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Mes vacances normando-parisiennes : deuxième journée

Par Eric Bernardin

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Cela faisait trois ans que je n’avais pas franchi la porte de la maison de Gildas. Heureusement que Vincent connaissait le chemin, parce que je n’aurais certainement pas trouvé aussi facilement. La table est déjà préparée pour recevoir une douzaines de personnes. Les premiers arrivants sont au fond du jardin, à côté de la piscine, sirotant un ricard. J’y retrouve le maître des lieux, mais aussi Benoît, avec qui j’ai partagé tant de soirées !...

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Et puis je fais connaissance avec Franck et Didier, avec qui je n’avais échangé jusqu’à maintenant que par forum interposé. Chacun est venu avec son épouse et ses enfants. Ces derniers s’amusant dans le jardin ou la piscine, ils nous laisseront toute la journée une paix royale. En attendant que Pierre et son amie arrivent (ils revenaient d’un mariage dans l’extrême Nord de la France), Gildas nous sert un premier verre pour patienter.

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La robe est or pâle très légèrement teintée de rose. Les bulles présentes au moment du service disparaissent en peu de temps. Le nez est sur les fruits mûrs, avec une petite touche de fumée. La bouche est ronde, souple, avec une acidité assez marquée, renforcée par le gaz carbonique. La finale plutôt courte finit sur une légère amertume. C’est sans prétention mais rafraîchissant et agréable. C’est une méthode traditionnelle des Côtes de Toul : Enigme du domaine Ambroisine (à base de Pinot Noir, Gamay et auxerrois).

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Pierre arrive enfin (retrouvailles, etc…). Une bulle plus qualitative nous est alors servie. Au nez, on sent la présence de Chardonnay, même s’il n’y a pas que ça : brioche, noisettes, fruits secs. La bouche est ample, avec une bonne vinosité et une bulle élégante. Elle se conclut sur une finale longue et mâchue évoquant le calcaire. Certains lui trouvent un excès d’acidité. Ce n’est pas mon cas. Je trouve ça bien, même si ça pourrait avoir une personnalité plus affirmée. C’est une Spéciale Cuvée de Bollinger.
Après cette préparation indispensable de notre palais (faudrait pas faire un claquage en plein effort de dégustation), nous est servi simultanément deux verres de vins blancs.
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Le premier a un nez fin, entre fleurs et minéraux, avec une pointe d’aiguille de pin. La bouche est ronde, fine, avec une acidité pour le coup trop présente à mon goût (mais qui ne dérange pas ceux qui trouvaient le Bollinger trop acide – allez comprendre). La finale est assez courte, un poil astringente. C’est un Chignin 07 de Berlioz (dont je préfère de loin le Chignin … Bergeron !).
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Le deuxième a une robe beaucoup plus dorée, avec un nez très expressif sur la pêche rôtie, le raisin bien mûr, et quelques épices.  La bouche est ronde, moelleuse, avec une belle intensité aromatique et une fraîcheur équilibrant bien l’ensemble. Même le léger sucre de la finale épicée passe tout seul ! Il est peu de dire que nous pateaugeons sur le cépage de ce vin : gewürz, muscat, klevener… Eh bien non : c’est un sylvaner  vieilles vignes « Sono Contento » 2007 d’Albert Seltz. Ce n’est pas du flan lorsqu’on dit que le Zotzenberg est LE lieu idéal pour faire pousser ce cépage !

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Deux nouveaux vins blancs nous sont servis.

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Le premier a une belle robe dorée et des notes d’élevage (beurre, fumée, grillé) et de fruits jaunes mûrs. La bouche est élancée, avec une très belle matière dense, très aromatique, qui vous fait vibrer les papilles. La finale est longue et très très soutenue. Ce vin est une petite bombe. Pas si surprenant que ça lorsqu’on apprend qu’il est basque ;o)  C’est un Irouleguy Hegoxari 2006 du domaine Aretxea.

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Le deuxième a une robe plus claire. Le nez est subtil et complexe sur des notes florales matinées d’agrume. La bouche est d’une tension impressionnante, avec une matière ronde, charnelle, agréablement citronnée. Le style général est d’une grande pureté. Pas totalement surpris que ce soit un Sancerre « les Monts Damnés » 2007 de Gérard Boulay. J’avais lu le plus grand bien de ce producteur qui réussit à transcender totalement le cépage. Merci Gildas.

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A peine remis de nos émotions, une troisième et dernière série de deux blancs. Le premier a une robe dorée. Le nez est expressif sur les fruits bien mûrs, la cire et une touche de grillé. La bouche est ample, riche, gourmande, avec un bon équilibre. Seule la finale, mâchue, est un peu trop chaude à mon goût. Joli vin ! C’est un Beaune Clos des Topes Bizot 2006 de Chantal Lescure. C’est un petit clin d’œil que me fait Gildas car j’avais représenté ce domaine en Aquitaine.

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Le deuxième a un nez étonnant de pêche, de miel et de citronnelle. La bouche est ample, avec une matière moelleuse, mûre, très gourmande, et une acidité qui porte le tout avec élégance. La finale est nette, intense et épicée. Très beau ! Nous repartons sur un Gewürz. Pas de bol : c’est un Muscat Fronholz 2007 d’Ostertag.

