Mettons déjà une chose au point. Je suis tout à fait pour le droit à l’avortement. Même si je ne vois pas dans ce droit un progrès pour l’humanité mais la simple reconnaissance d’un fait. L’avortement a toujours existé et, Dieu merci, sa légalisation permet d’éviter à des gamines de 20 ans de crever avec des aiguilles à tricoter enfoncées dans le ventre. De plus, étant fort peu porté sur les enfants, je me dis qu’un avortement ça fait toujours une de ces créatures qui ne viendra pas hurler sous mes fenêtres en faisant de la trottinette le dimanche matin à 9h, c’est déjà ça de gagné.
Mais, seconde mise au point, il est parfaitement clair que la vie humaine, ou plus simplement que la vie d’un homme ou d’une femme commence à la conception. Les discussions sur les délais n’ont aucun sens, que ce soit à 8 jours de la conception ou à 8 jours du terme c’est la vie d’un homme ou d’une femme qui est éliminée lors d’un avortement. Mais ce n’est pas un problème pour moi car je dois avouer là aussi que j’ai fort peu d’amour pour l’écrasante majorité des près de six milliards huit cent millions d’individus qui encombrent notre planète et surtout les transports publics de mon bled et les rayons du supermarché où je vais faire mes courses. Dieu que la vie serait plus agréable si il y avait six milliards d’habitants en moins. Une réduction spectaculaire de la population mondiale, voilà ce qu’il nous faut, c’est d’ailleurs l’aboutissent logique de toute la vomitive idéologie écologiste dont on nous bourre le crâne depuis des années, on finira bien par y arriver. Paradoxalement je hais l’écologie sous toutes ses formes et un bon écologiste est un écologiste mort, c’est donc que j’ai plus d’amour en moi que je ne le pense et que je ne pense pas tout ce que je dis. Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos morpions avortés.
Il y a quelques années, à l’occasion de la votation sur l’initiative dite des délais j’avais pris la peine de rechercher le nombre d’avortements pratiqués par année en Suisse. Je dis bien pris la peine car il me semble que lorsque la question de l’avortement est évoquée dans les médias on ne cite que rarement des chiffres et puis, après tout, je considérais la question de l’IVG dépassée et négligeable et m’étonnais même de la dimension prise par le débat sur cette question vu la facilité d’accès aux méthodes de contraception et à l’éducation sexuelle et j’estimais le nombre d’avortements pratiqués en Suisse qu’à quelques dizaines par année.
Je fus donc surpris de tomber sur le chiffre de 12'000. C’était il y a quelques années et aujourd’hui, la tendance étant à la baisse, nous en sommes aux environs de 10'000. En France, c’est environ 210'000, 114'500 en Allemagne et 198'500 au Royaume-Uni (chiffres de 2007 ou 2008) je m’arrête là. Avouez que ce n’est pas rien. En Suisse, en 10 ans, les avortements représentent l’équivalent de la population d’une ville comme Lausanne. Pour ce qui est de la France, il suffit de six ans et demi pour arriver à un chiffre comparable au nombre de soldats français tués pendant la « boucherie » de la Première Guerre Mondiale, 1'365'000. Bien sûr, on peut relativiser, et dire qu’en France il n’y a que 14,5 IVG pour 1000 femmes de 15 à 49 ans et 6,5 pour mille en Suisse. Ce sont d’ailleurs ces chiffres relatifs qui sont le plus souvent cités et qui sont considérés comme reflétant le mieux la réalité de l’avortement, comme s’il y avait une certaine gêne à parler en chiffres absolus. Pourtant, si l’on dit que les 80'000 juifs français ou raflés sur le territoire français et tués pendant la Shoah ne représentaient finalement que le 1,95 pour mille de la totalité de la population française de l’époque on s’exposerait sans doute à quelques problèmes.
Avant de vous laisser méditer sur ces chiffres, je vous rappelle que nous vivons dans une société qui ne cesse de vénérer la vie et qui idolâtre les enfants.