Hyam Schoucair Yared/J’accepte mon visage

Par Angèle Paoli
« Poésie d'un jour
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J’ACCEPTE MON VISAGE

   Notre couche est étroite pour nos deux
nudités. C'est le trottoir
   que tu enlaces avec le bruit des autres.
Et tout ce braille en nous
   coulé dans le béton. Ce ne sont pas nos
ombres c'est le mur qui avance.
   À midi tu me perds et me trouves dans
la pierre. Tu me rapportes un geste
   de la mémoire des murs. Je n'ai pas
reconnu ma porte et ma tombe.
   L'univers — ce mot de plus dans le sang.
Tu m'étrangles. Ma gorge
   — sépulcre de ton feu. Mutile-moi de ta
verge. J'accepte mon visage

Hyam Schoucair Yared, Naître si mourir, Écrits des Forges/le dé bleu/L'Idée bleue, 2008, page 16.


   Hyam Schoucair Yared vit à Beyrouth (Liban) où elle est née en 1975. Avec deux livres de poésie (Reflets de lune, Dar An-Nahar, Beyrouth, 2001. Médaille d’or aux IVes Jeux de la Francophonie, Québec, 2001 et Blessures de l’eau, id., 2004), un long poème à quatre mains sous forme de dialogue (écrit avec le poète portugais Casimiro de Brito) Sur une île, et un roman (L’Armoire des ombres, Sabine Wespieser, 2007. Bourse Del Duca et Prix France-Liban 2007), elle pose et impose une voix singulière, tant par les thèmes (la condition de la femme, la force du désir...) que dans une écriture travaillée avec lucidité, fraîcheur et sincérité. Secrétaire du PEN (Liban), Hyam Yared s'attache à défendre les écrivains en prison et la liberté d'expression de la presse.


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