"Et le sol continuait à trembler
comme si aux alentours galopaient des géants."
Quel dommage que disparaisse une civilisation capable de produire de tels joyaux littéraires.
L'omniprésente voix-off — celle de Juan Salvo — vous aura entraîné aux confins de la peur dans le plus implacable des suspens. Tel le héros, pour échapper à la folie il vous aura fallu aller de l'avant. Juan Salvo, (dont on ignore encore à ce stade du récit comment il en est venu à s'appeler "l'éternaute") n'a pas le temps de dormir : vous ne dormirez pas non plus.
Rares sont les récits de la bibliothèque du neuvième art qui possèdent cette capacité de dévorer leur lectorat. Oui, ce n'est pas le lecteur qui en avale les pages, c'est bien le livre qui mange le lecteur. Son univers déborde, Oesterheld et Solano López vous l'assènent avec constance et persuasion et, insidieusement, vous y êtes : à l'intérieur du livre, avec la neige fatale et les monstres. Ce qui est loin d'être rigolo mais d'une beauté mortelle, comme le disent les protagonistes dans le tome 1. Ce qui apparaissait, lors d'un feuilletage superficiel, côté texte, comme une abondance de récitatifs un peu désuète et, côté dessin, comme un sobriété un peu dépouillée se révèle être un redoutable arsenal de guerre narratif.
Ceux qui n'ont aucune idée de ce que peut bien raconter L'Éternaute, je
Familliers de la version Breccia, sachez que vous entrer là en territoire complètement inconnu : rien de ce qui va se dérouler n'est évoqué dans les 8 dernières pages de la version 1969.
L'Éternaute, tome 2,
116 pages, noir et blanc. Couverture cartonnée.
24 €.
Parution imminente et mise en vente tout aussi imminente dans nos échoppes.
Oui, vous avez bien lu. Amis du carton réjouissez-vous : c'est bien en HARD COVER comme disent les yankees, que paraît ce tome 2. C'est la faute à tous ces libraires de neuf qui ont chouiné que c'était fragile en broché, que ça se tenait pas... et patati et patata. Du coup 4€ de plus (ce qui reste tout de même très raisonnable). Pour l'occasion, le tome 1, dont le premier tirage est pratiquement épuisé, va lui aussi bénéficier d'une réédition cartonnée.