Magazine Journal intime

Fortunes et infortunes

Par Crapulax

049__2_- Il a bougé là, non? je demande à BY
- Non, je ne crois pas...., me répond-elle
Et 5 mn plus tard....
- Il a bougé là.... (toujours moi)
- Ah, là, oui (toujours elle)
Galapiat dérapait lentement mais surement vers les rochers tous proches, trop proches. J'aurais dû mouiller plus loin quand le vent  a tourné, une heure plus tôt. Une petite dizaine de mètres de la caillasse n'est pas très raisonnable surtout sur fonds douteux. J'ai sauté ou plutôt volé dans l'annexe et me suis maudit de ne pas avoir quelque chose de plus puissant que ce poussif 4ch aux fesses. Galapiat était sur les rochers déjà. Grosse boule au ventre. Arrivé sur le pont, gaz à fond, Galapiat s'est dégagé immédiatement. J'ai été lâcher la pioche plus loin et plongé pour inspecter les dégâts. Ouf, rien ou presque, juste une petite estafilade à la base du safran. Bonne frousse et bonne leçon: Ne jamais hésiter à bouger et à recommencer en cas de doutes, autant qu'il le faut, même avec une bonne ancre et  de la longueur de chaîne. Il est vrai que ce beau mouillage bien différent des précédents avait quelque chose d'un peu lugubre et en même temps fascinant. Cet ancien dépôt de munition de la dernière guerre abandonné et son ponton fatigué, la côte décharnée.... enfin, bref. J'ai eu ensuite une pensée pour Patrick Van God et son Trismus. Son credo était de ne pas être prisonnier de son bateau quitte à avoir des surprises de ce genre. Tout est bien qui finit bien. On en aura d'autres, aussi bénignes, c'est tout ce que j'espère.
060Tahiti Bay a clôturé nos sessions de lagons idyliques des îles de la Maddalena. Piscine merveilleuse qui rassure Thao, presque prêt à se laisser flotter sans que nous le tenions. Ewen, tête brulée, a déjà passé ce cap depuis longtemps. 
Les enfants se portent toujours aussi bien mais les nouveautés quotidiennes les excitent tellement que les siestes et les nuits sont sensiblement plus agitées que d'habitude. C'est un peu la foire et les canaliser n'est pas toujours aisé. Il faut sévir un peu plus, certainement. 093
Ce soir, nous sommes arrivés à Porto Cervo, haut lieu de la jet-set internationale. D'abord étonnés de ne voir personne au mouillage gratuit répertorié par l'Imray, nous nous sommes installés au corps-mort avant qu'un préposé de la Marina ne nous demande d'acquitter.... 175 € pour la nuit...pour une pauvre bouée donc... ça touche au délire....
Sympa, il m'a dit qu'il était quand même possible de mouiller gratos en prenant garde aux cailloux, nombreux et dispersés. Vive le dériveur... Du coup, nos voisins également désargentés sont tout bonnement partis et nous sommes seuls. Etrange. La même étrangeté règne en ville, si on peut appeller cet endroit artificiel une ville, entre village de la série le prisonnier (je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre...) et bourguade californienne genre Santa Barbara. On s'attendait à une débauche de monde, de luxe et de n'importe quoi. En fait, il y a bien des maxi yachts à côté duquel le modeste Galapiat à la peinture écaillée fait un peu romano, mais le port est au trois-quart vide, la ville itou. Boutiques de luxe désertes. Etrange cathédrale superficielle du désert quand la crise fut venue. Ce n'est pourtant pas la saison car les différents mouillages par lesquels nous sommes passés étaient déjà très fréquentés à cette période. Il faut croire que même les  très riches ont du mal à boucler leur fin de mois pour entretenir leurs gros jouets et avoir le privilège de parader dans ce nec plus ultra de la frime tapageuse.
Bientôt, demain ou après demain, cap à l'est vers les îles napolitaines. Le NW établi devrait nous assurer une traversée rapide et comfortable. 


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