Mes vacances normando-parisiennes : premier jour

Par Eric Bernardin

Je suis donc parti samedi matin à 7h30. Les routes étaient très tranquilles. Du coup, je suis arrivé sans problème à 11h00 à Vierzon dans la maison familiale. Cela faisait petit bout de temps que je n’y avais pas mis les pieds. Je la trouve toujours aussi sympa.

J’ai discuté avec ma mère pendant qu’elle préparait le repas du midi. Puis mon père est arrivé, suivi de peu par ma petite sœur et ses deux enfants. C’est la première fois que je voyais le petit dernier qui a 13 mois.

Il y a un côté à la fois bizarre et rassurant sur la façon dont ma mère « décore » le plat de crudité. Bizarre, parce que je n’ai plus du tout l’habitude de voir ce genre de présentation qui me transporte des décennies en arrière. Rassurant, parce que certaines choses semblent immuables, éternelles. Déjà, ma grand-mère le faisait ainsi. D’un côté, je subodore que j’ai hérité de cette manie de la déco en la transcendant totalement.

De l’autre, j’ai l’impression d’être un traitre qui a rompu la chaîne de la tradition. Au goût, même sentiment contradictoire. D’un côté des saveurs qui me semble presque exotiques parce je ne mange plus jamais des crudités ainsi préparées (je suis plutôt roquette, tomates confites, courgette croquante). De l’autre, l’impression d’en avoir mangé hier. Mais bon,  je ne suis pas vraiment submergé par la nostalgie : lorsque j’étais enfant, je ne courais pas particulièrement après ce genre de plats…

Nous passons ensuite à de l’épaule d’agneau accompagnée d’haricots verts et de pommes de terre rôties. C’est très bon, et là aussi effet « madeleine de Proust » garanti, avec cette impression de retourner en enfance.

Pour finir, des fraises des bois et du fromage blanc. Je me rends compte à quel point ces fruits n’ont vraiment rien à voir avec les fraises classiques. Tellement plus goûteux, plus intense. Je ne m’attarde pas, parce que j’ai encore 4 heures de route.

Direction Rouen. Mon ami Vincent m’ayant préparé un super plan, j’arrive de suite à la bonne adresse, sans m’être perdu. Ils habitent une maison très sympa, avec un grand  cerisier, bien connu des LPViens. C’est à l’ombre de celui-ci que nous mangerons ce soir.

Olivier, un ami d’enfance de Vincent est venu se joindre à nous, accompagné de sa femme. Il a apporté une bouteille mystère que nous découvrirons plus tard…

Nous commençons à picorer quelques « mises en bouche », accompagnées d’un viognier 2007  du domaine de Gravanel. Les crevettes à l’ananas et au curry sont délicieuses et se marient bien avec le vin, très aromatique.

Les rillettes de maquereau aux baies roses faites maison sont également très bonnes. Puis arrive des filets de bar à l’unilatéral. C’était la première fois que Vincent tentait la recette : c’est une réussite ! La cuisson de chair est parfaite. C’est un Chablis 1er cru « Fourchaume » 2005 (des vignerons de Chablis) qui accompagne le plat. Au départ plutôt discret, il prend de l’ampleur et de la complexité à l’aération. Ce n’est pas du Grand Chablis, mais ça tient bien la route et vous en avez pour votre argent (12,50€).

Suit une côte de bœuf au barbecue. Et deux vins : un Château la Louvière 96 (Pessac Léognan rouge). Et la fameuse bouteille mystère d’Olivier. Le premier est à point : nez et robe sont évolués, juste ce qu'il faut, avec des tannins soyeux juste ce qu'il faut. La structure me semble assez légère pour un 96, mais le vin tient bien la route.

Le deuxième  paraît plus fermé, avec limite quelques défauts de conservation. Olivier nous dit que c'est un Margaux Bel Air Marquis d'Aligre 1995. Je conseille alors de lui laisser du temps et de l'aération : ça devrait s'améliorer. Et en effet , trente minutes plus tard, ce n'est plus le même vin. Le nez a gagné en puissance et en finesse, avec des notes de rose et de ronce. La bouche est longue et harmonieuse. Et la persistance beaucoup plus grande. Un beau vin !

J'ai droit ensuite à un beau plateau de fromages normands. Nous finissons avec les rouges, et nous continuons avec un blanc sec "les dames blanches du sud 2007" du domaine de Grangeneuve. Très aromatique sur des notes de fruits confit, d'abricot et de pêche. La bouche est riche mais équilibrée par une belle fraîcheur. Un joli vin.

Nous finissons le repas avec des fruits arrosés d'un nectar goyave/framboise. Si les fraises sont un peu décevantes, les cerises sont extra. Ainsi se finit ma première journée. Il est temps de se coucher (il est une heure du mat'). Demain sera un autre jour !

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