Manque l'Esperluette dans ce titre (n'en déplaise à la vraie) - oui, le signe & - celui qui lie les choses, et qui, ici, pourrait relier télévision et Web.
Car je reviens des étés TIC de Rennes, et notamment d'un atelier intitulé "La diffusion audiovisuelle et les nouveaux médias".
Vous imaginez bien que je ne pouvais louper ceci: la télévision, d'où je viens, le Web, où je veux aller (professionnellement s'entend), dans l'idée de lier les deux en utilisant de "nouvelles" formes.
Comme je maîtrise l'un et que je n'ai de cesse d'observer et d'apprendre de l'autre, j'avais hâte d'écouter ce qui allait s'y dire.Y aurait-il - enfin - des passerelles, des adaptations, des synergies? Les uns se risqueraient-ils à "l'aventure" du numérique? Les autres penseraient-ils des contenus audiovisuels innovants?
Pour en parler, deux acteurs circonstanciés: Jean-Luc Nelle ( Directeur général de TV Rennes 35 et Président de TLSP, l'union des télévisions locales de service public) et Bruno Westeel ( Directeur Marketing en charge des Services Mobiles Multimédia chez Alcatel Lucent). L'animation du débat était assurée par Jean-François Bertrand du Conseil régional de Bretagne.
La présentation est importante, car l'un vient donc de la télévision et du service public, et l'autre du privé et d'un grand groupe spécialisé en réseaux haut débit, technologies IP, etc (pour les précisions, voir par ici).
Lors des échanges, il a notamment été question d'économie - le nerf de la guerre:
- Côté télévision locale: comment financer. Ici, on parle du soutient des collectivités territoriales et de syndication de programmes - je ne vais pas refaire l'historique des télévisions locales, longue, très longue histoire, toujours en recherche d'équilibre et de viabilité.
- Côté grand groupe, la TMP (Téléphonie Mobile Personnelle) par exemple et ses applications.
- Côté télé d'antan & outils d'aujourd'hui: comment trouver et fédérer une audience à travers des contenus adaptés. Avec une analyse très pertinente (Bruno Westeel): adapter le fonctionnement des réseaux sociaux, des communautés d'intérêts à ces services (à quand des WikiTV demande-t-il par exemple). <- à quand vous voulez, c'est une idée qu'il me plairait de développer!!
Avec ces problématiques, surgit très vite pour les professionnels un autre questionnement autour de l'économie et des contenus. Et là, en écoutant les interventions, je m'aperçois que depuis que j'ai quitté l'audiovisuel, les choses ont - changé certes - mais pas tant que cela.Je rappelle qu'il y a quatre ans, quand les producteurs (dans leur majorité) entendaient parler de V.O.D - par exemple - ils considéraient cela comme une sorte de vague utopie, sans économie possible. Certains poussaient des cris d'orfraies, d'autres s'en désintéressaient. Les diffuseurs (entendez: les chaines de télévision) ont été eux plus rapides, et c'est normal. Vidéo dites de "rattrapage", actualité, exclusivités pour le Web, etc...
Or, tout ceci pose, encore et toujours... la question des droits - souvenez-vous: Hadopi! Pour pouvoir diffuser des contenus audiovisuels il faut acheter ou vendre des droits (de manifestations sportives, d'auteurs, etc). Outre une création spécifique, le stock (de programme) est énorme, mais les droits souvent non négociés - ce qui suppose de les "lever", c'est à dire de mener de longues et minutieuses enquêtes et négociations* auprès de ceux qui les détiennent, ou bien de les inclure, puis... de payer.
On en revient à l'économie.
Bruno Westeel (Alcatel-Lucent) a donné quelques exemples très parlants: notamment celui des accords passés entre Google et les majors côté musique - sous entendu: observons ce qui se pratique déjà -, avec les accords conclus pour la Chine: les majors ont accepté de laisser Google diffuser sur ce territoire, en échange de 50% des revenus de la publicité. Voilà une démarche futée: plutôt que d'essayer de contrôler l'incontrôlable, mieux vaut être assuré d'un minimum de recettes.
Certains ont aussi renoncé aux fameux DRM (Digital Rights Management), et passent des accords de ce type. Mais, ceci ne se joue pas partout, loin s'en faut!
Quand je vous répète à longueurs de billets qu'il faut une réforme du droit d'auteur et des modes de rémunération, et que rien ne sert de tenter de contrôler à tout va (pour jouer "les pompiers", dixit)... Parce qu'il semble que beaucoup continuent d'avancer à l'aveuglette au lieu de prendre le taureau - numérique - par les cornes (<-oui, bon). En d'autres termes: au lieu d'ouvrir le chantier, d'innover, de dépoussiérer, d'adapter, l'ancien monde se méfie du nouveau. Ce n'est pas nouveau justement, mais quand même! Que ces forces d'inerties m'exaspèrent. La technologie (en Occident) est globalement là et, pour le reste, on pinaille sans essayer - souvent, mais pas toujours - de voir plus loin que le bout de son nez.
Pour trouver un équilibre financier, pour laisser accéder gratuitement ou à moindre coût - ce qui est existe historiquement pour la télévision - il faut s'attaquer au chantier (et pas prohiber).
Nous sommes dans une ère numérique qui, même si elle n'est pas encore limpide pour tous, est bien présente: dans nos environnements immédiats (de façon "invisible" aussi car inclue dans des technologies dont nous ne voyons même plus le fonctionnement - des CD aux passes du métro, pour ne citer que ceux là -) , dans nos usages, notre quotidien.
Il est urgent de la penser et de s'y adapter.
Tiens, pour finir et en guise de conclusion, prenons l'exemple des enfants, ceux qui seront là demain: vous aurez sans doute remarqué qu'à deux-trois ans, ils sont déjà familiers d'un écran d'ordinateur et qu'ils savent manier très vite les télécommandes, claviers, et autres boutons (générateurs de satisfaction, de distraction, notamment). C'est déjà inscrit dans leur environnement.
Face à cela, on peut choisir d'ignorer (vive l'avenir!), ou, au contraire, de prendre le temps d'y réfléchir, d'en penser les différentes facettes, d'essayer d'éviter le pire, et surtout, d'y construire le meilleur.
- Côté droits, et puisque nous sommes sur un blog emploi: pour ceux qui voudraient m'embaucher, sachez que je maîtrise la question ayant passé des années de négociations sur des archives et des contrats...
NB: après ces "envolées", un autre billet suivra pour restituer un peu l'ambiance générale des étés TIC et d'autres ateliers.