Suivant l'étape à distance (boulot oblige), j'ai appris après coup que les Columbia et les Rabo avaient provoqué une bordure aujourd'hui sur le Tour. Décryptage avec Passionveloblog.com
Qu'est-ce qu'une bordure ?
Une bordure est une cassure provoquée volontairement par les coureurs qui mènent le peloton en exploitant les contraintes du vent. (voir mon article avec schéma d'explication)
Les coureurs qui assurent le tempo du peloton sont relayés par des coureurs plus frais qui remontent en tête. Ces coureurs produisent une accélération intense et prolongée en se passant les relais
à leur tour pendant une durée aussi longue que nécessaire à obtenir le résultat escompté.
Ce résultat attendu (car on peut bien dire dans ces cas-là que le résultat est le produit d'une tactique) doit casser le peloton voire parfois l'émietter.
Que se passe-t-il en réalité ? Le vent marin soufflant de coté ou 3/4 face est souvent plus intense que les vents continentaux. Il offre une résistance à l'effort qui épuise vite les coureurs. Les
coureurs qui viennent se positionner en tête du peloton sont plus frais, ils sont capable de forcer le rythme pendant un lapse de temps défini avant de reprendre un tempo. C'est cette phase de
rythme soutenu qui est décisive dans l'atomisation du peloton.
Les coureurs forment un éventail qui va prendre toute la largeur de la route. en général une trentaine de coureurs voire une quarantaine de coureurs arrivent à s'abriter dans les roues, au-delà,
selon les conditions météo on dit être "dans le vent". Que signifie cette expression ? Cela veut dire que les coureurs suivant ne sont pas protégés, ils prennent le vent et s'épuisent vite, ils ont
besoin de soutien mais les coureurs dans leurs roues sont "pendus" ... On perd 1m puis 3 puis 10m et c'est fini l'écart est fait !
A l'entrainement en club (mes souvenirs de sorties hivernales avec le CMS Puteaux de Jean François Guiborel et José Vallée), nous travaillions justement à former des éventails et de les maintenir
avec à peine 3, 4 mètres d'écart en maitrisant notre vitesse pour ne pas "rentrer" devant.
Les bénéfices de cette bordure
1) Cavendish s'est mis dans les conditions idéales pour s'assure un sprint réduit. Au coude à coude avec Thor Hushovd
2) Lance Armstrong se considère comme chanceux d'avoir été là au moment où les Columbia ont "vissé". LA a gagné plus de 30 secondes dans le coup, se repositionnant à la 3ème place du classement
général, devant les Contador et consors. Comme quoi, la prudence (démarrer le contre la montre un peu en dedans) et l'expérience (de se placer en tête du peloton quand ça devient nerveux et que ça
frotte à cause du vent et de l'arrivée prisée par les sprinters) paient.
Je n'ai pas vu les images télé, j'attendrai le résumé de ce soir .... Mais sur RMC Info, ils disent que Lance Armstrong a participé activement à la progression de l'écart en prenant des relais "à
bloc comme il sait le faire" selon les journalistes.
Cavendish aurait poussé un coup de gueule parce qu'aucune équipe de sprinter ne semblait collaborer pour rouler sur les derniers kilomètres de l'équipe, les Columbia auraient alors décidé de rouler
pour faire payer et selon Le Mevel, c'est Contador qui aurait craqué le premier dans l'effilochage du peloton. Drôle doïncidence !
Les déclarations
Levi Leipheimer (sur twiiter)
- " I've never seen the group split so suddenly, one second we were calm & then Columbia hit it in a very short section of cross wind. LA alert! "
Cadel Evans (sur twitter)
- " Group split with some 30km to go. Lance showed his experience, Columbia showed their class. The rest of us? 40sec's down Grrrr.... "
Lance Armstrong (sur twitter)
- " St3 done - gnarly! Crosswinds all day and a group snuck off in the last 25k behind Columbia/HTC's tempo. I was lucky enough 2 b there. "
- " Had Popo and Zubeldia w/ me and no other GC favs in the front. Gained valuable time but most likely minor in scheme of 3 weeks. Onward. "
- " And congrats to Cav. Even if he didn't deserve it (which he did) then his boys more than earned it for him. "