Uchronie : “Les fils de l’air” par Johan Heliot

Par Corwin @LR_Corwin

Alain Grousset, directeur de la collection Ukronie de Flammarion, apporte une définition des plus intéressantes du terme uchronie en introduction de ce roman. Il dit entre autre : “La grande question qui régit la science-fiction prend alors toute son ampleur : ET SI ?”. Pour Johan Héliot, le déclencheur de son oeuvre aura été : et si Louis XVI avait réussi à fuir la révolution française en 1791 ?

Rappelez-vous vos cours d’histoire ? Mais si, il s’agit quand même de l’un des passage parmi les plus intéressants. 20 et 21 juin 1791, le roi Louis XVI enfermé aux Tuileries échaffaude avec quelques uns de ces derniers partisans, une rocambolesque évasion qui s’achève de façon plus qu’improbable à Varennes. La guillotine n’était alors plus très loin du coup du dernier roi de France.

Alors, maintenant, embarquons avec Johan Héliot. Imaginez une fuite encore plus folle : le roi et sa famille, avec l’aide d’un ingénieur et du grand Lafayette , quittent Paris à bard d’un dirigeable. Ils gagnent Saint-Malo où un brick les attend pour leur faire traverser l’océan, direction les tous nouveaux Etats-Unis d’Amérique. Là-bas, les excellentes relations de Lafayette assure à la famille royale d’être bien reçu. Louis Marie-Antoinette, Louis Junior et Charlotte, pourront alors prendre un nouveau départ, comme de simples citoyens, loin des fastes de la cour.

La traversée se révèlera plus épique que prévue et sera l’occasion pour la jeune Charlotte, personnage centrale de ce roman, de lier une durable et chaotique relation avec un jeune mousse du nom de  … Robert Surcouf !

Je pourrais réellement vous raconter tout ce livre tant sa lecture m’a procuré un réel plaisir. Mais ça ne serait pas rendre justice à l’auteur car “Les fils de l’air” est un roman qui mérite que vous le lisiez. Et si vous avez des scrupules à tenir un livre jeunesse entre les mains, vous n’aurez qu’à dire que vous l’avez acheté pour vos enfants … ou vos neveux… ou petits voisins….
Le style est léger, aérien (comme il se doit vu le thème), fluide. Le vocabulaire est adapté aux jeunes, bien entendu, mais aussi à l’époque qui sert de toile de fond. On sent toutes les recherches auxquelles s’est astreint l’auteur pour immerger son lectorat dans cette portion de notre Histoire et de celle des USA (quelques très utiles références de bas de pages nous invitent à nous renseigner un peu plus).

Et quel casting ! Le roi de France, son épouse et ses enfants. Surcouf, Lafayette, Benjamin Franklin, Georges Washington, Napoléon et l’amiral Nelson. Saupoudrez d’indiens Delaware, de cajuns de Louisiane, d’esclaves noirs venus d’Afrique… Quel metteur en scène n’a pas révé d’avoir autant de noms ronflants sur son affiche ? Mieux qu’Ocean Eleven non ?!

En plus de cette vraie uchronie, vous nagerez avec bonheur dans une atmosphère aux volutes “SteamPunk” avec SA meilleure représentation : des ballons dirigeables à vapeur et des tours d’amarrages dans les grandes villes. Bon, pour le reste, ne cherchez pas d’autres usages d’une quelconque technologie comme cela peut être le cas dans la BD Hautevile House.

C’est donc un vrai coup de coeur : “Les fils de l’air”, par Johan Heliot, collection Ukronie.