Un Trophée des Champions, une Coupe de la Ligue, un Championnat de France de Ligue 1 en deux saisons (2007-2009), et puis s’en va. Pour 6,5 M€, le défenseur international sénégalais Souleymane Diawara a rejoint l’Ohème de Didier Deschamps. Priorité des priorités du champion du monde 98 (au point de faire totalement oublier Servet Cetin, annoncé un temps sur la Canebière), Souley a donc une nouvelle fois choisi un club d’un standing inférieur dans sa carrière déjà longue de 11 années professionnelles. Quitte à prendre plus de blé?
Formé au HAC (1998-2002), le natif de Gabou (Sénégal), finit ses classes en Ligue 2 avant de signer à Sochaux (8e de L1) alors que Lille (5e et de retour sur la scène européenne) lui faisait les yeux doux. Trois ans plus tard, Diawara quitte le F.C. Sochaux-Montbéliard après une coupe de la ligue (2004) et un 16e de finale de la coupe de l’UEFA. Reconnu comme un bon défenseur en France, le désormais international sénégalais quitte l’Hexagone pour s’envoler vers la Premier League, le pognon et…Charlton! 13e de la Premier League et seulement voué à disputer des rencontres de seconds couteaux à l’anglaise, Souley perd son temps et revient sur ses pas. Direction Bordeaux, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis…En Gironde, rebelote. Une fois son statut de leader en charnière centrale retrouvé et un palmarès regonflé avec une nomination dans l’équipe-type de la L1, Souley demande plus de ronds et sort frustré des négociations avec les dirigeants bordelais. Miracle, Robert Louis-Dreyfus se réveille, vire Pape Diouf, et crache de l’argent à tir larigot. Souley est content. Alors, que veut véritablement Diawara? Jouer au sein d’une équipe fiable et continuer sa progression à un âge (30 ans) encore mature dans le monde footballistique? Ou bien essayer de gonfler son compte en banque le plus vite possible et finir sa carrière au Qatar comme bon nombre de professionnels vénaux? A vrai dire, un peu des deux…
S’il n’a pas forcément pris le meilleur chemin pour exploser aux yeux du grand public plus tôt, Diawara est aussi victime du système actuel post-Bosman et de l’ultra-capitalisme. Dans un mercato complètement affolé et maîtrisé par le madridista Florentino Pérez, il n’est qu’un pion dans un échiquier ou plutôt un chéquier qui ne demande qu’à s’épuiser. L’amour d’un joueur envers son club n’existe plus. Et lorsque Totti (AS Roma), Raùl (Real Madrid) et Javier Zanetti (Inter Milan) quitteront la sphère du ballon rond après de bons et loyaux services envers leurs fanions, le mercenariat sera le nouveau régime du football. Et pourtant, qu’elle aurait été la réussite de ses 3 grands champions dans un tracé différent? Michael Owen qui avait donné sa vie à Liverpool a pourtant changé son destin en quittant les bords de la Mersey pour le grand Real de Florentino en 2004. On connaît la suite…La déchéance, moultes joueurs l’ont connu pour avoir eu plus de punch pour leur compte en banque au détriment du cuir. “La vérité, c’est le terrain” disait l’autre.
A la reprise de la saison début août, Diawara fera partie d’une équipe grandement reconstruite et sera peut-être l’un des piliers de l’OM de demain avec son pote de toujours Mamadou Niang. A Bordeaux, le sénégalais aurait tenté de passer enfin le cap du premier tour de la C1. A Marseille, il aura tout simplement pour objectif de “faire le mieux possible”, traduction, de la disputer. Combien ça rapporte déjà un match de Ligue des Champions?
Renaud Solacroup