Les poètes chantent depuis des siècles la complainte des cœurs brisés. Et bien il semblerait qu'aujourd'hui, les cardiologues reprennent à leur compte cette expression. Le chagrin et un stress trop important seraient réellement capables de mettre votre cœur en pièces.
Baptisée "cardiopathie de stress" ou "syndrome Tako-Tsubo", cette pathologie cardiovasculaire serait en étroite relation avec certaines perturbations psychiques ou psychoaffectives et toucherait principalement les femmes. Une preuve qu'avoir le cœur brisé n'est pas simplement une métaphore poétique.
Le syndrome du cœur brisé ou la "cardiomyopathie de stress"
En effet des chercheurs de l'université John Hopkins (Baltimore) décrivent plus précisément ce "syndrome des cœurs brisés". En 1999, ils notent le caractère inhabituel de certains patients arrivant au centre se plaignant d'attaques cardiaques. Parmi eux, une forte proportion de femmes ménopausées qui venaient d'être victimes d'une émotion intense juste avant leur accident.
Pour mieux comprendre le phénomène, ces chercheurs ont collecté les électrocardiogrammes et différents dosages biochimiques de 19 patients souffrant de cardiomyopathie de stress, caractérisée par un spasme dans la poitrine et un affaiblissement général. Parmi les événements qui avaient amené ces malheureux à consulter, les chercheurs ont répertorié : un accident, un vol à main armée, une violente dispute et même une surprise d'anniversaire ! Ils les ont ensuite comparés avec 7 patients atteints "de crises cardiaques classiques".
Une "fausse" crise cardiaque
Potentiellement mortel, ce syndrome a un très bon pronostic à condition de bénéficier des traitements adéquats. L'angiographie ne révélait aucune obstruction des artères alimentant le cœur, l'examen par les tests sanguins ne réussirent pas à déceler dans le sang les enzymes caractéristiques d'un dommage du muscle cardiaque. L'absence de dommage cardiaque a été confirmée par Imagerie par Résonance Magnétique (IRM). La capacité cardiaque revenait à la normale dans les deux semaines. En comparaison, la récupération partielle après une crise cardiaque peut prendre des semaines ou des mois et fréquemment, le dommage cardiaque est permanent.
Mais les analyses sanguines révélaient d'autres surprises, les taux sanguins de plusieurs hormones appelées catécholamines (en particulier l'adrénaline) étaient deux à trois fois supérieurs aux autres patients après attaques cardiaques et 7 à 34 fois plus importants que les personnes en bonne santé.
Les recherches sur cette pathologie devront permettre de savoir si certains patients ont une vulnérabilité d'origine génétique et surtout savoir pourquoi ce syndrome des cœurs brisés touche principalement les femmes.
Elles permettront aussi de distinguer plus aisément ces cardiopathies de stress des véritables crises cardiaques. Bénéficiant du bon diagnostic, les personnes qui ont « le cœur gros » pourraient dès lors éviter d'être soignées toute leur vie pour une maladie cardiovasculaire qu'elles n'ont pas.
D’après : doctissimo.fr