Dans un commentaire récemment publié sur le site du New England journal of Medicine, Khan et al. ont analysé les vols au départ de Mexico entre Mars et Avril 2009 et leurs principales destinations. Sans surprise, les deux premiers pays desservis sont les Etats-unis et le Canada avec près de deux millions de passagers. La troisième destination est européenne avec 47501 voyageurs et devinez laquelle est-ce? La France ! Elle devance l’Espagne avec 42815 arrivées et l’Allemagne avec 33448 voyageurs. L’Italie est 4ème avec 24252 arrivées. Le Royaume-uni arrive en cinquième position en Europe (11ème toutes destinations confondues) avec 17993 voyageurs en provenance de Mexico. Les auteurs proposent que ces informations seront utiles pour prévoir l’évolution de l’épidémie dans les pays destinataires.
Ils n’ont pas tort car leur article éclaire d’une lumière nouvelle le nombre de cas de grippe déclarés à ce jour : la France 371 cas confirmés (source : InVS), l’Espagne 749, l’Allemagne 693, l’Italie 88 et le Royaume uni…7365 (sources : Rhizalabs-Google).
Le paradoxe anglais apparaît assez vite, puisque le pays qui a reçu le moins de voyageurs est celui qui présente le plus de cas. Une hypothèse plausible est celle d’un climat un peu plus froid que le reste de l’Europe facilitant ainsi la circulation du virus. Une autre explication complémentaire est la grande densité de population dans Londres. Le cas de l’Italie est plus frappant car le nombre de cas apparaît très en retrait par rapport à l’exposition “mexicaine” du pays. Les sources n’ont peut-être pas eu accès à des données mises à jour. Les données Allemandes et Espagnoles sont proches. La France, apparaît légèrement en retrait par rapport aux deux pays précédents qui ont un niveau d’exposition similaire, cependant, si on ajoute les 292 cas probables recensés par l’InVS, on arrive à 663 cas, un chiffre proche de celui des deux voisins européens.
Le classement des pays destinataires est donc globalement compatible avec le nombre de cas déclarés à deux exceptions près, anglaise et italienne. Ce sont justement ces exceptions qui rappellent que la santé publique et sa sœur jumelle, l’épidémiologie sont aussi utiles que difficiles !