Ecoutez le silence après la tempête. Il n’est que plus beau. Parfois pourtant, il n’est que plus cruel. Vous souvenez vous de l’Iran ? De ces élections contestées par la rue ? De ce déchaînement médiatique sur Twitter ? Souvenez-vous de ces avatars verts dont un ex-compère Kiwisien raille aujourd’hui l’utilité ? Oui, Non ?
Cela fait à peine quelques jours, 2 ou 3 semaines tout au plus que le monde s’était branché sur l’Iran. Son peuple, en majorité constitué de jeunes en soif de liberté et de démocratie s’était soulevé contre l’élection d'Ahmanidedjad. Cette élection, dont la manipulation n’a toujours pas pu être prouvée, a ému les peuples occidentaux.
Au-delà de l’événement en lui-même, je demeure pensif, une nouvelle fois, sur la capacité de nos sociétés et ériger des monuments en quelques heures avant de les laisser pourrir dans l’oubli. L’actualité est un flux fulgurant. Comme tout flux, il est acheminé dans des tuyaux que le web, les blogs, bref, plus globalement le fameux web 2.0, croyaient avoir fait éclaté. En fait le web n’est rien de plus qu’un tuyau de plus qui achemine l’actualité. Le web accélère l’érection de monuments et précipite l’oubli. Les blogueurs, dont je suis, assouvissent leurs envies de débats et de relatives analyses sur les dossiers les plus chauds. Cela se comprend, traiter d’un fait qui n’intéresse plus personne équivaut à ne pas attirer le lecteur. Un blog sans lecteur est un blog mort.
Les plus tatillons nous dirons que le web fait au contraire perdurer l’actualité Iranienne qui est en revanche, belle et bien portée disparue des « médias principaux ». Certes. Mais qu’est-il advenu de tout cela pour le citoyen lambda qui regarde les 10 premières minutes du 20h avant de se précipiter sur « Plus belle la vie ». Lui ne possède pas de Google Reader ou de Twitter comme tout bon "geek politique" qui se respecte. En définitive, il ne reste pas grand-chose, l’Iran a laissé la place à Michael Jackson dont la mort comble la majeure partie du flux d’actualité... Pour l'instant.
Ce phénomène n’est pas nouveau, j’en suis pleinement conscient. Il n’empêche. Il me semble qu’il s’accentue avec le temps. Les politiques eux, ont bien compris ce phénomène et leurs conseillers ne cachent pas vraiment le point central de la stratégie de communication politique d’aujourd’hui… Faire l’agenda. Il s’agit d’être à la production de l’actualité, de n’offrir le soin à personne d’autre de remplir les tuyaux... Être à l’origine de l’actualité, c’est avant tout couvrir le temps de parole des autres, c’est assouvir la perpétuelle soif d’immédiateté de nos sociétés.
Sous cet aspect des choses, je regrette que le web ne joue pas vraiment son rôle. Pourtant, seul le web pourrait être en mesure de se doter d'outils posés et raisonnés, simplement car à l'inverse du politique ou des médias "commerciaux", le blogueur ne cherche pas le profit. A mon humble niveau, j’y pense et l’envie d’ouvrir un blog « a posteriori » fait son chemin. Plusieurs mains, plusieurs blogueurs, tous portés par l'envie soudaine de sortie du tunnel fou de l'actualité. Un blog, un de plus, pour traiter l’actualité d’il y a 6 mois / 1 an.
Une actualité dépourvue de gros titres, de compassion et de sentiments. Une actualité (qui, du coup, n’en sera plus une) éclairée à la lumière de faits, de chiffres, de constats, de « feedback » comme on dit.
Une actualité en miette, fracassée sur le mur des réalités.
Mais un blog, c'est tout de même du travail, alors qui saît...