Cela fait maintenant plus de 4 ans que le Haut Commissariat aux Réfugiés a ouvert un nouveau bureau à Rabat, répondant avec empressement et dans la précipitation aux sollicitations des Etats européens, soucieux d´éloigner les demandeurs d´asile, provenant en particulier de l´Afrique subsaharienne, de leurs frontières.
Ayant dû lui-même attendre plusieurs années avant que le Maroc n´avalise officiellement sa présence au Maroc, le HCR n´avait aucune garantie préalable de la coopération du gouvernment marocain pour rendre le statut de réfugié qu´il allait délivrer opérationnel dans la vie quotidienne des réfugiés au Maroc.
En effet, malgré le fait que le Maroc soit signataire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951, il refuse de valider la carte délivrée par le HCR et de reconnaître à ceux qui sont en sa possession les droits y afférants, notamment en matière de séjour, de travail, d´accès aux services publics, de liberté de circulation.
Après tant d´années d´attente dans la précarité la plus absolue et l´incertitude des lendemains, les réfugiés provenant d´un certain nombre de pays africains (Côte d´Ivoire, Congo, Rwanda, etc.) désespérant de voir reconnaître leurs droits et évoluer leur situation, ont organisé un sit-in permanent devant le siège du HCR afin d´obtenir leur réinstallation dans des pays respectueux du statut de réfugiés et des droits y afférents.
Dispersés par la force par différents corps de répression dans la nuit du 27 juin 2009, après une semaine de sit in continu, la seule promesse qu´ils ont finalement obtenue est celle de l´ouverture de négociations avec le responsable du bureau marocain du HCR, Mr Johannes Van der Klauw, à partir du 2 juillet prochain.
Nous, organisations membres du Réseau euro-africain sur les migrations, ayant soutenus les réfugiés et demandeurs d´asile tout au long de ces dernières années,
exprimons notre compréhension de leur désespoir
condamnons les violences dont ils ont été victimes de la part de forces de l´ordre
demandons que la HCR prenne toutes ses responsabilité s et assure sa mission qui est de protéger les réfugiés et de leur offrir la garantie d´une vie sûre et décente
déclarons notre entière solidarité avec leur mouvement et leurs revendications et les assurons de toute notre vigilance afin que leur soient reconnus l´ensemble de leurs droits.
réclamons l´octroi systématique à tous les réfugiés statutaires d´une complète liberté de circulation et d´installation et d´une protection à travers le monde.
Après la bastonnade musclée qu'ont subie les réfugiés le jeudi vers midi à l'issue d'une première session de négociations qui n'a pour l'instant abouti à aucun accord,
- quatre personnes au moins ont été transportées aux urgences en début d'après-midi (dont la dame enceinte qui avait déjà été frappée vendredi dernier). Il semblerait que l'une d'entre elle soit dans un état critique.
Deux d'entre elles, que j'ai vues, avaient des blessures à la tête et diverses contusions. Ceux-là ont pu regagner leur domicile;
- il y a 6 Réfugiés qui ont été arrêtées, ils sont dans un commissariat du quartier Hassan.
PV réunion du Comité de suivi du Manifeste auro-africain sur les migrations.
Tenue à Rabat, le vendredi 3 juillet au local d'Attac.
Après un retour sur les évènements du 2 juillet, constat est fait
- du recours de plus en plus systématique aux forces de police pour intervenir dans le dossier réfugiés/ HCR
- de la violence des matraquages qui vont au-delà d'une simple opération visant à disperser des manifestants et de la fréquence des coups sur la tête lors de ces matraquages
- de l'intervention de la police dans le périmètre réservé de l'Ambassade des Etats-Unis ce qui pourrait constituer soit une violation de l'extra-territorialité de l'Ambassade soit une réponse à un appel de cette même Ambassade à faire évacuer ses abords. Dans les deux cas, on note que rien n'a été entrepris par cette Ambassade pour protéger les réfugiés des exactions policières
- 30 heures après les faits, au moins 3 personnes sont encore détenues.
Perspectives de travail
1- La première priorité nous semble de localiser les personnes détenues et d'en obtenir la libération. Il semblerait qu'elles se trouvent dans un commissariat situé non loin de l'ancien siège du HCR. Nous proposons donc qu'un groupe de personnes se retrouve à 15h30 devant l'école Camus (rue de Fès) pour constituer une délégation qui se rende dans le commissariat le plus proche. La présence de tous ceux qui le peuvent est souhaitée.
2- Proposition est faite de rédiger une lettre ouverte d'interpellation du Responsable du bureau du HCR à Rabat afin de lui rappeler que sa mission est de protéger les réfugiés et non de les faire matraquer, envoyer dans les commissariats ou à l'hôpital. Un premier projet vous sera envoyé dès que possible
3- Rester en contact avec le Rassemblement de tous les réfugiés au Maroc qui décidera des modalités de poursuite de leur mouvement et nous mobiliser pour accompagner leur mouvement
Afin d'appuyer leurs revendications et montrer qu'ils ne sont pas isolés
Ali Fkir (4 juillet 2009 / Envoi groupé n° 3875 PresseMaroc /