Depuis qu'il s'est doté d'un site internet, le libraire de Kaboul, Shah Mohammed Rais avait déjà mis un pied dans le vaste monde. Maintenant, il entre dans la cour des grands, en signant un accord de ventes, étant lui-même éditeur, avec l'Angleterre, et Raymond McLennan, directeur général de Motilal Books.
Avec ses trois boutiques, le libraire est aujourd'hui l'acteur incontournable de la littérature afghane, qu'il publie, mais également de la lutte contre les Talibans, un combat de longue date. D'ailleurs, depuis leur départ en 2001, écoles et universités se sont mises à pousser, toute une économie s'est créée, soutenue par l'arrivée de 35.000 étrangers dans la ville. On compte ainsi 12 facs, 300 lycées et collèges, 1500 écoles primaires.
Et durant la Foire de Francfort, où il a rencontré McLennan, le libraire a expliqué combien son commerce avait prospéré : tout le monde souhaite des informations sur l'Afghanistan, journalistes, fonctionnaires, espions ou ONG. Même les soldats présents sur place ont participé à la réussite de son établissement. Et sans conteste, sa meilleure vente reste son propre livre, Once Upon A Time There Was a Bookseller of Kabul, réponse claire et directe au livre d'Asne Seierstad, qui l'avait fait connaître. Une action en justice en avait d'ailleurs découlé, avec 5 millions $ demandés pour diffamation, de la part du libraire.
Un titre qui pourrait s'expatrier aux États-Unis, selon ses dires.
L'accord signé concernerait plus de 200 titres du catalogue de Shah, et plusieurs groupes seront en charge de la distribution. Et face au comportement de ce libraire afghan, McLennan reste admiratif : « Je veux lui apporter tout mon soutien pour sa bravoure et son courage. Les librairies anglaises sont actuellement plus sensibles à l'économie et la vente de livres - mais nous prenons tous la liberté de vendre des ouvrages pour un acquis. »
Un des combats que Shah aura longuement menés...