L'autorité européenne de la sécurité alimentaire (EFSA) a jugé mardi la culture du maïs génétiquement modifié MON 810 interdite dans six pays européens sans risques pour la santé et l'environnement. Cette décision n'est pas surprenante mais elle est atterrante et impose une réforme en profondeur de l'EFSA.
Elle n'est pas surprenante dans la mesure où l'EFSA qui, constamment, s'est prononcée en faveur des OGM, ne veut pas se désavouer. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n'était guère
envisageable que l'EFSA ouvre un front dans une unanimité qui ne s'est jamais démentie en faveur des OGM, puisque sur 500 avis, tous ont été unanimes et positifs.
Une telle unanimité qui ne laisse même pas la place à des opinions dissidentes et donc à un fonctionnement scientifique normal n'en est pas moins atterrant.
Les effets secondaires des OGM et des pesticides systématiquement sous évalués
Tout d'abord, il traduit une conception tragiquement réductrice des effets potentiellement dangereux des OGM sur la santé. Huit experts internationaux de trois continents viennent de démontrer (voir l'article scientifique publié en juin 2009 par le Profeseur Gilles-Eric Séralini) comment les effets secondaires des OGM et des pesticides sont systématiquement sous évalués par Monsanto avec la bénédiction de l'EFSA.
De plus, les données restent classées confidentielles, malgré le texte de la directive communautaire sur les OGM, ce qui a pour objectif et pour résultat de cacher aux scientifiques non dépendants des résultats qui pourraient faire l'objet de critiques et d'évaluations différentes. Ainsi l'EFSA se prononce sur des études secrètes, destinées à cacher la réalité des protocoles, des résultats et des interprétations. En cautionnant une telle opacité et carence d'évaluation, les pouvoirs publics démontrent leur incapacité à tirer les leçons des scandales sanitaires passés.
Mais il y a encore plus grave dans la mesure où l'EFSA aujourd'hui cautionne la volonté de M. Barroso et de la commission hyper libérale qu'il préside de développer et donc de faciliter la délivrance des autorisations en rendant inutiles les tests à 90 jours sur les OGM. Ainsi, l'EFSA a-t-il perdu de vue la mission qui est la sienne d'assurer la sécurité des européens et d'être un organisme indépendant de contrôle.
Cette situation pose très clairement la question d'une réforme en profondeur de l'EFSA. Dans un rapport que j'avais remis voici plus d'un an à Jean Louis Borloo, pour la préparation de la Présidence française, j'avais formulé des critiques très graves sur l'EFSA (conflits d'intérêt non réglés, procédures inadéquates, opacité) que j'avais présentées au conseil des ministres de l'environnement informel de Saint Cloud. Depuis, une volonté verbale de réforme a été réitérée suivie d'aucun effet.
Etablir le principe de la responsabilité individuelle des experts
Au contraire, l'EFSA persiste et signe. La première mesure à engager serait d'établir le principe de la responsabilité individuelle des experts pour les avis qu'ils émettent si ces avis n'ont pas été émis avec la rigueur scientifique nécessaire. Cela signifierait que ceux qui couvrent les protocoles et les résultats actuels pourraient voir, lorsque la vérité apparaîtra au grand jour, leur responsabilité personnelle engagée en espérant que les conséquences sanitaires ne seront pas trop lourdes pour les autres.
Mais surtout, il est plus que temps que l'Europe applique ses propres textes sur la transparence et le droit à l'information de ses citoyens et mette en place une comitologie rigoureuse et indépendante des intérêts économiques et financiers. Il est plus que temps que la commission entende la voix des européens qui viennent de s'exprimer et les voix de tous ceux qui se sont tus pour comprendre que les européens attendent autre chose des organes communautaires qu'une soumission aux grands lobbys, au détriment de l'intérêt et de la volonté de l'immense majorité d'entre eux.
Il faudra que la question de la responsabilité de chacun des membres du panel puisse être évoquée si d'aventure, et contrairement aux informations non étayées, un risque pour la santé s'avérait établi.
De manière plus générale, il est temps que la Commission et en particulier son Président qui cherche aujourd'hui à tout prix à se faire reconduire, commence à écouter l'opinion publique européenne. S'il l'avait fait, l'abstention aux dernières élections n'aurait peut être pas atteint les records que nous avons connus.
Mon commentaire:
c'est inimaginable, scandaleux encore une grosse affaire de fric avec les Américains et Monsanto. Dans 20 ans comme pour l'amiante le constat fera que les OGM sont dangereux mais avec le fric il n'y a pas de principe de précaution qui tienne, il suffit d'avoir bonne conscience...
L'Europe est nulle sur ce coup là...mais que font les verts et le grand Cohn-Bendit en particuliers à part encaisser son indemnité parlementaire de 7050 €.