Assalâmou 'aleykoum, bonjour.
Dans la majorité des cas, toute femme qui va voir son médecin avec son bébé d’un mois et lui annonce qu’elle va reprendre une activité extérieure dans un mois ou deux, se voit proposer un plan de sevrage, de telle façon que le bébé soit entièrement au biberon à la reprise de cette activité. En effet, l’idée dominante est qu’un bébé doit être complètement sevré du lait maternel avant que sa mère ne reprenne le travail. Or cette idée est absolument fausse ! L’expérience montre qu’il est parfaitement possible de continuer à allaiter tout en ayant une activité extérieure, pour le plus grand bénéfice de la mère et de l’enfant. Il suffit de volonté et de patience. Mais «Dieu est avec les patients ».
Pourquoi le faire ?
Toutes les raisons qui ont fait préférer l’allaitement maternel à la naissance de l’enfant, sont toujours valables quand il a 3 ou 6 mois. Le lait maternel reste l’aliment le mieux adapté au bébé : meilleure digestibilité, meilleure protection contre les risques allergiques, contre les affections O.R.L. récidivantes.
Les bénéfices psychologiques sont aussi très importants. Et sur eux qu’insistent surtout les femmes qui ont vécu cette expérience. Séparation adoucie pour l’enfant et pour la mère, moindre jalousie entre la mère et la gardienne, joie des retrouvailles, assurance donnée par ce lien sauvegardé, toutes trouvent à peu près les mots pour décrire leurs sentiments.
Enfin, la récompense chez Dieu est la raison la plus importante pour poursuivre l’allaitement. Et cette récompense est d’autant plus grande, si Dieu le veut, que les efforts fournis sont plus nombreux. Une mère musulmane décrit ainsi les motivations religieuses qui l’ont conduite à allaiter ses enfants pendant de longues durées : « Je suis soucieuse d’accomplir mon devoir vis-à-vis d’ALLAH et de mon enfant. [De plus], en allaitant, je reste dans ma période de jihad* [qui a commencé avec la grossesse] et donc ALLAH me comble de ses bienfaits. »
Comment le faire ?
Le vrai secret de la réussite, est de savoir que c’est possible et que continuer à allaiter en travaillant n’est pas un exploit surhumain, mais une possibilité réellement offerte à toutes les femmes qui le souhaitent.
Deux petits secrets permettent de mettre toutes les chances de votre côté. Ils vont à l’encontre des idées reçues mais ils sont simples. La première chose est de continuer à allaiter complètement jusqu’à la reprise du travail, sans s’inquiéter si le bébé refuse le biberon ou la cuillère. La deuxième chose est, après la reprise, de continuer à allaiter à la demande dès que l’on a l’enfant avec soi. Cela l’aidera à bien faire la différence entre «quand je suis avec maman et que je peux téter » et «quand maman n’est pas là et que je ne peux pas téter ». De plus cela permettra de garder un certain nombre de tétées et d’entretenir ainsi la lactation.
Les craintes les plus fréquentes concernent en premier lieu la «perte » de lait. Il faut savoir que, tant que le bébé tétera, il y aura du lait, même si c’est en moindre quantité. Une solution pour éviter les problèmes est – quand c’est le choix de la mère – de tirer le lait qui pourra ainsi nourrir le bébé en son absence. La seconde crainte, c’est la fatigue. Il est vrai qu’il est fatiguant d’avoir une activité à l’extérieur et un petit bébé à s’occuper. Mais continuer à allaiter ne va pas accroître cette fatigue, bien au contraire. Et puis cela évite d’avoir à préparer quelque chose de spécial pour le bébé en rentrant à la maison ! Les dernières craintes concernent les engorgements et les écoulements. Cela peut se produire les premiers jours, et la mère devra veiller à soulager une tension éventuelle en tirant un peu de lait. Mais très vite, le corps va s’adapter à ce nouveau rythme.
Il est donc possible – de plus en plus de femmes l’expérimentent avec bonheur – de poursuivre l’allaitement tout en ayant une activité à l’extérieur. Bien sûr, plus les circonstances sont favorables, plus il sera facile de concilier les deux : bébé plus âgé, horaires réduits, temps de transport courts, bébé gardé près du lieu de travail, etc. Il faut savoir qu’en France la femme a la possibilité d’allonger son congé de maternité postnatal (de deux mois et demi) en y ajoutant quatre semaines de couches pathologiques. Ce qui est important pour l’établissement de la lactation qui se fait en 6 à 16 semaines selon les femmes.
J’espère qu’avec l’aide de Dieu, les mères qui doivent reprendre une activité extérieure, essaieront de trouver une solution pour poursuivre l’allaitement encore quelques mois. Il suffit souvent d’un peu d’audace, de confiance et d’organisation… Et on s’étonne de trouver les choses beaucoup plus faciles qu’on ne le pense !
Réf. : L’art de l’allaitement maternel, La Leche League, éd. De L’Homme.
Allaiter aujourd’hui, revue trimestrielle de La Leche League, oct. nov. déc. 1989.
Ajouts de la soeur Oum Azalei
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* jihad = effort dans le chemin de Dieu