Les prémisses d’une nouvelle" Guerre froide "

Publié le 05 juillet 2009 par Drzz

Ce 4 juillet 2009, un signe  fort  d’une une  nouvelle guerre froide s’est manifesté au Proche Orient. Un sous-marin israélien a transité par le canal de Suez pour participer à des manoeuvres navales en mer Rouge, ont indiqué ce  samedi des responsables de la Défense israélienne.

Cette annonce ressemble fort à un double avertissement en direction de l'Iran. D'une part, l'Etat hébreu et l'Egypte coopèrent à tous  les niveaux . D'autre part, un sous-marin israélien est capable d'atteindre le golfe Persique en quelques jours et n'est nullement obligé de contourner l'Afrique, ce qui prendrait des semaines.



Israël dispose en effet d'au moins trois sous-marins capables de transporter des têtes nucléaires. D'après le quotidien "Jerusalem Post", c'est la première fois depuis 2005 que des navires israéliens empruntent le canal de Suez, qui relie la Méditerranée à la mer Rouge.

La marine israélienne a envoyé ce sous-marin classe Dolphin, à travers le Canal de Suez, pour effectuer des manœuvres navales au large de la côte d'Eilat en Mer Rouge. Cette manœuvre ressemble à un scénario d’une guerre froide, envoyant le message que le  problème de l'Iran dépasse les frontières d'Israël et constitue une menace pour la paix du Proche Orient et du reste du monde.

Le passage d’un sous-marin israélien  au canal de Suez confirme  aussi que la coopération entre  l'Etat hébreu et l'Egypte avance rapidement face à la menace commune que constitue Téhéran .On rappelle ici  la réaction violente du  ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit qui s’est lancé,  le 14 décembre 2008, dans une charge contre l’Iran, jugeant que la République islamique cherchait à dominer le Moyen-Orient, quitte à instrumentaliser en permanence «  la cause palestinienne ».

Les Pays arabes sunnites ; L'Egypte, la Jordanie, l'Arabie et le Koweït pour l'essentiel sont inquiets devant la montée en puissance de l'Iran, aussi bien nucléaires et militaires qu'idéologique, à travers l'expansion de la "shiah". Ils cherchent un protecteur.

L’hégémonie iranienne au Moyen Orient a installé la crainte des grandes capitales arabes. Mené par Khamenei, les "durs" du régime préconisent depuis longtemps l'arrogance et le mépris vis-à-vis des arabes, et l'incitation au génocide d'Israël.

Le 23 mars dernier  la Ligue arabe a lancé un avertissement  en direction de  l'Iran  et contre l'atteinte à la souveraineté ou l'indépendance de n'importe quelle nation arabe. Le vice secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Bin Hali, a en effet accusé Téhéran d'énoncer des déclarations provocatrices à l'encontre d'Etats arabes.

La question de la nucléarisation de l’Iran inquiète la majorité  des pays arabes. Aujourd’hui donc on assiste à une véritable  guerre froide, une nouvelle division idéologique qui  divise désormais la région. Une confrontation de plus en plus hostile entre deux blocs se clarifie ; Le bloc révolutionnaire et ses alliés : L'Iran est tête de file de la Syrie et Le bloc des pays modérés : l’Egypte mène le jeu avec l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Liban, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et  la plupart des Etats de langue arabe, avec le Fatah.

Les Déclarations de hauts responsables iraniens revendiquant certaines régions du Golfe  ont exacerbé le conflit entre axe iranien et axe égypto saoudien. Dans un discours du 10 février dernier  , prononcé à Mashhad à l´occasion du 30ème anniversaire de la Révolution islamique, Ali Akbar Nateq-Nouri, conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei, a déclaré : "A l´époque de l´incompétent [Shah] Reza Pahlavi, l´une de nos provinces nous a été confisquée : celle que l´on appelle aujourd´hui "Bahreïn" (...) Bahreïn était alors la 14ème province [de l´Iran] et avait même son propre représentant au Majlis (...)" (Khorasan, Iran, 11 février 2009)

L´Iran et les Etats du Golfe se disputent en outre la souveraineté sur les trois îles de la Grande Tunb, la Petite Tunb et Abu Moussa. L’Iran cherche aussi à déstabiliser l’Egypte, le noyau dur de l’axe anti-iranien. Le 8 Avril dernier, le Caire a annoncé  l’arrestation de 49 personnes accusées d’être affiliées au Hezbollah. Financé par Téhéran,  ils ont  planifié des attaques sur le sol égyptien.

Il y’a surtout la Crainte commune des pays arabes et d'Israël, de la menace nucléaire iranienne, qui constituait pour les parties l'opportunité de créer un front commun contre Téhéran. Des discussions directes entre elle-même et plusieurs dirigeants de pays arabes  sont encouragés en faveur d'une intervention "la plus forte" contre l'Iran (déclaration  de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, le 23 avril 2009 devant les membres du Congrès). La secrétaire d'Etat a assuré que ces pays ne pouvaient rester indifférents face au danger iranien.

Les craintes qu´éveillent les missiles iraniens demeurent  intacts, notamment dans les pays arabes. La possibilité offerte par l’Egypte aux sous-marins israéliens et les facilités de passage à  la force navale  de Tsahal d'atteindre le golfe Persique en quelques jours peut  rassurer  les pays arabes impuissants devant  la menace perse.

Le 14 mai dernier, le Premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, en rendant visite au roi Abdallah de Jordanie, a abordé longuement le dossier nucléaire iranien lors de cet entretien à Akaba sur la mer Rouge. Il a considéré que  la question iranienne comme plus urgente que celle d'une paix hypothétique avec les Palestiniens. « Israël et les pays arabes partagent la même préoccupation face aux ambitions nucléaires de l'Iran, » a-t-il dit à la première chaîne israélienne, parlant d'un "nouveau phénomène" qui pourrait déboucher sur une "coopération sans précédent".

La Ligue Arabe, à majorité sunnite,  peut encourager d’éventuelles frappes préventives contre le nucléaire offensif des chiites iraniens. Lorsque Israël entreprendra de mettre hors d'état de nuire les installations nucléaires iraniennes, il le fera avec la bénédiction (pas avouée ouvertement, certes) des Etats arabes, trop heureux de voir " les israéliens  " faire le sale boulot à leur place.

Certains diront même qu’Israël attaquera probablement  l'Iran, avec le consentement et peut être même l'assistance financière, voir logistique de l'Egypte et des pays du Golfe, l'Arabie saoudite en tête.

Ftouh Souhail, Tunis