Prends-tu le pli du jour,
Du soleil qui se lève,
Du vent et ses détours,
De la nuit et ses rêves ?
Regardes-tu le ciel,
Te souvenant des heures
Où tu avais des ailes
Et nous toisais, moqueur ?
Comprends-tu l’être humain,
Ses afflictions, ses guerres,
Ce qu’il détruit de bien
Pour créer, ce qu’il perd ?
As-tu la nostalgie
Du temps qui a passé,
De ton ancienne vie,
Ton Eden embrumé ?
Mon ange, dis-moi tout
De ce qui nous attend,
De comment c’est au bout,
Du chemin que l’on prend.
Dis-moi comme c’est beau,
Combien ça vaut la peine
De faire un numéro,
Et puis quitter la scène.
Dis-moi que tous y vont,
Qu’importe l’existence
Qu’on a menée ; au fond,
Ca n’a plus d’importance.
Dis-moi qu’il ne faut pas
Mourir en ayant peur ;
Ce qu’on commence en bas,
On le finit ailleurs ?
J’ai vu l’océan bleu,
Les montagnes d’ivoire,
Le soleil lorsqu’il pleut
Tomber quand vient le soir.
J’ai vu l’Asie, l’Afrique,
L’Europe et ses rivages,
Traversé l’Atlantique ;
M’as-tu vu des nuages ?
J’ai aimé comme on aime,
J’ai souffert comme on souffre :
Je prends ce que Dieu sème
Jusqu’aux portes du gouffre.
Ne pleure pas, mon ange,
Jamais ne me regrette :
Rien dans le coeur ne change
Lorsque la vie s’arrête.
Je prends ton auréole
Et attendrai, je jure,
Qu’à ton tour tu t’envoles
Pour panser nos blessures.
Prends-tu le pli des jours
Quand sans moi, tu te lèves ?
Je t’attends au détour
De ton ultime rêve.