Nous passons ensuite à des vins rouges. Le thème de la journée est la Syrah. La difficulté n’est donc pas de trouver le cépage, mais l’origine du vin (le problème étant que la Syrah se fait un peu partout…). Deux premiers vins rouges nous sont servis :

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Le premier a un nez sur les rouges bien mûrs, avec une touche de fumée et d’encens. La bouche est fruitée, gourmande, avec des tannins pas totalement fondus. La finale est assez moyenne. Bon, mais pas renversant. C’est une syrah australienne Mount Benson 1999 de Chapoutier.

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Le deuxième a un nez beaucoup plus puissant, avec des notes poivrées. La bouche est charnue, fruitée, avec des tannins doux. Dommage que la finale asséchante gâche la perception d’ensemble. C’est une syrah 2004 du domaine Ribonnet (vin de pays du comté tolosan).

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Arrive une deuxième série :

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Le premier vin a un nez évoquant les grenaches du Roussillon ou de châteauneuf , sur la cerise noire et le cacao. La bouche est charnue, veloutée, avec des tannins encore un peu trop durs. La fin n’est pas très puissante. C’est le domaine Lacoste Germane 2006 (vin de pays du côteaux du Salagou).

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Le deuxième a un nez pommadé un peu déroutant, mais aussi de fruits noirs et d’épices. La bouche est dense, fruitée, avec des tannins très asséchants. Ca fait la grimace dans l’assistance. Pas de bol : c’est De battre mon cœur s’est arrêté 08 de Bizeul.

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Ma troisième en un mois et demi. Et encore une déception :o( Nous poursuivons avec une troisième série : Le premier vin a un très beau nez sur les fruits noirs, la vanille et le benjoin. La bouche est ample, fraîche, avec un très beau fruit et des tannins doux. La finale est longue et goûteuse. J’ai beaucoup (mais les avis ne sont pas unanimes). C’est Cornas 2005 de Voge.
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Le deuxième a un nez plus intense, plus pénétrant, mais avec une sensation un peu trop chaleureuse. La bouche est très ample avec une grande allonge. C’est très racé. Dommage que pour l’instant, la fin de bouche soit trop dure à mon goût. Là aussi, c’est très partagé. Certains ont préféré celui-ci au Voge. C’est un Saint Joseph 2005 de Chave.

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Le duo suivant est de toute beauté… Le nez du premier est superbe, faisant penser à un grand Côte Rôtie : fruits noirs, olive, viande fumée, poivre. La bouche est d’une perfection totale : sphérique, soyeuse, intensément fruitée, avec des tannins totalement fondus, et une finale mâchue et savoureuse. Et longue. Très longue. C’est quoi, cette merveille ? Un grain de Syrah 2007 de Marie Thérèse Chappaz. J’adorais ses liquoreux. J’aime maintenant aussi sa syrah !

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Le deuxième a un nez un peu moins complexe, plus sur garrigue, avec aussi des notes animales nobles. La bouche est profonde, veloutée, avec un côté assez voluptueux qui s’étire jusqu’à la finale, très longue. Un autre vin de femme : Syrah Leone 2002 de Peyre Rose. J’aime beaucoup aussi.

Allez, un ch’ti dernier pour la route de Syra(h)cuse (le jeu de mot est de Gildas).

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La robe est plus évoluée. Le nez aussi : prune cuite, cuir, herbes… Le bouche est pleine, mûre, d’un bel équilibre. Les tannins ne sont pas encore fondus, et vu l’âge que doit avoir ce vin, ne le seront sans doute jamais. La fin est peu chaude. C’est un Hermitage 90 de la cave de Tain l’Hermitage.

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Avec le comté, un vin oxydatif : nez sur le curry et la noix verte. Bouche ample, d’une belle intensité aromatique, avec un côté très doux. Un vin harmonieux. C’est un Côtes du Jura 96 de Berthet Bondet.

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Puis un premier « vin de dessert » : un nez assez discret. Une bouche assez ample, avec une acidité bien présente et un sucre plutôt discret. Au total, un bon équilibre, mais ce n’est tout de même pas très enthousiasmant. C’est un Touraine d’Azay le Rideau 2003 du château de Fouchault.

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Puis Gildas nous sert un vin à la couleur caramel aussi sucré que du caramel (peut être un peu plus ?). La bouche est suavissime, mais un peu lourde. Je l’identifie comme un PX. C’en est un, de Toro Albala, mais il n’a pas la grâce de ceux qui ont trente ans de plus.

Pour finir sur un vin plus équilibré, une Madame 1997 de Tirecul la Gravière (bizarre, non ?). Nez sur l’écorce d’orange et les fruits secs. La bouche allie fraîcheur et suavité, avec des arômes intenses. C’est long, c’est bon. C’est du Tirecul :o)

Il est plus de 18 heures lorsque nous finissons la dégustation. Nous pensons la finale de Wimbledon finie depuis longtemps. Pas du tout : le match continue. Et durera encore un bon bout de temps. Lorsque je quitte cette sympathique assemblée, il n’est toujours pas finie. Nous apprendrons la victoire de Federer à la radio. Une bonne journée, décidément.

Merci au Café des Arcades de Fécamp pour leur accueil et leur WI-FI

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