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en juin, j'ai spontanément arrêté de fouiner le cyberespace, que ce soit pour lire, interagir ou écrire. Je n'ai plus ouvert l'ordi à mon réveil pour y passer 1 heure en orbite le matin, ni plus ouvert l'ordi en revenant du travail pour venir y scèner régulièrement. La vie se passait ailleurs et je savais que je devais m'y reconnecter, après 2 ans d'évasion virtuelle.
Les premiers jours furent un calvaire : j'avais du temps. Lire : j'avais du temps à tuer.
Mais à mesure que les jours passaient, il m'était devenu indolore de ne pas ouvrir l'ordi dès mon réveil.
Le vide creusé par le fait de ne pas écrire, se fit ressentir alors que je zappais la Tivi à la recherche d'une évasion intéressante. Ce face à moi a remis en question mon bonheur. J'ai trouvé ma vie "plate" pendant plus d'une semaine. J'ai eu une crise existentielle avant de réapprendre à faire des choses concrètes, avec mes mains et mon esprit, et pas juste penser tout haut du bout de mes doigts.
Écrire était devenu, je l'avoue, un geste compulsif. Aucune retenue ni distance ne s'imposaient à moi dès qu'il me venait une idée, une pensée, une réflexion, une question, aussi bénines et insignifiantes soient-elles. J'écrivais, c'est tout. J'écrivais, aux 5 secondes, et je lisais boulimiquement. Sur le web, dans ce monde imaginaire mais pourtant réel. Cette fênêtre sur le monde m'a manqué, je me suis sentie seule et isolée, dans le vrai monde.
En fait, c'est écrire qui me manquait. Un sevrage, comme arrêter de fumer, cesser toute chose que l'on fait par habitude et qui nous fait du bien.
Je me suis rapprochée de mon homme-chat. J'ai échangé avec lui plus que je n'échangeais jadis avec tout ce qui bougeait ou s'exprimait sur le web. C'était bon et structurant. L'homme chat a construit une terrasse dans notre cour fermée de la maison en ville. J'ai profité de l'air citadin sous le parasol.
J'ai commencé à tricoter : j'ai terminé le dos du chandail de laine que je lui offrirai cet automne.
Des fois, comme le temps passait, je me relisais et constatais en effet que je n'avais plus rien à dire. Comme quoi, la facilité à s'exprimer vient avec la pratique.
Ce congé fut un excellent exercice. Je me sens beaucoup plus équilibrée, en harmonie avec la vraie vie du dehors. Si l'ordi fouerre demain, ce ne sera pas un désastre.
Il n'y a pas le feu. Écrire seulement quand on a envie.
J'ai redécouvert d'autres façons de vivre : faire du yoga, respirer, faire l'amour, la bouffe, les plantes, échanger avec des mots, des gestes, et écrire...
... car les mots, ils feront toujours partie de moi, qu'ils soient imprimés ou dans ma tête. Je ne suis pas partie, mais je ne suis pas revenue non plus. Je suis simplement là, une moi plus complète que jamais.
J'ai écrit beaucoup de "je", car écrire, c'est fait pour ça.
Re-bonjour à vous tous.