Mes explications de la maladie ont été très simples: extraits en vrac:"Tu as déjà été malade, tu as eu bobo quelque part? Ben moi, j'ai une maladie qui ne guérit pas, elle est avec moi tous les jours. J'essaie de la dresser comme on dresse un animal un peu méchant ou sauvage {G. est fan d'animaux, notamment marins}, pour qu'elle ne me rende pas trop malade. Et, oui, parfois j'ai bobo, alors je prends des médicaments, ou je me repose. Non, je ne vais pas remarcher, mais j'ai mon fauteuil à roulettes, alors je peux me déplacer quand même! Toi aussi quand tu étais petit, tu étais en poussette. Oui, avant je marchais, je dansais même, je faisais du vélo, tout... Oui, je suis parfois triste, mais tout le monde est triste de temps en temps. Même quand on n'est pas malade, c'est normal. Ca passe. Non, on n'attrape pas ma maladie en me touchant ou en me faisant la bise, ma maladie ne s'attrape pas comme ça. Elle était déjà au fond de moi.Toi? Je ne vois pas pourquoi tu l'aurais. Mais si tu l'avais, tu saurais quoi faire: comme tatie. Tu l'apprivoiserais et rigolerais quand même. Et puis on peut avoir ma maladie sans être en fauteuil {le fauteuil ne les traumatise pas, éducation à la différence précoce}. Parfois les gens ont peur de ça, alors ils sont bizarres avec les gens en fauteuil ou qui ne sont pas comme eux."
Ce qui était intéressant,
Il y a près de deux ans sont arrivés deux autres petit-neveux! Le fils de mon neveu qui rentre du Sénégal (un petit métis, A.) et le fils de mon autre nièce qui vit dans ma ville. Quand ils sont tout petits, en poussette, la connivence avec le fauteuil est immédiate. Courses! La fatigue, ils la comprennent mieux qui quiconque! C'est par les gestes, les sourires qu'on éduque. Puis, les mots s'ajoutent: "Tatie ne marche pas, parce qu'elle a bobo. Mais ca ne fait rien. Parfois tatie dort ou ne peut pas sortir, aller se promener." etc...
Le petit H. qui vit dans ma ville, va grandir à mon contact et tout sera naturellement intégré. Il ne m'aura connue que handicapée.
*Evidemment, quand on est père ou mère, c'est différent.
Le point commun est le dialogue. La communication. Surtout, ne pas être gêné, honteux, ne pas culpabiliser, car nous ne sommes pas responsables d'avoir contracté la sclérose en plaques. C'est à nous qu'incombe le rôle d'informer, de rassurer. Enfants et conjoints, parents, proches et amis, mais aussi tous ceux qui en auraient besoin (voisins, au boulot, éventuellement, à vous de voir ce qui est judicieux).
Ce n'est qu'ainsi qu'on casse les préjugés et les idées fausses (sur le fait qu'on tangue, qu'on est fatigué, qu'on se pique, que la SEP n'est pas une maladie de la peau, pas contagieuse mais neurologique, le fauteuil, les toilettes etc...).
Informer, éduquer. (demain, article sur ma SEP, mon fauteuil, explqué aux ados/jeunes dans mon métier)
La conséquence, c'est qu'on est mieux accepté et qu'on vit mieux sa maladie et ses conséquences. Portez-vous bien!
*Première parution le 27 mai 2007*