Comediante ! Tragediante !

Publié le 07 juillet 2009 par Olivier57
C'en était sûrement émouvant, pour qui donne foi au personnage, de voir Nicolas Sarkozy, la main sur le coeur, expliquer que "La France avait besoin de toutes ses énergies, de droite comme de gauche, pour traverser la crise".

Crise, soit dit en passant, qu'il doit bénir tous les jours tant elle permet à la fois de se poser en recours pour le peuple affolé et de servir d'excuses à toutes les promesses non tenues. Déficit budgétaire, délocalisations chômage, baisse du pouvoir d'achat, "Ce n'est pas de ma faute, ma brave dame, c'est la crise". Et les gogos de gober et d'applaudir.

Le problème, c'est que pour un partisan de ce rapprochement droite/gauche, un tel discours n'avait de sens que s'il était vécu du fond des tripes, s'il faisait parti d'un programme mis dans la balance et non de la démarche d'un opportuniste lorgnant avidemment sur les millions de voix lui ayant échappé aux dernières élections. En réalité, comme tout commercial, comme tout bonimenteur, Nicolas Sarkozy se préoccupe surtout des affaires de sa boutique politique en privilégiant classiquement les prospects aux clients ayant déja signé.


Comme tout avocat qu'il est, Nicolas Sarkozy plaide moins pour la défense de la vérité que pour celle de sa cause et l'ouverture qu'il appelle de ses voeux n'est qu'une ouverture de façade. Attirés, qui par les honneurs, qui par le pouvoir, qui par l'argent, et souvent les trois à la fois, les candidats affluent, les plus timides étant appatés maintenant par un discours marketing élaboré qui leur donne l'aura de servir en plus leur pays. Un marketing qui vend de la politique comme des téléphones mobiles, mais sans les astérisques déjà trompeuses.

Un marketing qui fait passer une démarche purement électoraliste pour une réflexion sincère, qui appelle pragmatisme ce qui n'est que de l'opportunisme. Inconvénient, la manoeuvre fait irrésistiblement penser à une pêche aux piranhas attirés par la viande jetée en pâture. Pauvre crabes qui ne se rendent pas compte qu'ils seront un jour fort dépourvus lorsqu'ils auront cessé d'être utiles et se retrouveront sur le bord de la route, Grosjean comme devant.

Une ouverture de toutes manières sans risque, puisque tous ses élus savent se faire dociles, leur étiquette "de gauche" étant plus du à un manque de place à droite qu'à un choix personnel. Dès lors, ils savent sans effort rejoindre "la défense de la France" en laissant élégamment leurs credos au vestiaire pour appliquer les choix dictés par l'Elysée.

Pour parfaire le tableau et tenter de crédibiliser un peu plus la démarche, il faudra quand même trouver un acteur un peu moins docile pour jouer un rôle d'opposant. Un acteur qui maintiendra ses idées juste ce qu'il faut, cherchant à les appliquer malgré sa présence au gouvernement. Sublime tolérance, le chef de l'état fera une nouvelle preuve de son changement en acceptant des idées d'opposition comme preuve de sa sincérité. Nul doute que le palais est sur le casting.

Car c'est bien clair, l'objectif n'est ni la gauche, ni la droite, ni l'ouverture, ni rien, la seule obsession de toujours c'est d'être au Pouvoir et d'y rester. Son Graal tient en trois syllabes apprises alors que les crabes en étaient à B-A-BA, son Graal c'est GOU-VER-NER, peu importe avec qui, mais surtout tous derrière et lui DEVANT.

Nul doute que Nicolas Sarkozy aurait mérité le même qualificatif de Pie VII lorsque celui-ci résistait à Napoléon qui se montrait tour à tout persuasif, bluffeur, menaçant dans le seul et unique but d'arriver à ses fins : Comediante ! tragediante !