Tania Head, la trop parfaite survivante du 11-Septembre
On l'avait vue aux côtés du maire de New York Michael Bloomberg et de son prédécesseur Rudy Giuliani, lors de multiples hommages aux victimes des attaques du 11 septembre 2001. Tania Head était une pure héroïne, une parmi les 19 rescapés de la première tour touchée par le premier avion des terroristes d'Al-Qaida. Son témoignage figurait en bonne place sur le site des Survivants du drame, association qu'elle présidait. Tout était faux.
Les pires tragédies génèrent souvent, expliquent aujourd'hui les psychiatres, ce type d'appropriation du malheur de la part de mystificateurs qui, par identification mythomaniaque ou perversion, font leur miel de la souffrance des victimes. Des cas individuels que les spécialistes assimilent à une manifestation d'hystérie.
Le 11-Septembre a généré sa mystificatrice. Elle disait avoir travaillé pour une filiale de la banque Merryll Lynch, au 96e étage du bâtiment. Brûlée lors de l'impact, elle avait été sortie des flammes par un sauveteur volontaire, qui aurait ensuite péri. Un homme, à l'instant de la mort, lui avait donné sa bague. Hospitalisée, elle n'avait repris conscience que cinq jours plus tard. C'est alors qu'elle avait appris que son fiancé était resté sous les décombres.
Personne n'avait cherché à vérifier ses dires. Le New York Times l'a fait, alerté par les doutes de quelques membres du site des Survivants. Non, elle ne travaillait pas pour Merryll Lynch. Et les amis de l'homme qu'elle présentait comme son compagnon - une victime véritable du 11-Septembre - n'avaient jamais entendu parler d'elle.
Beaucoup d'autres éléments biographiques sont vite apparus invraisemblables. Ainsi, elle affirmait avoir étudié dans des universités aussi côtées que Stanford et Harvard. Elle disait aussi avoir porté secours fin 2004 aux victimes du tsunami en Thaïlande, et en 2005 à celles de l'ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans.
Interrogée lors d'une intervention devant l'institution universitaire Baruch College, en 2005, elle avait dit : "Je ressens le besoin de m'élever face à ces attaques, ces actes de haine." Depuis mardi, Mme Head n'est plus la présidente du site des Survivants. Aucun d'entre eux, ni aucune famille des victimes, n'a, à ce jour, porté plainte contre elle.
Source : lemonde.fr