu qualifiés."
Interrogé sur France Inter, Martin Hirsch a (évidemment) défendu son dispositif. Certains critiquent la "trappe sociale": le RSA piègerait ses bénéficiaires dans la précarité. Martin Hirsch répond que non. Pour preuve, selon Hirsch, les entreprises payent plein pôt leurs salariés. Le Haut Commissaire oublie une évidence : durablement subventionnés par l'Etat, ces RSAistes sont des salariés à même d'accepter durablement n'importe quel boulot. De surcroît, quelqu'un demandera-t-il au Haut Commissaire s'il est normal d'être autant fliqué, à son insu, sur ses revenus et dépenses, comptes en banques et vie privée pour justifier du maintien de cette aide ? Toute "personne morale", publique ou privée, disposant d'informations électroniques sur le bénéficiaire du RSA pourra être sollicitée, sans information préalable du bénéficiaire contrôlé. Bienvenue en Sarkofrance.
Tous précaires le dimanche
Dans ce contexte, le débat sur la régularisation du travail dominical semble anachronique ou ubuesque. Nicolas Sarkozy a invité les députés UMP à déjeuner à l'Elysée. Invité ? Le terme est propre. Richard Maillé, le député à qui Sarkozy a demandé de présenter ce projet de loi, a commis un joli lapsus: «Nous étions déjà convoqués... conviés pardon, en fin de session la semaine dernière (...) et ça a été repoussé».
Xavier Darcos a justifié qu'il fallait "mettre fin à la jungle". Un récent sondage révèle que 55% des Français interrogés sont hostiles à cette extension. Un parlementaire UMP, Richard Maillé, a remis le couvert sur le sujet. Son projet de loi est étudié depuis mardi 7 juillet par l'Assemblée Nationale. Ses intentions sont masquées. Le préambule du projet indique : "Il ne s’agit donc pas de remettre en cause le principe du repos du dimanche ; il ne s’agit pas non plus d’étendre le travail du dimanche à l’ensemble du territoire national en augmentant le nombre des dimanches où les salariés peuvent travailler."
1. Le projet prévoit une première extension très large, et suivant des critères très vagues: "Art. L. 3132-25. – Sans préjudice des dispositions de l’article L. 3132-20, les établissements de vente au détail situés dans les communes touristiques ou thermales et dans les zones touristiques d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente, peuvent, de droit, donner le repos hebdomadaire par roulement pour tout ou partie du personnel." En d'autres termes, les employeurs décideront du jour de repos de leurs salariés, et ce pour tout commerce situé dans la zone autorisée. La définition des "zones touristiques" n'est pas apportée, puisqu'elle est du ressort du préfet. L'UMP parle de 500 zones en France, et ses députés promettent de préciser les définitions.
2. Le texte de loi prévoit également d'étendre le travail dominical aux villes de plus de un million d'habitants, caractérisées "par des habitudes de consommation de fin de semaine, l’importance de la clientèle concernée et l’éloignement de celle-ci de ce périmètre."Encore une fois, cette extension dépendra de la seule décision du préfet.
3. Les conditions de travail le dimanche dans ces zones seront du ressort des négociations intra-entreprises, tant sur les compensations que la rémunération. En d'autres termes, ces salariés seront donc traités différemment de ceux travaillant exceptionnellement le dimanche dans des zones non concernées par ces deux dispositions.
Les excès et écueils prévisibles sont nombreux et sans réponse : le travail le dimanche augmente simplement les possibilités de consommation, pas la consommation elle-même. Avez-vous plus d'argent, de pouvoir d'achat quand les magasins sont ouverts le dimanche. Cette régularisation est surtout une bataille de part de marché entre la grande distribution et les petits commerçants.Les gros contre les petits. Les salariés des commerces de ces zones "touristiques" n'auront pas droit aux conditions habituelles de rémunération (heure compte double), sauf négociation avec leur employeur.
En 1906, la France sanctifiait enfin le repos dominical, un combat de haute lutte. Le repos dominical a été voté le 13 juillet 1906. Auparavant, le jour chômé était décidé par l'employeur. Toute similitude avec une situation actuelle n'est pas fortuite.
Tous précaires face à l'insécurité
La lutte contre l'insécurité est, dixit l'intéressé, l'ADN politique de Nicolas Sarkozy. Le président français est-il donc devenu un OGM ? Pour 2009, le recrutement des gardiens de la paix a été gelé. Le ministère de l'intérieur justifie qu'il a trop de policiers, pour deux raisons: l'âge du départ à la retraite a été allongé à 65 ans dès 2010 et le remplacement d'un fonctionnaire sur deux frappe aussi ... la police. Le nombre de places à pourvoir d'officiers et de commissaire ne sera pas gelé mais simplement réduit à partir de 2010.
On croyait que la lutte contre les bandes, les cagoules, les récidivistes, la violence à l'école étaient des priorités nationales...
Ami Sarkozyste, où es-tu ?
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